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Signification du signe de la croix

Le catéchisme de l’Église catholique enseigne que « le signe de la Croix nous fortifie dans les tentations et dans les difficultés » et précise que, pour ce faire, le chrétien commence sa journée, ses prières et ses actions par le signe de croix. Ce geste qui est un condensé de la foi catholique et orthodoxe, rappelle la mort à la croix et la résurrection de Christ ainsi que la profession en la foi trinitaire : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». En faisant ce signe, la personne reconnaît ainsi l’existence de la personne trinitaire qu’est Dieu et se présente comme un témoin de Jésus-Christ mort et ressuscité.


LA SYMBOLIQUE DU GESTE


Dans les premiers temps de l’église catholique puis orthodoxe, le signe de croix ne se faisait pas de manière ample comme cela est le cas de nos jours. Les dévots signaient leur front d’un petit geste. La gestuelle a changé mais pas la signification. Il y a un ordre bien précis, chaque geste doit être appuyé pour mieux imprimer le corps de sa signification. Cet extrait nous permet de mieux saisir la portée spirituelle de cet acte :« le signe de la croix doit se faire avec trois doigts, parce qu'on le trace en invoquant la Trinité, dont le prophète dit : Il a soutenu sur trois doigts la masse de la terre. Il est tracé de haut en bas, et est ensuite coupé de droite à gauche, parce que Jésus-Christ est descendu du ciel en terre et a passé des Juifs aux gentils. Certains, cependant, font le signe de la croix de gauche à droite, parce que nous devons passer de la misère à la gloire, tout comme le Christ a passé de la mort à la vie, et du séjour des ténèbres au paradis. ». Quant au fait de nommer à un moment précis de la gestuelle, les trois personnes de la trinité cela aussi à une signification.


« Au nom du Père » sur le front parce que le cerveau, l’intelligence est là. Dieu se révèle d’abord comme le Créateur, celui qui fait exister les réalités visibles et invisibles. Dieu est Père parce qu’il enfante la vie.


« Au nom du Fils » sur le ventre car c’est le lieu de la naissance. Le Fils a pris chair dans le ventre de Marie. Dieu s’est fait homme. Dieu est né en humanité, Dieu s’est incarné. C’est aussi un endroit proche du cœur car le Fils a révélé amoureusement le Père.


« Au nom du Saint-Esprit » sur les épaules car c’est le lieu de la force et de l’équilibre. L’Esprit est la puissance de Dieu au bénéfice de notre humanité. L’Esprit est celui qui permet la communion des cœurs. L’horizontalité de ce geste traverse la verticalité de la relation du Père et du Fils. L’Esprit nous fait traverser la vie du Père et du Fils.


LES ORIGINES DU SIGNE DE CROIX


Comme pour beaucoup d’aspects de la religion catholique, l’instauration de cette pratique remonte au temps de l’Eglise primitive. C’est Tertullien (150-220), théologien et père de l’église catholique, qui le premier en fait mention, mais il ne l’a pas instauré. Il explique dans l’un de ses écrits que le fait de se signer est une chose incontournable pour un chrétien véritable et fidèle. A la lecture de ses propos, nous comprenons l’importance qu’il revêt pour lui et ses contemporains : « au moment de sortir et dans nos déplacements, au début et à la fin de toutes nos activités, au moment de nous habiller et de nous chausser, au bain, à table, en allumant les lumières, quand nous nous couchons, quand nous nous reposons, à chacune de nos activités, nous nous marquons le front avec le signe de la croix. » Le fait de s’apposer la représentation d’une croix sur un endroit du corps équivaut à revêtir un habit de protection et/ou de bénédiction.


Plusieurs explications sont données sur l’origine de cette pratique, il faut cependant préciser qu’il n’y a aucune mention de ce geste dans les écrits scripturaires et que jamais Jésus n’a ordonné à ses disciples de le faire. Pour expliquer l’introduction de cette pratique dans les rituels des croyants chrétiens, certains exégètes catholiques et orthodoxes l’expliquent en faisant mention à l’origine même des premiers chrétiens. En effet, ils étaient de confession juive. Ils auraient donc tout naturellement gardé et adapté les pratiques sacerdotales de leur ancienne religion et notamment la position des sacrificateurs au moment des offrandes (ou encore celle de Moïse lors de la bataille contre les Amalécites en Exode 17 : 8-16). Ces derniers se tenaient debout devant l’autel et levaient les bras au ciel en direction de Dieu. Cette position figurerait une croix.


D’autres trouvent l’origine de cette pratique dans l’alphabet hébreu. A plusieurs reprises Dieu demande qu’une marque soit faite sur le front de ceux qui doivent être sauvés. En hébreu le mot « signe » se dit « Taw » et a la forme d’un X ou d’un +. Les esséniens, secte du IIème siècle avant Jésus-Christ, furent les premiers à utiliser cette marque en signe d’appartenance au peuple messianique, se référant principalement à la prophétie d’Ezéchiel : « L'Éternel lui dit : Passe au milieu de la ville, au milieu de Jérusalem, et fais une marque sur le front des hommes qui soupirent et qui gémissent à cause de toutes les abominations qui s'y commettent. Et, à mes oreilles, il dit aux autres : Passez après lui dans la ville, et frappez ; que votre oeil soit sans pitié, et n'ayez point de miséricorde ! » (Ézéchiel 9: 4-5). Le mot « Taw » apparaît également dans Apocalypse 7 : 3 et 14 : 1 pour indiquer le caractère consacré des personnes sur qui la marque est faite.


Au IIIème siècle, cette pratique se répandit au sein des foyers chrétiens. Tertullien, toujours lui, reconnaissait qu’une telle pratique n’avait aucune base scripturaire, de même que celle de l’eucharistie et de la triple immersion lors du baptême. Mais il les légitimait en expliquant dans Le traité de la couronne du soldat: « qu'une tradition non écrite et confirmée par la coutume se peut défendre et qu'on en peut soutenir l'usage même, comme celle qui, par la persévérance et continuation de soi-même, est fidèle et idoine témoin que c'est une tradition approuvée. La coutume, faute de lois, même dans les choses civiles, est reçue pour loi. Et n'importe si la loi consiste ou en l'Écriture ou seulement en la raison, puisque la loi même n'a point d'autre garant ou aveu que la raison. »


Cherchant à légitimer plus que de raison cet acte, Jean Joseph Gaume (1802-1879), prêtre et théologien français, explique dans son livre Le signe de la croix au XIXème siècle, que dans les temps anciens, les païens aussi, adressaient des prières à leurs divinités en faisant le signe de croix. Pour étayer ses propos il cite les philosophes Platon (423/424 av JC – 348/347 av JC), Socrate (470 av JC-399 av JC), l’historien Tite-Live (59 av JC-17 ap JC) et va même jusqu'à prendre en exemple un empereur chinois Hien-Yuen, « qui comme Platon avait selon lui pressenti le mystère de la croix, pour honorer le très haut cet ancien empereur joignait ensemble deux morceaux de bois l’un droit, l’autre de travers ». Précisons que cet empereur n’est connu qu’au travers du livre de l’historien chinois Sima Qiam (145 av JC- 86 av JC), Mémoires Historiques. Ce foisonnement d’explications ne peut camoufler le fait que cette pratique ne tire pas sa légitimité d’un commandement de Dieu, mais d’une pratique héritée des païens et des Juifs.


LE SIGNE


Le mot signe vient du latin « sigmun » qui est aussi l’origine étymologique de mots tels que : sceau, étendard, marque. Dieu est un Dieu de signes, quand il fait une alliance il la scelle d’un signe, d’un sceau : l’arc-en-ciel avec Noé (Genèse 9 :12-13), la circoncision avec Abraham (Genèse 17 :11), l’instauration du Sabbat avec le peuple d’Israël (Exode 31 :17) et bien d’autres encore… Pour Dieu, les signes sont aussi des indications permettant de comprendre en quel temps nous sommes (Matthieu 24 :3). L’alliance et le signe sont indissociables car le signe est la marque apposée sur le contrat conclu entre Dieu et les hommes. La marque apposée sur le front de ceux qui seront sauvés est donc plus qu’un « Taw ». Il s’agit de bien plus qu’un signe de croix, plus qu’un autocollant en forme de poisson à l’arrière d’une voiture ou sur le fronton d’une porte d’entrée. Toutes ces choses ne sont aucunement le symbole de notre appartenance au royaume de Dieu, ni le moyen d’être protégé des attaques de démons, de purifier nos pensées et nos biens… Christ, celui qui sonde le cœur et les reins (Psaumes 7 :10) n’a pas à regarder à ce genre de choses pour savoir qui lui appartient, pour savoir qui a accepté les termes de son alliance.Les signes de l’acceptation du contrat de Dieu sont nombreux, mais le plus important est celui du Saint Esprit : « en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis et qui constitue le gage de notre héritage en vue de la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis pour célébrer sa gloire » (Ephésiens 1 :13). Si nous n’avons pas ce sceau en nous, alors nous ne pourrons pas être des pierres vivantes avec lesquelles l’Eglise corps du Christ est bâtie, nous ne pourrons avoir part à l’enlèvement, au Royaume de Dieu, car il nous ne sera impossible de dominer sur la chair et ses désirs.


Sources : www.tertullian.org; Le signe de la croix: Histoire, ethnologie et symbolique d'un geste "total" de Pierre Erny ;Le signe de la croix au 19e siècle de Joseph Gaume ; pasaj.ch



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2 commentaires
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2 commentaires

  • A.lain D.   
    11 Octobre 2012 05:22

    Merci pour cet article,votre blog est très précieux,il nous fortifie nous encourage et surtout il nous éclaire sur beaucoup de sujets,merci a toute l'équipe.Depuis quelques jours,quand j'ouvre le blog Dokimos,des publicités impudiques s'affichent sur l'écran genre club de rencontre avec les seins nus ,pourriez-vous me dire s.v.p. comment éliminer ces horibles pub?

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    • lesdokimos   
      11 Octobre 2012 07:04

      Il faudrait télécharger une application anti-spam.
      Essayez celui-ci: http://www.01net.com/telecharger/windows/Securite/anti-spyware/

      Sinon essayer d'élever la sécurité au niveau de votre ordinateur. Essayez de trouver une personne qui puisse vous donner un coup de main.

      Répondre