Les Dokimos



Le divorce : la conséquence d'un naufrage

« Moi, Paul, je te prends, toi, Pauline, pour épouse, pour le meilleur et pour le pire. Devant Dieu et devant les hommes, je te fais la promesse solennelle de t’aimer, de te chérir et de t’être fidèle dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie, dans la joie comme dans la peine, jusqu’à ce que la mort nous sépare ». C’est généralement par ces belles promesses que les couples mariés s’unissent devant les autorités civiles et leurs familles respectives. Pourtant, actuellement plus d’un mariage sur deux, se termine par un divorce. Où sont passées les belles promesses, la détermination à marcher ensemble pour le meilleur et pour le pire jusqu’à ce que la mort les sépare ?


De nos jours, si l’on a recours massivement au divorce pour mettre fin à une vie commune devenue insupportable, il n’en a pas toujours été ainsi. Comment le divorce a-t-il été considéré au cours de l’Histoire ? Quelles sont ses causes et ses conséquences sur la cellule familiale ? Le divorce, est- il une solution face aux problèmes que rencontrent les couples ? C’est ce que nous tenterons de découvrir au travers de cet article.

LE DIVORCE AU COURS DE L’HISTOIRE


Le mot divorce vient du latin « divortium » qui signifie « se détourner » ou bien « séparation ». Il désigne la rupture officielle qui unit un homme et une femme mariés. Chez les grecs comme chez les romains, deux types de divorce s’exerçaient : le divorce par consentement mutuel et le divorce par répudiation. Le divorce par consentement mutuel se définissait par une séparation prise d’un commun accord entre les deux conjoints. Le divorce par répudiation, s’octroyait uniquement au mari car lui seul avait le droit de chasser sa femme du domicile conjugal. Les motifs de répudiation pouvaient être : mauvaise mère ou encore mauvaise épouse. Dans la Chine antique, le chef de famille pouvait répudier son épouse à cause du bavardage de cette dernière ! En Grèce, si une femme était répudiée (sauf en cas d’adultère), celle-ci pouvait réclamer sa dote. C’est pourquoi, la plupart des hommes ne voulaient pas se résoudre à la répudiation ! En France, durant le Moyen-âge, le divorce s’intensifia. Les raisons étaient diverses : la stérilité, l’adultère ou encore, plus surprenant, le choix d’un conjoint plus avantageux, très fréquent chez les princes ou les seigneurs. Parmi les rois de France, Charlemagne dissout son mariage, et ce, à six reprises !


Quelques siècles plus tard, le pouvoir catholique retrouva son autorité politique. Ainsi, en 1563, lors du Concile de Trente, le catholicisme romain interdit le divorce.


Au XVIIIe siècle, la liberté d’expression, la raison et le libertinage étant les maîtres-mots de cette période dite des Lumières, les philosophes se levèrent afin de remettre en cause la loi légiférée par le Concile de Trente. Parmi les « éclairés » de l’époque, Montesquieu et Voltaire prirent position pour le divorce. Dans Les Lettres Persanes, œuvre épistolaire de Montesquieu, il écrivit : « Rien ne contribue plus à l'attachement mutuel que la faculté du divorce : un mari et une femme sont portés à soutenir patiemment les peines domestiques, sachant qu'ils sont maîtres de les faire finir ». Quant à Voltaire, qui est une figure de proue du cercle intellectuel, il déclara dans son Dictionnaire Philosophique : « L'amitié est le mariage de l'âme, et ce mariage est sujet à divorce ».


Ainsi, ces hommes instruits voyaient l’interdiction du divorce comme un asservissement, quelque chose de néfaste à la fécondité et qui allait à l’encontre de la nature humaine.


Ce mouvement de pensée ouvrit la voie à une première loi en faveur du divorce instituée le 20 septembre 1792, révoquant ainsi celle des catholiques. Voici ce que stipule le préambule : « La faculté de divorcer résulte de la liberté individuelle, dont un engagement indissoluble serait la perte ».


La loi réhabilita ainsi le divorce, proposant deux types de procédures : le divorce par consentement mutuel et le divorce pour faute.


Vers la moitié du XIXe siècle, précisément lors de la Restauration (1814 -1830), le catholicisme retrouva son pouvoir religieux et annula la loi qui autorisait le divorce. Cette ordonnance appelée loi Bonald (qualifiée de « poison révolutionnaire ») fut ratifiée le 8 mai 1816.


Près de soixante-dix ans plus tard, Alfred Naquet (1834-1916), homme politique français d’origine juive, partisan de la séparation entre l’Eglise et l’Etat, relança le débat à l’Assemblée Nationale. Cette controverse, opposa les pro-catholiques face à l’esprit des Lumières. Le 27 juillet 1884, le texte fut adopté par le Sénat. Bien que ce décret conditionna le divorce pour faute privilégiant des motifs tels que l’adultère, l’abandon du foyer conjugal, injures ou encore sévices, cette loi suscita de vives réactions, provoquant la démission de plusieurs magistrats.


Vers 1960, la donne changea et les modalités d’accès au divorce furent facilitées. A cette époque, les mariages étaient moins nombreux et avaient lieu plus tard. Ainsi, Valéry Giscard d’Estaing restructura la loi le 11 juillet 1975. Le divorce pour faute fut maintenu et à celui-ci s’ajouta le divorce par consentement mutuel ainsi que le divorce pour rupture de la vie commune. Depuis mai 2004, quatre autres sortes de procédures furent reconnues par la loi française :


- Le divorce par consentement mutuel


- Le divorce par acceptation du principe de la rupture du mariage


- Le divorce par altération définitive du lien conjugal


- Le divorce pour faute.


Tout au long des siècles, nous avons pu voir que le regard vis-à-vis du divorce n’a cessé d’évoluer. Lorsque le pouvoir était entre les mains des religieux et d’une majorité conservatrice, le divorce était prohibé, discrédité et perçu comme une procédure s’opposant à la loi de Dieu.


Cependant, au fil des siècles, la soif de liberté, la complaisance face au libertinage, l’émancipation de la femme ou encore l’évolution des mœurs conduisirent à la désacralisation du mariage.

ET AUJOURD’HUI ?


Le taux de divorce n’a cessé de croître dans le monde durant cette dernière décennie. En France, selon l’INSEE, le taux de divorce est passé de 116 813 à 127 578 entre 1999 et 2009.


Quelle personne mariée n’a-t-elle jamais entendu, après s’être confiée : « Tu as des soucis de couple, ton mari (ou ta femme) te prend la tête ? Tu n’as qu’à divorcer ! ». De ce fait, la rupture est devenue la solution idéale. D’ailleurs, la loi facilite de plus en plus la procédure puisqu’il est possible de divorcer en moins de trois mois. Certains divorces se font d’ailleurs à distance, notamment grâce au Net. De plus, des services annexes ont été développés autour de ce phénomène qui est désormais célébré. En effet, certains divorcés considèrent le célibat comme une nouvelle liberté ! Très à la mode aux Etats-Unis, et pour répondre à la demande en France, Julie Vincent et Rebecca Hazan ont fondé le « Wedding out Factory » (2006) qui signifie « sortie du mariage ». L’association s’est donnée pour but d’organiser des soirées festives afin de commémorer l’anniversaire de la rupture officielle.


Autrefois, les divorcés étaient mis au banc de la société et vivaient avec le poids de la honte et de la culpabilité. Aujourd’hui, celui qui ose se séparer, qui ne craint pas de dire « stop ! » aux conflits du couple, est montré en exemple.

SOLUTION OU DANGER ?


Mais quelles sont les raisons qui poussent véritablement au divorce ? Des conflits au quotidien, des problèmes financiers, les violences verbales ou physiques, l’infidélité, les différences culturelles, le mensonge, l’homosexualité de l’un des conjoints ou encore la non-satisfaction des besoins charnels, sont autant de raisons invoquées pour justifier une telle décision. Certes, ces problèmes déstabilisent le couple et perturbent la vie familiale au point de rendre souvent le quotidien pénible. Mais le divorce est-il réellement la solution idéale lorsque les conflits parviennent à leur paroxysme ? Est-ce que cette procédure peut apporter une quelconque satisfaction et tout résoudre ? Si tel était le cas, qu’en est-il alors des enfants ?


« Les parents divorcent, les enfants trinquent ! ». En d’autres termes, le divorce laisse des traces. La séparation engendre beaucoup de maux surtout lorsque des enfants sont issus du mariage. Autrefois, ces derniers étaient victimes de préjugés, portant sur eux le poids de la honte. Même aujourd’hui, un enfant dont les parents divorcent est l’objet de beaucoup d’attention. En effet, certains parents préfèrent prévenir professeurs, amis et entourage afin que ce dernier soit soutenu. D’autres font appel aux services d’un psychologue afin d’aider les bambins à mieux affronter la séparation qui, qu’on le veuille ou non, génère toujours un traumatisme chez ces derniers. Certains enfants se replient sur eux-mêmes et s’isolent tandis que d’autres souffrent du manque d’amour, notamment lorsque l’un des parents déserte.


Il y a également ceux qui développent de la haine envers leurs géniteurs et ce, pendant plusieurs années. Le divorce cache donc une souffrance derrière le semblant de liberté qu’il semble procurer aux membres de la famille. Les parents sont la première référence pour leur descendance. Ils sont leur guide, leur modèle. Un petit garçon qui aura vu son père battre sa mère, risque de maltraiter sa femme à l’avenir. De même, une petite fille qui n’aura pas reçu l’amour de son père aura tendance à multiplier les conquêtes amoureuses pour remplir son vide affectif.


Le divorce est semblable à un deuil car il faut tirer un trait sur toute une histoire, qui n’est pas faite que de mauvais souvenirs, sur des projets communs, mais aussi sur une certaine conception de la vie. En fait, lorsqu’un couple divorce, une partie de chaque individu meurt.


Or le deuil n’est que souffrance, il peut amener à la dépression voire au suicide. Est-ce qu’une telle décision, capable de générer autant de dommages, peut réellement être considérée comme un bienfait ?

QUE DISENT LES ÉCRITURES ?


Le livre de la Genèse commence par la création d’Adam et Eve. Dès le commencement, le mariage s’inscrit dans le plan parfait de Dieu.


«C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » Genèse 2:24.


Adam et Eve étaient une préfiguration de Christ et de son épouse l’Eglise. Le mariage a de la valeur aux yeux du Seigneur, et parce que c’est lui qui l’a institué, il n’a pas vocation à être dissout. « Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint » Marc 10 : 9.


Le mariage est un engagement, une alliance qui unit l’homme et la femme. A l’instar de la relation qui unit Christ et l’Eglise, un couple marié se voue fidélité et amour. La véritable Eglise ne peut pas abandonner Jésus-Christ. De la même manière, aux yeux du Seigneur, il est inconcevable qu’un couple marié puisse se résigner au divorce. La relation qui unit Christ et l’Epouse est principalement fondée sur le pardon. Christ s’est offert en sacrifice pour le salut de l’humanité et à libéré le pardon indispensable à la réconciliation à la croix. Nous sommes censés suivre son exemple même face à la pire des trahisons car Christ nous a tout pardonné. Mais Jésus n’a-t-il pas autorisé le divorce en cas d’infidélité ? Certes…


« Pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner à la femme une lettre de divorce et de la répudier ? Il leur répondit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; au commencement, il n’en était pas ainsi. Mais je vous dis que celui qui répudie sa femme sauf pour infidélité, et qui en épouse une autre, commet un adultère. Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier » Matthieu 19 :7-10.


Notez la remarque des disciples : « Si telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, il n’est pas avantageux de se marier ». Autrement dit, « si on ne peut pas divorcer comme bon nous semble (c’est-à dire dès qu’on se lasse ou à la moindre difficulté), autant ne pas s’engager ». Cela prouve que ces hommes ne voyaient dans le mariage que l’occasion de se satisfaire charnellement et non une sainte alliance telle que Dieu l’a voulu.


La demande de divorce pour infidélité doit être accompagnée de preuves concrètes et non basée sur de simples soupçons. Rappelons-nous que les scribes et les pharisiens avaient amené à Jésus une femme qui avait été surprise en flagrant délit d’adultère et non sur la base de supputations (Jean 8 :4). Et même si cette faute avait été commise, selon la Bible, la première solution qui doit être envisagée c’est d’abord celle du pardon. En effet, Jésus nous demande de pardonner à ceux qui nous ont offensés, il n’a pas émis une exception pour la problématique de l’adultère (Matthieu 6 : 14-15). Toutefois, si le conjoint adultère persiste dans son péché sans se repentir, le divorce peut alors être envisagé.


Qu’en est-il alors des personnes victimes de violences conjugales ? La sagesse veut qu’une séparation de corps, d’une durée plus ou moins longue, ait lieu pour préserver la vie de la ou des victimes. L’époux qui aura fui le domicile conjugal pour ce motif devra se tenir dans la prière et s’attendre au Seigneur qui peut tout faire : soit changer le cœur de l’agresseur ou le châtier. Comprenons que le divorce n’a jamais résulté de la volonté parfaite de Dieu même si la loi l’autorisait.


« Lorsqu'un homme aura pris et épousé une femme qui viendrait à ne pas trouver grâce à ses yeux, parce qu'il a découvert en elle quelque chose de honteux, il écrira pour elle une lettre de divorce, et, après la lui avoir remise en main, il la renverra de sa maison. Elle sortira de chez lui, s'en ira, et pourra devenir la femme d'un autre homme. Si ce dernier homme la prend en aversion, écrit pour elle une lettre de divorce, et, après la lui avoir remise en main, la renvoie de sa maison; ou bien, si ce dernier homme qui l'a prise pour femme vient à mourir, alors le premier mari qui l'avait renvoyée ne pourra pas la reprendre pour femme après qu'elle a été souillée, car c'est une abomination devant l'Eternel, et tu ne chargeras point de péché le pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne pour héritage » Deutéronome 24 :1-4.


Mais pourquoi, la répudiation avait-t-elle été permise ? La réponse se trouve dans le livre de Matthieu 19 au verset 8, c’était à cause de la dureté du cœur des hommes. Le divorce était une solution provisoire, jusqu’à l’arrivée du Seigneur Jésus-Christ, qui est venu accomplir et parfaire la loi.


« Ainsi parle l'Eternel : Où est la lettre de divorce par laquelle j'ai répudié votre mère ? Ou bien, auquel de mes créanciers vous ai-je vendus ? Voici, c'est à cause de vos iniquités que vous avez été vendus, Et c'est à cause de vos péchés que votre mère a été répudiée » Esaie 50 :1.


Dieu avait répudié Israël à cause de son infidélité (le péché). Toutefois, en envoyant son Fils, le Père a démontré qu’il était prêt à pardonner. Il a fait le premier pas vers la réconciliation alors que le tort ne lui incombait pas. Si Jésus-Christ est notre modèle, alors soyons fidèles et suivons son exemple jusqu’au bout. Tout homme, qu’il soit juif ou non, est séparé de Dieu à cause de ses péchés. Il a fallu que Christ meure pour que le pardon soit libéré. De même, notre égo doit être crucifié, nous devons mourir à nous-mêmes, pour être capables de pardonner même le pire.


« Alors Pierre s'approcha de lui, et dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu'à sept fois ? Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois » Matthieu 18 :21-22.


Comme nous l’avons vu, on se marie pour le meilleur mais aussi pour le pire. Ceux qui divorcent lorsque le pire survient prouvent qu’ils n’ont accepté qu’un seul aspect du mariage. Ils n’auront donc pas respecté leur engagement jusqu’au bout. Ce n’est pas faire preuve de courage et d’amour que de divorcer lorsque les problèmes surgissent. A moins que l’on ait à faire à un adultère chronique, l’enfant de Dieu doit revêtir les sentiments qui étaient en Christ (patience, pardon, humilité…) et prier Dieu afin qu’il restaure son couple. En disant cela, nous ne prétendons pas que ce sera une chose facile à faire, que les problèmes et la souffrance engendrée s’envoleront du jour au lendemain, mais en tant que disciples du Seigneur, nous sommes tenus de mettre la Parole en pratique. En effet, c’est au travers du feu de l’épreuve que les vrais chrétiens se reconnaissent.


Méditation conseillées : Jérémie 33 :8 ; Jérémie 36 :3 ; Matthieu 19 ; Marc 10 :1-12 ; Romains 11 ; Jean 19 :30.



Sources : LES DOKIMOS 20 (nous vous présentons une version longue de cet article).


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