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La théologie




Le mot théologie est un terme issu du grec ancien composé de « théos », qui signifie « dieu », et de « logos » qui peut se traduire par « mot » ou « discours ». La théologie est un discours sur Dieu et sur les relations qu’il a avec sa création. Bien plus qu’un simple mot, c’est une science qui au travers de différentes matières comme l’histoire, l’anthropologie, l’archéologie, la psychologie ou encore la sémantique, les théologiens tentent d’expliquer les écrits sacrés ainsi que ce qui en découle : le dogme, la morale, les traditions humaines.



Jusqu’au IVème siècle, la théologie désignait les poètes de l’antiquité qui écrivaient sur le panthéon grec ou latin (Hésiode, Homère ou encore Orphée). Les érudits chrétiens, eux, préféraient ce qu’ils appelaient la « doctrina christiana » ou encore « doctrina sacra ». Peu à peu, le sens premier s’est spécifié et n’a plus concerné que le discours sur le dieu de l’église catholique. Jusqu’en 1054, date du schisme entre catholiques et orthodoxes, l’Eglise était Orthodoxe, c'est-à-dire qu’elle se conformait à la « doctrine droite » et Catholique (du latin « catholicus » issu du grec ancien « katholikós » qui signifie « général, universel »), c'est-à-dire qu’elle reconnaissait l'universalité du message de Jésus-Christ. C’est Ignace d'Antioche (35-110), dans sa lettre aux Smyrniotes, qui définit le premier l’Eglise comme étant catholique ou alors universelle : « Là où paraît l’évêque, là aussi est la communauté. De même que là où est le Christ, là est l’Église Universelle. »

Naissance de la théologie scripturaire


L’un des pères de la théologie scripturaire, telle qu’on la connait et qu’on la conçoit de nos jours, est Philon d’Alexandrie (12 av. J.C, 54 ap. J.C). Juif de naissance, il était « convaincu que la sagesse hellénique était le fruit de la raison humaine donné par Dieu et que la bible était la parole de Dieu ». Son enseignement de la tradition juive et des lois mosaïques était en harmonie avec la philosophie grecque. Il présentait une version allégorique du Pentateuque, et pour lui donner une signification plus profonde, plus contemporaine et compréhensible à son auditoire, il retint la symbolique des nombres des pythagoriciens, le vocabulaire de la contemplation de Platon, la définition du temps d’Aristote et les vertus morales des stoïciens. Cela lui permit d’évacuer des préceptes de l’Ancien Testament pouvant choquer ses contemporains : la circoncision, le régime alimentaire strict ou encore la tenue vestimentaire. Il adapta aussi le concept stoïcien et platonicien du logos selon lequel le logos serait la raison du monde contenant en soi les idées éternelles, archétypes de toutes choses. Pour Philon, le logos était la raison divine imaginant les idées ainsi que l’ensemble des ces idées enfantées par l’intelligence de dieu. Plus tard, Augustin d’Hippone (345-430), reprit à son tour ce concept et traduisit « logos » par « verbum » (verbe en latin). Selon cet éminent « Père de l’église », la Parole de Dieu est dès le commencement, elle est la deuxième personne de la Trinité, l’intelligence divine organisatrice du monde, incarnée en Jésus qui la manifeste dans le temps. Ce terme est encore utilisé pour définir Christ dans les discours et écrits officiels du Vatican : « Le christianisme doit toujours se souvenir qu'il est la religion du Logos. C'est la foi en le Creator Spiritus, le Saint-Esprit par qui procède tout ce qui existe. C'est aujourd'hui ce qui fait sa force philosophique en ce que, soit le monde provient de l'irrationnel, et la raison n'est alors qu'un "sous-produit" à l'occasion même douloureuse de son développement, soit le monde provient du rationnel et est alors en conséquence son critère et son but… Nous, chrétiens, devons être extrêmement attentifs, dans le dialogue si nécessaire entre les "gens du monde" et les catholiques, à demeurer fidèles à cette ligne fondamentale : vivre une foi qui vient du Logos, de la raison créative, et ceci parce qu'elle est ouverte à ceux qui sont rationnels en vérité. » (Extrait d’un discours prononcé par le Cardinal Ratzinger en 2005).

Théologie catholique, théologie d’une légende


Les principaux mouvements religieux issus du christianisme sont le catholicisme, l’orthodoxisme et le protestantisme. Leur croyance principale est commune mais le support n’est pas la même. En effet, les églises catholiques et orthodoxes ont pour fondement la Tradition alors que les protestants ne se basent que sur la Bible. La sainte Tradition, avec un « T » majuscule, est la base de la croyance catholique et donc de la théologie. C’est la transmission fidèle et intégrale de la Révélation de la parole de Dieu confiée par le Christ et par l'Esprit Saint aux apôtres et aux représentants de Christ sur terre : le magistère. Elle englobe l'ensemble des enseignements, des dogmes et des pratiques cultuelles que l'Église a adopté tout au long de son histoire. La trinité, le baptême des enfants, le purgatoire ou encore la virginité perpétuelle de Marie en sont de parfaits exemples. Même si ces dogmes ne sont pas présents dans les textes saints, l’Eglise catholique les considère néanmoins comme vrais du fait qu’ils auraient été crus et pratiqués par les premiers chrétiens et surtout décrits et expliqués par les « Pères de l’église ».


En témoigne cet extrait d’un discours de Jean-Paul II lors de la congrégation pour la doctrine de la foi le 20 Octobre 1980 : « En orient comme en occident, la pratique de baptiser les petits enfants est considéré comme une norme de tradition immémoriale. Origène, puis plus tard saint Augustin y voient une tradition reçue des apôtres…Les papes et les conciles sont également intervenus souvent pour rappeler aux chrétiens le devoir de faire baptiser leur enfants… ».

Augustin d’Hippone, le philosophe chrétien


Il est impensable de traiter de la théologie sans faire mention des « pères de l’église ». Ce titre honorifique désigne les érudits des premiers siècles versés dans les cultures hellénistes et latines et convertis au christianisme. Souvent évêques, ils n’ont eu de cesse de contrecarrer les mouvements de pensée qui n’étaient pas en accord avec la Tradition et enseignaient les mystères de Dieu en les rendant plus compréhensibles à leurs fidèles. Pour cela, ils ont usé et abusé des raisonnements humains tout droit tirés des écrits platoniciens et stoïciens voir manichéens. Ils ont ainsi posé les bases de la philosophie chrétienne en développant « l’enseignement reçu des Apôtres » : la Trinité, l’Incarnation, l’organisation de la liturgie, le développement des sacrements, les premiers principes de catéchèse… Ces pères de la foi sont devenus au fil des siècles des références doctrinales et ont été assimilés à la Tradition.


L’un de ces plus grands « pères de l’église » est Augustin d’Hippone, plus communément appelé Saint Augustin. Il est né d’une mère chrétienne en 354 à Thagaste (actuelle Souk-Ahras en Algérie). Lors de ses études en rhétorique à Carthage, il s’enflamma pour la philosophie « amour de la sagesse » après avoir lu l’Hortensius de Cicéron, il abandonna alors la foi de sa mère au profit du manichéisme. Déçu par Fauste de Milève, référence manichéenne de son époque, il revint au christianisme de manière intellectuelle grâce aux prédications d’Ambroise de Milan. Tout au long de ses études à Carthage et à Milan, il acquit une solide formation philosophique, s’initia à son histoire et étudia les arts libéraux (grammaire, rhétorique, dialectique, musique, arithmétique) ainsi que l’astronomie. C’est en appliquant les méthodes de pensée platoniciennes, qu’il comprit la rencontre avec Dieu ainsi que la manière d’y parvenir, Christ... En Aout 386, il eut une révélation à la lecture d’un écrit de Paul où l’Apôtre exhortait à rompre avec les désirs humains. Il décida donc d’abandonner sa vie et de se convertir non plus de manière métaphysique, mais morale. Deux ans après, il retourna à Thagaste pour y former une communauté monastique. Mais de passage à Hippone en 391, il fut contraint d’y rester et devint ainsi évêque.


Du début de sa prêtrise jusqu'à sa mort en 430, lors du siège des Vandales d’Hippone, Augustin mena quatre combats principaux contre des courants de pensée tels que le manichéisme, le donatisme, le pélagianisme et l’arianisme. Ces controverses, essentiellement théologiques, portaient sur la dualité éternelle entre le bon et le mauvais, sur la validité des sacrements administrés par des évêques jugés indignes, sur l'efficacité de la volonté humaine pour atteindre la sainteté par ses propres forces et par son libre arbitre, ou encore sur la nature secondaire de Christ. Et pourtant ces polémiques sont devenues, pour la plupart, les bases des dogmes de l’Eglise catholique, validés lors des conciles œcuméniques. L’ouvrage le plus connu de Augustin d’Hippone est Les Confessions : « Les treize livres de mes Confessions louent le Dieu juste et bon de mes maux et de mes biens, ils élèvent vers Dieu l'intelligence et le cœur de l'Homme». Nombre de ses écrits on été retrouvés et traduits, la philosophie chrétienne qui s’en dégage est toujours d’actualité dans l’Eglise catholique. Pour certains, les textes d’Augustin traitant de la grâce seraient même des textes fondateurs de la Réforme de Luther et de Calvin, d’ailleurs certains termes et expressions qu’il a inventés, tel que « péché originel », sont passés dans le langage commun.

Vincit Omnia Veritas : La vérité conquiert tout


Cette devise était celle de la Faculté de théologie protestante de Montauban instituée dès 1598. A partir de 1520, un vent de révolte souffla sur l’Europe catholique. Martin Luther (1483-1546), fut le premier à lancer l’offensive en affichant Martini Lutheri disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarumplus, plusconnue sous les 95 thèses où il y dénonce les abus des indulgences du pape Pie X (1475-1521). De cette prise de position naquit la Réforme et plus tard le protestantisme. La nécessité de réformation de l’église se répandit donc au travers des écrits de Luther, d’Ulrich Zwingli (1484-1531) et de Jean Calvin (1509-1564) dans toute l'Europe. Au nord du continent, de nombreux princes et dirigeants optèrent pour le luthéranisme qui devint la religion officielle. La plupart des églises luthériennes adoptèrent la Confession d'Augsbourg rédigée en 1530. En Angleterre, la Réforme prit une forme spécifique, l'anglicanisme. En France, lors du premier synode de 1559, les églises réformées se réunirent secrètement à Paris et adoptèrent une confession de foi commune qui sera ratifiée douze ans plus tard à La Rochelle, d’où son nom de Confession de foi de La Rochelle. La déclaration de foi de l'Église réformée de France de 1936 y fait référence, ainsi que la précédente de 1872, demeurée celle des Églises réformées évangéliques indépendantes. Dans cette confession de foi les principes du protestantisme y sont édictés ainsi que ses croyances et ses convictions profondes : « unir les croyants en un même corps, il faut donc une Confession commune, brièvement exprimée en "articles de foi". Ils fondent et garantissent l'unité de l'Eglise ». Contrairement aux catholiques, le protestantisme ne se base que sur la Bible et uniquement la Bible car « Il en découle que ni l'ancienneté, ni les coutumes, ni le grand nombre, ni la sagesse humaine, ni les jugements, ni les arrêts, ni les lois, ni les décrets, ni les conciles, ni les visions, ni les miracles ne peuvent être opposés à cette Ecriture sainte, mais qu'au contraire toutes choses doivent être examinées, réglées et réformées d'après elle ». On reconnait cependant pour vrais trois crédos de l’église catholique : le symbole des Apôtres, le symbole de Nicée et le symbole d'Athanase. Ce sont des professions de foi qui reprennent les principes de la trinité, le plus connu étant celui des Apôtres qui commence ainsi : « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. Je crois en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit et qui est né de la vierge Marie ; il a souffert sous Ponce-Pilate; …». Mais le fait de prétendre se baser uniquement que sur la Bible n’empêchent pourtant aucunement les protestants de célébrer noël, les rameaux, le vendredi saint, la pâque, l’ascension ou encore la pentecôte. De plus, ils ne sont pas opposés au baptême des enfants si ces derniers le demandent ! Comme le dit si bien Marc Pernot sur le site de l’Oratoire du Louvre : « Le protestantisme n'est pas une religion différente du catholicisme, c'est simplement une façon un peu différente de vivre la même religion. ».

La théologie n’est pas le chemin vers le salut


Les enseignements théologiques dispensés dans les facultés de théologie sont en général ouverts à tous. Il n’est donc pas nécessaire d’être chrétien pour y suivre un cursus, il suffit d’être intéressé. Cependant la faculté de théologie reste impérative pour ceux qui souhaitent exercer le métier de pasteur au sein d’une église protestante. Or l’étude et la pratique de la théologie dans le sens théorique n’amène pas à une conversion véritable, celle du cœur, mais plutôt à une adhésion intellectuelle voir philosophique au christianisme. La théologie ne donne pas la foi en Jésus-Christ, elle permet seulement de comprendre plus ou moins tout ce qui gravite autour. La conversion véritable n’est pas le fruit d’une étude systématique et d’une maîtrise parfaite de la Bible, elle est le résultat d’un cœur à cœur avec Jésus-Christ. Il est important de saisir cette vérité afin de ne pas tomber dans le piège des pharisiens qui, bien que connaissant la Torah sur le bout des doigts, ils n’ont pas été en mesure de reconnaître le Messie lorsque celui-ci les a visités.


Méditations conseillées :Esaie 29 :9-14 ; 1 Timothée 1 :3-11 ; 1 Timothée 4 : 1-11 ; Pierre 3 :21 ; Matthieu 1 :24-25 ; Marc 3 :32


Sources : LES DOKIMOS 16.


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2 commentaires
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2 commentaires

  • Guylène   
    27 Juillet 2012 14:54

    Je ne m'attendais pas à un article en guise de réponse à ma question. Peu de temps après avoir lu cet article sur le blog en question, je suis tombé sur cette phrase : C'est le Saint-Esprit qui est le Grand Enseignant qui nous conduit dans toute la Vérité, qui nous révèle la pensée de Dieu qui est dans la Bible, qui nous rappelle cette pensée chaque fois que nous en avons besoin, et qui nous aide à la mettre en pratique dans tous les domaines de notre vie. Par là, j'ai compris que la théologie ne sert de rien et qu'on doit exclusivement s'appuyer sur le Saint-Esprit qui nous conduit dans toute la vérité.

    Soyez bénis et encouragés et MERCI pour votre sagesse, votre patience, vos recherches pour la seule Gloire de notre Seigneur Jésus-Christ.

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  • Grégory FISCHER   
    1 Août 2012 09:28

    amen, de plus la théologie est dans la confusion car nous connaissons, mon épouse et moi, un musulman qui a été enseigné selon la théologie et qui a étudié la bible selon ces enseignements. Voilà pourquoi les religieux pensent que les chrétiens sont catholiques ou protestants. Alors quand on leur dit qu'on n'a pas de statues, qu'on n'a pas de bâtiment : ils sont troublés...

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