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Sectes : "La France est à la pointe de la lutte contre les cultes destructeurs"

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La sortie de "Far Cry 5" (Ubisoft), où une secte et son leader charismatique font régner la terreur, remet en lumière les cultes destructeurs. Alors que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) s'alarme sur la multiplication des petits groupes, Rick Ross, spécialiste des sectes, nous éclaire sur ces groupes et leurs pratiques.

Comment venir à bout des sectes ? Voilà plus de 20 ans que Rick Ross tente de trouver la réponse et d'apporter des solutions à des familles dans la douleur. Fondateur et directeur du Cult Education Institute, une vaste base de données en ligne, il s'est lancé dans un combat contre les sectes, les cultes destructeurs et autres groupes autoritaires. Son but : aider les gens à sortir leurs proches des griffes de gourous et de milliers de mouvements sectaires à travers le monde. Expert témoin en justice, menacé de mort par certains groupes qui n'apprécient guère ses actions, il s’est aussi fait un devoir de "déprogrammer” les victimes qui ont réussi à s’en extirper.

A l'occasion de la sortie du jeu vidéo Far Cry 5 (Ubisoft), nous avons demandé à Rick Ross, auteur également du livre Cults Inside Out, de nous expliquer comment comprendre et se préserver de ces mouvements sectaires destructeurs, de plus en plus nombreux même à petite échelle, selon le dernier rapport alarmant de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

LCI : Comment définit-on une secte ou un culte destructeur ?

RICK ROSS : En Europe, le mot "secte" est souvent utilisé. En Amérique du Nord, on aura tendance à parler de "culte". Il y a trois caractéristiques clés pour définir un culte destructeur : il faut un leader charismatique, totalitaire et autoritaire qui est un objet de vénération. Il est l'élément central et l'inspiration du groupe. On voit souvent ces gourous comme des psychopathes, de grands narcissiques. C'était le cas de David Koresh (Les Davidiens), Jim Jones (Le Temple du Peuple), Charles Manson ou de Joseph Seed, le personnage central du jeu vidéo "Far Cry 5". Il faut ensuite qu'il y ait un processus de persuasion, un lavage de cerveau qui mette les gens sous l'influence du groupe, un procédé qui va les détruire afin qu'ils ne soient réceptifs qu'à la parole du leader. Cela passe par l'usage de la drogue, le confinement, la peur, l'isolement…. On dépersonnalise alors chaque individu. Enfin, il y a une forme d'exploitation économique et de destruction individuelle qui peut passer par la violence, la négligence, la domination physique ou sexuelle. Le degré varie selon chaque groupe.

LCI : Toutes les sectes suivent-elles un schéma identique ?

RICK ROSS : Non. Certains groupes actifs ne sont intéressés que par l'argent et éventuellement l'exploitation d'autrui pour faire de l'argent. Et il y a des mouvements bien plus dangereux, avec de la négligence médicale, des cas de maltraitance jusqu'à parfois la mort de fidèles. Ces groupes deviennent souvent de plus en plus violents. C'est chez eux qu'on va trouver des armes en masse et un basculement vers la criminalité. Sur une échelle de 1 à 10, Charles Manson, Jim Jones ou encore Luc Jouret, de l’Ordre du Temple Solaire, sont les pires de tous en termes de cultes destructeurs. Ce sont les plus volatiles. D'autres sont dangereux, mais à des degrés moindres. Et puis, avec le temps, certains groupes considérés comme des cultes autour d'un leader ont évolué en religion dirigée par un gouvernement d'église. C'est le cas de l'Eglise Adventiste du 7e Jour ou bien des Mormons.

LCI : En France, on a beaucoup entendu parler de la Scientologie. La considérez-vous comme une secte ?

RICK ROSS : Absolument ! Je considère même la Scientologie comme un culte destructeur. J'ai témoigné devant la Cour en tant qu'expert en scientologie. Je scrute de près depuis plusieurs années leur façon de faire. Je dirais qu'elle ne mérite pas un 10, mais plutôt 7 ou 8 sur l'échelle de la dangerosité. Certaines personnes qui en ont fait les frais mettraient sans doute un 10 car leurs vies ont parfois été bouleversées, leur mariage détruit, leurs comptes bancaires vidés, ils ont été séparés de leurs parents. L'un des plus célèbres anciens membres, Arnie Lerma, a, dans un moment de mal-être, tué sa femme avant de se suicider. D'autres membres ont quitté la Scientologie car ils y ont été blessés physiquement et mentalement. J'espère que les gens quittent le groupe de cette façon. Nous sommes là pour les aider, les éduquer et tenter de les ramener. Lire la suite.

Lien : http://www.lesdokimos.org

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