Les Dokimos



Témoignage du frère Isabelle : L'eunuque sauvé par Jésus

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Le témoignage qui suit est l'histoire d'un homme qui a longtemps cru qu'il était né dans le mauvais corps. Trompé par l'ennemi, aveuglé par son mal-être, vivant loin du Seigneur, il est allé jusqu'à subir une opération irréversible pour changer de sexe. Alors que beaucoup aurait pu voir en lui une âme définitivement perdue, le Seigneur lui a encore tendu la main. Main qu'il a su saisir après des années d'errance.


Les Dokimos : Peux-tu te présenter en quelques mots ?


Frère Isabelle : Je suis né en 1962 et suis le dernier d'une famille de trois enfants. Elevé dans une famille modeste, de confession protestante, nous allions à l’église le dimanche. Mes parents tenaient à ce que nous suivions, ma sœur, mon frère et moi, le catéchisme jusqu'à nos 16 ans.



qui suis jeLes Dokimos : À quel moment as-tu pris conscience que tu étais différent et comment expliques-tu cette différence ?


Frère Isabelle : Je n'ai pas le souvenir qu'il y ait eu un événement déclencheur. Toutefois, vers 4-5 ans, j'ai commencé à ressentir un malaise, bien que je n'arrivais pas à mettre des mots sur ce que je ressentais. J'étais physiquement comme les autres garçons, mais mon cerveau ne semblait pas du tout de cet avis. À l'école primaire, j'essayais constamment d'intégrer le cercle des filles, non pas parce que c'était des filles, mais plutôt parce que je ressentais le besoin de partager leurs confidences, leurs émotions... Les jeux de garçons ne m’intéressaient pas plus que ça.


Les Dokimos : Ta famille et ton entourage ont sans doute remarqué ta différence. Comment ont-ils réagi ?


Frère Isabelle : À la maison, on ne parlait pas de sexualité. J'ai, par mon comportement, montré ma différence, mais mes parents ont préféré faire semblant de ne rien voir.


Les Dokimos : Quel était ton rapport aux hommes et aux femmes ?


Frère Isabelle : C'est à la puberté que j'ai réellement compris que j'avais un problème identitaire. Je ne comprenais pas pourquoi mon corps ne se développait pas comme celui des autres filles mais comme celui des garçons. Seulement, dans les années 70-80, l'information sur ce sujet était quasi inexistante. À cette époque, le simple fait d'évoquer la question aurait fait de moi un malade mental, un détraqué sexuel voire un pédophile (années des affaires judiciaires de Ranucci et Patrick Henri).


Les rares personnes à qui je me suis confié m'ont affirmé que lorsque je connaîtrai physiquement une femme, mes problèmes disparaîtraient totalement. Sexuellement, les filles ne m'intéressaient pas, car dans ma tête j'étais comme elles ; et mon éducation religieuse ne me permettait pas non plus de songer à l'homosexualité.


Les Dokimos : À quel moment as-tu décidé d’assumer ta transsexualité ?


Frère Isabelle : Je tiens juste à préciser que le terme transsexualisme est un terme injustement appliqué au problème transgenre. En effet, le transsexualisme fait apparaître un aspect purement sexuel alors qu'il s'agit d'un problème d'identité, de genre. Bien que genre et sexe soient étroitement liés, il existe une énorme différence entre les deux.


Lorsque j'ai quitté la maison familiale, j’habitais seul. Je me travestissais, mais seulement chez moi. Je n'éprouvais aucun plaisir dans ces moments éphémères, car je ne voulais pas paraître, mais être. Je ne voulais pas être femme quelques heures par jour, mais 24H/ 24.


C'est aussi à cette époque que j'ai rencontré pour la première fois le Seigneur, grâce à une évangélisation par « Jeunesse en mission ». J'ai commencé à fréquenter une fille avec laquelle je me suis marié. Ma femme est tombée enceinte et je suis devenu le père d'un petit garçon. Seulement, j'ai dû me rendre à l'évidence, mon problème identitaire était loin d'être résolu. Bien au contraire ! Mais que faire ? Abandonner femme et enfant ? Ils n'y étaient pour rien ! Pendant de long mois, j'ai tourné et retourné le problème dans ma tête puis j'ai pris une décision en pensant au bien-être de mon fils. Durant vingt ans, je me suis efforcé de vivre en tant qu'homme en faisant semblant que tout allait bien, me couchant le soir en me disant que le cauchemar se terminerait bientôt, me levant en constatant que le cauchemar recommençait encore et encore. J'en arrivais à prier pour ne jamais me réveiller. J'éprouvais régulièrement des pensées de suicide, mais heureusement que Dieu n'a jamais permis que je passe à l'acte. Ma femme n'en savait rien. En surface, nous formions une famille normale, alors qu'au fond j'étais devenu un religieux parfaitement hypocrite.



Les Dokimos : Parle-nous de ton parcours de vie qui t’a amené à changer de sexe.


Frère Isabelle : Ma seule raison de vivre était de penser qu’un jour j'arriverai à devenir une femme. Je me laissais jusqu'à 35 ans avant d'agir. Lorsque les 35 ans ont sonné, j'ai dit 40... Puis 45, dernière limite. Mon fils était à présent grand et apte à se débrouiller pour affronter la vie. C'est donc en 2007, après le départ de mon fils et mon divorce, que j'ai entamé les démarches pour changer de sexe.


Les Dokimos : Les démarches pour changer de sexe sont longues et comprennent des entretiens avec des psychologues. N’a-t-on jamais essayé de te dissuader ?


Frère Isabelle : Beaucoup de personnes ont essayé de me dissuader, mais il faut bien comprendre que la plupart des personnes qui entament une transition ne le font pas par plaisir ou par envie, mais plutôt par nécessité. C'est soit la transition, soit le suicide. Il faut avoir un fort caractère pour affronter non seulement le cercle familial, professionnel, voisinage, amis… Mais aussi les difficultés médicales qui sont légions : psy, endocrino, dermato, orthophonie, chirurgie ; puis le tribunal et l’état civil pour obtenir une existence légale. Sans oublier les énormes dépenses financières.


Les Dokimos : Parle-nous de l’opération et de ton ressenti à ta sortie du bloc opératoire.


Frère Isabelle : Je me suis fait opérer en Thaïlande en 2011. Je ne voulais pas me faire opérer en France, car à cette époque les résultats n'étaient pas aussi probants qu'aujourd'hui. Au sortir du bloc, une sensation de bonheur intense m'a submergé. Je me sentais enfin libéré de ce que j'avais longtemps considéré comme une erreur de la nature.


Les Dokimos : Pourquoi avoir choisi le prénom Isabelle ? À l’état civil es-tu désormais considéré comme une femme ?


Frère Isabelle : J'ai choisi ce prénom tout simplement car je ne voulais pas de prénom qui puisse se mettre au masculin. Je n'avais pas prévu que le Seigneur me rattraperait sinon j'aurai choisi un prénom mixte comme Camille, Claude ou Dominique. Quant à l'état civil, tout est rectifié au féminin (acte de naissance, carte d'identité, passeport).


Les Dokimos : Le temps passant, as-tu trouvé l’épanouissement que tu cherchais ?


Frère Isabelle : Après mon opération et la rectification de mon état civil, j'étais enfin arrivé à ce que je voulais. J'avais enfin réalisé mon seul et unique but dans la vie : Me créer une nouvelle identité. Je pensais que cela me permettrait de commencer une nouvelle vie. Mon corps était rendu conforme à mon esprit, j'étais libéré de ce carcan qui rendait toute vie sociale très difficile. J’étais heureux, mais mon plein épanouissement je l’ai trouvé en Christ.


Career-CrossroadsLes Dokimos : Parle-nous de la façon dont le Seigneur Jésus est rentré dans ta vie.


Frère Isabelle : Je dois vous dire avant tout que le Seigneur, lui, ne m'a jamais quitté contrairement à moi. J'avais d'ailleurs prié avant l'opération en disant que si cette opération devait me priver de mon salut, alors qu'il permette que je meure sur la table d'opération.


L'opération que j'ai subie est une chirurgie très lourde, qui demande une longue période de convalescence (entre 6 à 12 mois), le plus souvent alitée avec de nombreux soins médicaux. Durant cette période, j'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir et le Saint-Esprit lui-même qui s'est adressé à moi : « Je t'ai laissé aller jusqu'à ce point pour t'obliger à faire un choix. Choix que tu n'as jamais voulu faire, maintenant, je t'oblige à faire un choix : Ou tu marches réellement avec moi ou il n'y aura plus de salut pour toi ».


Certains diront que le Seigneur est amour, qu'il ne peut pas parler comme ça… Mais lorsque c'est réellement Dieu qui nous parle, il n'y a pas de confusion possible. Cette phrase a résonné en moi nuit et jour pendant une semaine avant que je me décide à lui répondre « Oui ». Depuis mon adolescence, j'étais constamment dans la masturbation, dans la pornographie. J'ai alors eu une profonde conviction de péché et je me suis repenti. Puis le Seigneur m'a enseigné sur la manière dont je devais agir pour garder cette nouvelle vie qu'il a mise en moi (Jn 8: 11).


« Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne » Matthieu 19 : 12.


Le Seigneur m'a dit : « Tu vois, toi, tu es la troisième partie de ce verset ». Il m'a fait comprendre que pour garder la vie nouvelle qu'il m'avait donnée, tout rapport charnel, quel qu'il soit était désormais impossible.


Les Dokimos : As-tu essayé de fréquenter des églises ? As-tu demandé l’aide des pasteurs ?


Frère Isabelle : Il était impensable pour moi de retourner dans l’église évangélique que j'avais fréquentée en tant qu'homme. Il est certain que j'aurais été l'objet de jugements ou pire encore, une cause de scandale. J'ai donc choisi de fréquenter une petite église évangélique affiliée aux ADD (assemblée de Dieu). J'ai pris le pasteur à part pour lui expliquer ma situation et il ne m'a pas rejeté. Mais quelque temps après, le Seigneur m’a demandé de quitter cette assemblée et j’ai obéi.


Les Dokimos : Pourquoi te nommes-tu Frère Isabelle ? Quelle est ton identité sexuelle maintenant ?


Frère Isabelle : C'est une question que tout le monde me pose. Je me la suis également posée. J'ai demandé au Saint-Esprit de me répondre à ce sujet. C’est un professeur merveilleux, attentionné, disponible 24H/24 qui répond toujours à nos questions, même si quelquefois les réponses ne nous plaisent pas. Elles sont franches, sans concessions.


Des trois parties du corps humain (esprit, âme, corps) seul le corps est sexué, et ceci dans un but de reproduction. L'âme et l'esprit ne le sont pas (Mt. 22 : 30 ; Mc. 12 : 25 ; Lu. 20 : 35-36).


Dieu a créé l'homme et la femme avec la vision de la famille. Il m'a créé homme, mais dès lors où je me suis rendu impuissant (eunuque) pour lui, et que toute activité sexuelle m'est rendue impossible, cette question n'a plus grande importance pour moi. Cependant, même si mon apparence est féminine, le Saint-Esprit m'a demandé de garder le terme de frère ce qui m'a été confirmé par une sœur en Christ.


J'ai pris des estrogènes durant six ans, qui m'ont d’ailleurs permis de mieux comprendre ce que vivent les femmes sur le plan émotionnel et comportemental. Puis j’ai eu la conviction d’arrêter la prise d'hormones et il m'a fallu six mois pour que toutes traces induites par les estrogènes disparaissent totalement.


Les Dokimos : As-tu essayé de témoigner de Christ à des personnes qui ont été dans le même cas que toi ?


Frère Isabelle : J'ai fréquenté une association trans, dans laquelle j’ai vu des cas pathologiques, voire schizophréniques. Pour le moment, Dieu ne m'a pas conduit à aller leur témoigner de lui.


En tous les cas, en ce qui concerne la théorie du genre, je m’y oppose. Peu de gens parmi les gens dits « normaux » se rendent compte à quel point cette idéologie est une bombe atomique d'ordre spirituel, qui détruira les générations futures. Seuls ceux qui ont vécu une transition de genre peuvent réellement comprendre les processus de destruction qu'elle engendre.



Les Dokimos : L’opération consistant à changer de sexe est irréversible. Tu ne peux donc pas revenir en arrière, à moins d’un miracle… À quoi ressemble ta vie maintenant et comment envisages-tu l’avenir ?


Frère Isabelle : Non, je n'ai pas demandé au Seigneur de me faire revenir en arrière. Il faut bien comprendre que l'homme que j'étais avant était destiné à l'enfer. Mon organe sexuel était pour moi une occasion de chute. Même si Jésus en parle d'une manière spirituelle, le fait d'en changer a été une véritable libération (Mt. 5 : 29-30 ; Mt. 18 : 8-9 ; Mc. 9 : 43-47).


Je ne sais pas encore où Dieu me conduira, mais je sais que ce sera bon pour moi. Quant aux brisements et aux sacrifices, ce n'est pas Dieu qui me les a imposés, mais moi-même par mes désobéissances.


Les Dokimos : Nous te laissons le mot de la fin.


Frère Isabelle : À mon adolescence, Dieu m'a tendu sa main que je n'ai pas su saisir. J'ai préféré me créer moi-même une autre identité. Alors Dieu m'a laissé faire. Pendant trente années, j'ai lutté et souffert pour arriver à mes fins. Lorsque j'y suis enfin arrivé, il est venu me dire : « Viens, je vais te montrer ta véritable identité. Elle est en moi ».


Il en est de même pour l'homme qui passe trente années pour s'élever dans l'échelle sociale jusqu'à arriver au sommet, pour finalement s'apercevoir qu'il est misérable devant Christ.


Il en est de même pour l'homme qui passe trente années pour amasser d'énormes richesses et s'apercevoir qu'il est pauvre devant Christ.


Le bonheur ne se trouve qu'en Jésus. Penser que le bonheur pourrait provenir de l'homme n'est qu'illusoire et vanité.


Que Dieu vous bénisse tous en Jésus-Christ.

9 commentaires
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9 commentaires

  • Luissint   
    1 Novembre 2014 21:44

    Très beau têmoignage. Merci JÉSUS pour ton amour.

    Bon courage frère dans Le SEIGNEUR.

    Répondre
  • Danielle.B   
    2 Novembre 2014 08:54

    Whaou ! Dieu est si bon ! Merci Seigneur Seigneur pour ce témoignage à ta gloire. Certes, aborder ce type de sujet n'est pas aisé mais je pense que cela pour aider quelqu'un.
    Que cet homme soit fortifié et que Dieu lui donne de persévérer jusqu'au bout.

    Répondre
  • Diya   
    2 Novembre 2014 22:32

    Bonjour,
    c'est un très beau témoignage. Il nous permet d'avoir un autre regard sur les personnes qui vivent une situation similaire. Comme il est dit dans l'introduction, je reconnais que l'une des premières réactions que nous avons, nous chrétiens, est de condamner ces personnes ( même si on ne le dis pas, en vérité on en pense pas moins...), alors que Jésus n'a pas la main trop courte pour agir. Comme d'autres ont prié pour que nous rencontrions le Seigneur, nous devons prier pour les personnes qui souffre de ce mal-être identitaire.
    Je bénie le Seigneur pour l'oeuvre qu'il a accomplit dans la vie du frère Isabelle; je crois qu'on entendra d'autres témoignages de ce genre, au nom de Jésus!!
    Mes encouragement.

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  • Syloah   
    3 Novembre 2014 21:26

    Alléluia, Dieu est Puissant, il EST le Maître du changement ! Il EST le maître Tout-Puissant du Changement, amen amen amen !!! Je loue Son Nom Saint, mon Papa D'Israël ! Je l'aime, je le kiff pour sa Gloire Éternelle et sa compassion envers nous !

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  • Dada   
    7 Novembre 2014 07:23

    Bon courage a ce frere (Y)

    Répondre
  • Marjorie   
    16 Novembre 2014 12:18

    Très beau témoignage qui montre une des facettes de notre Seigneur et Dieu Tout Puissant: la compassion. Ce témoignage est un enseignement pour nous, et moi la première, à regarder selon les yeux du Père et non selon notre propre intelligence, si limitée.
    Que le nom du Seigneur soit élevé! Bénédictions au nom de Yehoshua au frère Isabelle.

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  • Princess777   
    8 Février 2015 00:43

    Alléluia au Très-Haut, l'Eternel des armées. Je bénie l'Eternel pour ce merveilleux témoignage qui pour moi démontre une fois de plus que Jésus est compassion. C'est l'attitude qu'Il attend de nous envers notre prochain,! Quelle leçon de vie ce témoigne... J'en ai pris pour mon grade! La religiosité est vraiment un venin d'une extrême violence et si surnoise. Puisse notre Seigneur nous pardonner tant d'incrédulité et continuer de nous secourir et guider au de de Yéhoshua . Soyez tous bénis en Jésus Christ

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  • Sacerdoce Royal   
    8 Février 2015 21:56

    Je bénis Yeshoua car sa miséricorde dure à toujours. Amen!

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  • Bernadine   
    2 Janvier 2016 02:42

    Gloire a Jesus pour ce temoignage.

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