Les Dokimos



Le voile : coutume ou devoir religieux ?

Dans une société toujours plus critique et encline à la contestation, nous ne comptons plus le nombre de débats et de faits divers qui nous parviennent chaque jour à propos du voile. Sujet de discorde, sujet de réforme, le voile est partout. Tout le monde a son avis, mais peu de gens connaissent sa véritable signification et son origine.

Les anciens avaient les cheveux longs !


Avant de comprendre l’usage et l’utilité du voile, intéressons-nous à la chevelure humaine. Car le voile ne fait pas autre chose que de les couvrir !


Ÿ En Israël, la coutume était de porter les cheveux longs, pour les hommes comme pour les femmes ; c’était considéré comme un ornement qui faisait l’objet d’un très grand soin : on huilait, tressait et ornait les cheveux pour qu’ils paraissent encore plus beaux et brillants. Notons toutefois qu’à l’époque de Jésus, les hommes avaient adopté une coupe plus courte, plus pratique lors des guerres.


Ÿ En Grèce, les enfants avaient les cheveux longs. Devenus adultes (à partir de 18 ans), ils devaient les couper court. Pour les guerriers spartiates, c’était tout l’inverse : courts pour les enfants et longs pour les adultes car cela était censé leur conférer une force surnaturelle… Quant aux femmes, elles avaient les cheveux longs et bouclés ramenés en arrière et attachés grâce à un nœud.


Ÿ A Rome, les hommes avaient les cheveux coupés courts et sortaient tête nue, tandis que les femmes portaient une grande importance à leur chevelure. D’ailleurs, les riches romaines avaient même un esclave spécialement dédié à leur coiffure ! Seules les Bacchantes (prêtresses du culte du dieu Dionysos-Bacchus) avaient les cheveux en pagaille. Elles couraient çà et là, à demi-nues ou couvertes de peaux de tigres, la tête couronnée de lierre, dansant et remplissant l'air de cris discordants.


Dans 1 Corinthiens 11 :14, Paul dit qu’il est « honteux » pour les hommes de porter les cheveux longs. Mais n’oublions pas que Paul s’adressait à des Grecs ! Et la Grèce n’est autre que le berceau de l’homosexualité, les hommes aux cheveux longs étaient qualifiés d’efféminés. Seuls les esclaves avaient le crâne entièrement rasé.


Pourtant, porter les cheveux longs n’a pas toujours été synonyme d’opprobre dans la Bible. Eneffet, Samson, naziréen de son état, n’avait pas le droit de passer le rasoir sur sa tête et c’est pourquoi il se tressait les cheveux.


A son époque, on laissait aussi la mèche de devant longue (Lévitique 19 :27, Deutéronome 14 :1), coutume toujours respectée de nos jours par les juifs orthodoxes.


Raser quelqu’un en ces temps reculés était lui faire un affront sanglant. Le rasage intégral de la tête était synonyme de châtiment. Ainsi, était-il courant de raser les femmes adultères (à noter que cette punition est toujours d’actualité dans certains pays orientaux).

Coutume païenne ? Si peu ...


Si l’on prend donc en compte ces indications quant à l’usage qu’avaient les peuples de leurs cheveux, on peut se demander d’où vient le port du voile.


Il faut savoir que la première mention du port obligatoire du voile remonte aux lois assyriennes attribuées au roi Téglat-Phalasar Ier, vers 700 avant Jésus. Il s'appliquait aux femmes libres, aux épouses et concubines ainsi qu'aux prostituées sacrées mariées. A l’inverse, il était interdit aux prostituées non mariées ou non sacrées et aux femmes esclaves. En effet, les femmes voilées ne devaient pas être touchées tandis que celles non voilées ne disposaient d'aucune protection sur leur corps. La raison du voilage était alors simple : la chevelure de la femme était considérée comme le reflet de la toison du pubis : il fallait donc la cacher. De sévères dispositions pénales furent adoptées pour dissuader les récalcitrantes (coups de bâton, oreilles percées…).


L’usage du voile existait également dans le monde gréco-romain, entre 556 et 330 avant notre ère, chez les Celtibériens, les Mèdes, les Arabes, les peuples d’Asie Mineure ou encore les Perses. On pouvait remarquer que certaines reines achéménides portaient déjà le Tchador !


On relève la présence du voile en Egypte : la légende veut que sous le voile d’Isis on puisse voir les mystères et secrets initiatiques du passé ; le retrait de son voile ramènerait la lumière et permettrait d’obtenir la vie éternelle.


A Rome, Junon était aussi voilée. Déesse de la lune, protectrice du mariage et des femmes qui enfantent, elle était l’équivalent de Diane ou encore d’Astarté. Dans l'Eglise primitive, les vierges étaient voilées comme les vestales romaines, ces chastes prêtresses de la divinité du foyer. Depuis, les religieuses catholiques et orthodoxes, tout comme les diaconesses protestantes, ont perpétué cette tradition, longtemps imitées par les infirmières des hôpitaux, que l’on voyait porter de grands voiles très fortement amidonnés. Le port de ce voile symbolisait la séparation d’avec le monde. Le pape Léon 1er (440-461) a même décrété que les nonnes ne pourraient porter le « voile sacré » qu’à partir de quarante ans, à condition qu’elles aient conservé leur virginité jusque là...


En 213, le théologien Tertullien de Carthage préconisait aux femmes de porter le voile hors de chez elles « […] afin de racheter la faute d’avoir perdu le genre humain » (extrait de De Virginibus velandis, du voile des vierges).

Le voile dans la Bible


Dans l’ancien testament, le voile était utilisé par pudeur car il cachait les atouts féminins mais aussi par coquetterie (1 Pierre 3 :3).


La coutume voulait aussi que la fiancée se présente voilée devant son époux, à l’instar de Rebecca dont l’histoire est relatée en Genèse 24 : 65-67, qui se voila à l’approche de son futur mari avant d’entrer dans la tente avec lui. Ce qu’il faut savoir c’est que cette pratique de voilage pendant les fiançailles était aussi usitée à la même époque chez les païens : les jeunes filles portaient ainsi un voile de couleur pourpre, rappelant la flamme sacrée de la déesse Vesta.


Plus loin, en Genèse 38 :6-15, on découvre l’histoire de Tamar qui voulut séduire son beau-père Juda pour avoir un héritier. Ainsi, elle ôta ses habits de veuvage, se couvrit d’un voile, symbole alors de prostitution.


Dans 1 Corinthiens 11 :3-16, Paul nous explique notre relation avec Dieu et l’autorité entre l’homme, la femme et l’Eternel. A l’époque, il était mal vu que les hommes prient ou prophétisent la tête couverte (v.4) : c’était un déshonneur. En ce qui concerne les femmes c’était tout le contraire : le verset 5 dit qu’elles devaient être voilées pour éviter de faire honte à leur mari. Ainsi, le voile représentait l’autorité du mari (v.10) bien que la chevelure féminine faisait office de voile naturel (v 11-15).

Le voile dans le Talmud


Le Talmud préconise aux juives de Médie d’envelopper leur tête dans une sorte de turban et à celles d’Arabie de sortir voilées. Toutefois, les femmes sont autorisées à suivre les réglementations des pays où elles vivent afin d'éviter les conflits. Ailleurs dans le Talmud, il est fait mention du voile porté par la fiancée lorsque celle-ci vient de la maison de son père pour la cérémonie nuptiale. Il maintient les aspects bibliques évoqués plus haut. Le voile était alors porté en signe de modestie devant les hommes et montrait, là encore, leur autorité.


Par ailleurs, durant la période rabbinique la pratique consistant à couvrir ses cheveux devient obligatoire. La Mishna (source rabbinique compilant les lois orales juives) indique que le devoir de se couvrir est une loi juive qui peut changer selon les temps et les lieux. La première Ketoubot défend à la femme de sortir découverte, et le mari peut divorcer si elle outrepasse cet interdit. Selon la Guemara (commentaire de la Mishna), une femme mariée qui sort de chez elle ne peut sortir la tête découverte, excepté si elle porte un panier à provisions sur la tête !


Ainsi, alors que les Ecrits ne commandent pas explicitement à la femme de porter une coiffe, c’est devenu une coutume sociale érigée en règle religieuse du judaïsme ancien.


Par exemple, au niveau rituel, la récitation du Shema 23 ne peut se faire que selon certaines règles. Dans le cadre de cette prière, la chevelure ou la nudité de la femme deviennent tabous et doivent être éloignés car considérés comme dangereux. Ainsi, la seule présence féminine est associée à un danger qui met le chef de famille en péril ! Le voile joue ici le rôle de frontière qui permet de marquer une séparation symbolique.

Le voile dans le Coran


Voile en arabe se dit « Hijab ». Ce mot prend aussi le sens de « rideau » ou « écran ». On retrouve dans le Coran la distinction entre femmes « libres », qui portaient le voile, et les autres considérées comme « inférieures » du fait par exemple de leur esclavage.


En 1516, l’empereur ottoman Selim 1er imposa le port du voile aux Syriennes : noir et blanc pour les musulmanes, jaune pour les juives et rouge pour les chrétiennes.


Dans le Coran, le voile est préconisé comme protecteur des femmes : « […] Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées. […] » Sourate 33,59.


Le voile était donc porté pour cacher les parties féminines (poitrine, bouche, reins, mains, pieds, chevilles, jambes, etc.). D’autres passages dans Sourate 24,31 disent que la femme ne peut se dévoiler qu’à certaines conditions : « Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, […] ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. […] ».


De nos jours, dans certains pays orientaux on trouve différentes variantes du voile.


-Le hidjab, qui couvre les cheveux, surtout utilisé au Maghreb et en Indonésie.


-Le tchador, qui couvre tout le corps et qui ne laisse la vue qu’à travers une grille. On le trouve majoritairement en Iran, au Pakistan ou en Inde.


-Le niqab, voile léger et transparent, posé sur le nez et qui ne couvre que la partie inférieure du visage, très répandu en Afghanistan.


-La burqa, très en vogue en Arabie Saoudite, couvre tout le corps y compris les mains et les pieds.


C’est à la fin du XXe siècle que le phénomène du voile « islamique » apparut. Les partisans d’un islam intégriste ont commencé à utiliser cette coutume vestimentaire comme une arme visant à construire une société rigide et inégalitaire entre les sexes.

Et aujourd’hui ?


De nos jours, nous avons peur du voile car il est considéré comme un signe communautariste. Oui, c’est un signe d’appartenance et de reconnaissance, mais ce signe tend plus ou moins à disparaître aussi dans les pays arabes (c’est l’effet « marée »). Ainsi, en Egypte,la Présidentede l’Union Féministe jeta son voile pour marquer son mécontentement en 1923. En 1925 en Turquie, le Président dela République autorisa aux femmes de montrer leur visage et interdit même un an plus tard le voile dans les écoles et les administrations (la Tunisiene le fera qu’en 1957). En 1928 en Afghanistan, le port du voile fut rendu facultatif mais il redeviendra obligatoire en 2000, même pour les non-musulmanes ! En 1935 le Shah d’Iran interdit lui aussi le port du voile en public. En 1956, le roi Marocain demanda à sa propre fille de retirer son voile en public pour marquer la libération de la femme.


Du côté des chrétiens, n’oublions pas que le voile existe encore aujourd’hui ! Ainsi, ne voit-on pas des femmes catholiques ou orthodoxes mettre un voile (ou mantille) pour aller à leur culte ? La plupart des religieux traditionnalistes diront que « c’est écrit dansla Bible ». Ils basent leur théorie sur 1 Corinthiens 11 qu’ils ont compris complètement de travers. Certains vont même jusqu’à dénoncer les protestants qui se vantent de connaîtrela Bible sur le bout des doigts mais qui ne l’appliquent pas dans ce cas précis. Pourtant, depuis octobre 1964 le port du voile n’est plus obligatoire pour entrer dans les églises catholiques.


Le voile a donc traversé les siècles et les frontières. Quelle que soit son origine ethnique ou cultuelle, il ne demeure pas moins une simple coutume vestimentaire qui n’a aucune incidence sur le salut de l’âme. En effet, ce n’est pas en fonction de notre couvre-chef que nous serons jugés, arrêtons donc tout débat inutile et attachons-nous plutôt aux éléments de la Parole qui nous sont réellement salutaires.


« […] Ne prends pas garde, à son apparence et à sa haute taille, car je l’ai rejeté. Il ne s’agit pas de ce que l’homme considère ; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au cœur » 1 Samuel 16 :7.


SOURCE: Les Dokimos n°15.


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10 commentaires
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10 commentaires

  • Nicolas K.   
    10 Janvier 2012 10:40

    Merci pour cette belle étude, toutefois ç'aurait été pas mal de s'attarder un peu plus sur le passage de 1 Corinthiens 11 pour l'expliquer en détail et ne laisser aucune ambiguïté. Et dans le même temps parler de la tenue vestimentaire de la femme en général, parce qu'il y en a qui commencent à vouloir enseigner à nos soeurs qu'elles ne doivent plus se maquiller, ni porter de bijoux, ni porter le pantalon (ignorant qu'à l'époque en orient la femme portait le pantalon et l'homme la "robe"...), etc.

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  • voahirana   
    10 Janvier 2012 12:29

    oui je suis d'accord avec Nicoals K, ce serai mieux si vous pouvez developper un peu ce contexte de 1corithiens 11.En effet il eu des bon enseignant de la parole comme Watchman nee et d'autres qui enseignement le port du voile obligatoire .
    reste bénie en Jésus

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    • lesdokimos   
      10 Janvier 2012 12:45

      Tout à fait, nous publierons un focus sur le contexte de 1 Corinthiens 11. Toutefois, cet article insiste surtout sur le fait que le voile n'a pas toujours été synonyme de vertu dans l'histoire de l'humanité et dans celle de la Bible. Au cours des âges, le voile était aussi bien porté par les païennes que par les juives et les chrétiennes. Mais aussi par des prostituées... Donc on voit bien qu'il faut faire de son usage une lecture contextuelle en rapport avec les moeurs d'une époque particulière et non un dogme religieux.

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  • Alain D.   
    12 Janvier 2012 08:52

    Le voile
    Me trouvant il y a quelques temps dans le bus,un musulman m'a vu lire la Bible pendant le trajet et la conversation s'est engagée..J'ai vu cet homme pendant quelques jours et comme il faisait chaud,je lui ai dit que meme si le voile peu choquer un Français ,en voyant la tenue trés dénudée de certaines de mes compatriotes je préfère encore le voile car la au moins il n'y a pas d'impudicité ni de tentations,ce a quoi il m'a répondu qu'une femme peu trés bien etre voilée et se comporter pire qu'une prostituée.......................................................................

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  • Maxime   
    17 Janvier 2012 11:22

    Bonjour a tous, pour plus de renseignement sur 1 corinthiens 11 je vous conseil de lire ces articles.

    http://www.koina.org/page2/page9/page11/page73/page73.html

    Que Dieu vous accompagne dans toutes vos bonnes œuvres.

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  • Eliosa   
    23 Mars 2012 17:54

    Petite précision : le tchador ne comporte pas de grille pour laisser la vue (ça c'est la burqa), c'est juste un grand morceau de tissu que les femmes rabattent sur elles et ce voile se trouvent principalement en Iran, ensuite le niqab est "en vogue" non pas en Afghanistan mais en Arabie Saoudite et à l'inverse la burqa est un voilà purement afghan voilà :)

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    • LamamandeIbrahim   
      28 Mai 2013 19:37

      Oui c'était erroné sur toutes les descriptions

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  • Apang   
    12 Mars 2015 14:27

    que ma future femme porte ou pas la voile, j'en ai que faire !

    mais, à cause des anges....mais pourquoi Paul des anges? qu'est ce que les anges en a faire dans l'histoire du port de voile? pourquoi Paul a dit : à cause des anges? pourquoi?

    par la crainte de l’Éternel, quand je prie, j'enlève ma casquette, ou quand j'écoute la prédication. juger par vous même, est ce poli pour un homme d'avoir la tête couvert (casquette dans mon cas) quand il fait la bise à une femme ou quand il est en cours?

    et les femmes, pourquoi Paul dit : à cause des anges?

    ce que je dirai à ma future femme, couvre la tête quand tu prie, à cause des anges, mais comme je ne sais pas de quoi parle Paul, fait comme tu veux, Seigneur jugera toute chose. mais une chose que je suis sûre, tut ira pas en enfer car tu n'a pas porter de voile....

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