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juin 4, 2014, 2:29 après-midi -  Nicolas K.

Bonjour Frederic, Que Dieu soit béni pour cette vision de réforme que vous partagez, et merci de nous interpeller sur ce qui vous semble être juste. Pour vous répondre, il y a plusieurs points à traiter : 1. Le commandement de Paul sur le voile s'adressait-il aux Corinthiens ou à toutes les églises ? Naturellement les épîtres aux Corinthiens s'adressent principalement aux Corinthiens, et même exclusivement à eux sur certains points. Il faut savoir que les épîtres de Paul étaient des réponses à des situations précises, pour bien les comprendre il faut donc parfois les replacer dans leur contexte. D'un autre côté Paul y exprime également des principes qui sont valables pour toutes les églises, et ce jusqu'à aujourd'hui. Le passage sur le voile est-il donc un principe intemporel ou une réprimande par rapport à une situation ? Il n'y a pas grand chose qui nous permettrait de dire qu'il s'agit d'un commandement de Dieu qui traverserait les âges, au contraire, et c'est ce que je vais essayer d'exposer. Le verset 16 de 1 Corinthiens 11 est souvent invoqué pour prétendre que toutes les église seraient concernées : « Que si quelqu'un se plaît à contester, nous n'avons pas cette coutume, ni les Églises de Dieu non plus. ». Il s'agit d'une mauvaise compréhension, c'est uniquement le fait de contester les recommandations apostoliques qui n'est pas une coutume des églises, rien à voir avec la recommandation du voile en elle-même. 2. Le port du voile est-il une coutume locale de l'époque ou une obligation spirituelle intemporelle ? En fait, si ce commandement du voile n’est pas contextuellement spécifique à Corinthe et/ou à l’époque, dans ce cas là il faudrait peut-être conclure que Dieu n’est pas omniscient, ou alors Paul n’était pas inspiré par l’Esprit. Ce qui reviendrait à remettre en cause tout ses écrits... Pourquoi ? 2.1. Voile chez l’homme Paul dit : « Tout homme qui prie ou qui prophétise, la tête couverte, déshonore son chef. [...] Pour ce qui est de l’homme, il ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l’homme. » (1 Corinthiens 11:4-7). Or dans l’Ancienne Alliance le souverain sacrificateur devait se couvrir la tête lorsqu'il accomplissait son service devant Dieu : « Le sacrificateur qui a la prééminence sur ses frères, sur la tête duquel l’huile de l’onction a été répandue, qui a été installé pour se revêtir de vêtements sacrés, ne découvrira pas sa tête et ne déchirera pas ses vêtements. » (Lévitique 21:10). Dieu aurait-il donc ordonné au souverain sacrificateur de le déshonorer ? De plus, chez les juifs, jusqu’à aujourd’hui, il est de coutume de se couvrir la tête (cf. la kippa) pour la prière. On voit donc qu'avec une lecture littérale détachée de tout contexte, il y a déjà une première contradiction apparente. 2.2. Femme en prière « Mais toute femme qui prie ou qui prophétise sans avoir la tête couverte, déshonore son chef ; car c’est la même chose que si elle était rasée. » (1 Corinthiens 11:5). Or Dieu nous appelle à prier sans cesse (1 Thessaloniciens 5:17), faudrait-il donc comprendre que la femme doit être voilée sans cesse ? On pourrait supposer que ce commandement ne s'applique que lors des assemblées, or ce n'est pas forcément suggéré par le texte, surtout si on invoque les arguments des anges et du témoignage naturel des cheveux. Puis ce serait faire ce qui nous est reproché : commencer à contextualiser le texte ;-) Justement, en parlant de l'argument des anges (« à cause des anges », verset 10). Les partisans du voile aiment à dire que c’est un commandement en rapport avec la spiritualité, et donc non un contexte culturel. Or la prière d’une femme n’est pas spirituelle que lorsqu’elle est en assemblée. L’homme est le chef de la femme et Christ le chef de l’homme aussi lorsqu’ils sont en assemblée ou dans leur intimité. Si donc une femme adresse une prière à Dieu dans l'intimité de sa chambre, les anges sont tout aussi présents. 2.3. Femmes aux cheveux longs « Que si la femme n’est point couverte, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Mais s’il est honteux pour une femme d’avoir les cheveux coupés, ou d’être rasée, qu’elle soit couverte. [...] Mais que si la femme porte de longs cheveux, c’est un honneur pour elle, parce que la chevelure lui est donnée pour voile ? » (1 Corinthiens 11:6-15). Dieu ne savait-il pas que dans certaines régions du monde, notamment l’Afrique, les cheveux ne sont pas très longs et n’ont pas forcément l’apparence d’un voile ? Dans ce cas la nature ne nous enseigne-t-elle pas que les africaines seraient exempts du voile, puisqu’elles ont les cheveux courts ? Ou Dieu a-t-il donner des cheveux courts à certaines femmes pour les couvrir de honte ? 2.4. Hommes aux cheveux longs « La nature elle-même ne vous apprend-elle pas qu’il est honteux à l’homme de porter de longs cheveux ; » (1 Corinthiens 11:14). Donc tous ceux qui faisaient veux de naziréat (Nombres 6:5), selon les commandements de Dieu, et particulièrement Samson, qui avaient les cheveux longs, déshonoraient Dieu ? Le même Dieu qui leur demandait de ne pas se couper les cheveux ? C’est un peu tiré par les cheveux tout ça... ^_^ 2.5. Culture et époque On voit donc que cette pratique de se voiler la tête ou non, d’avoir des cheveux longs ou non, de porter un pantalon, un robe ou une toge, tout ça n’est que culturel. Dans la société corinthienne de l’époque, le port du voile en public était un signe de soumission à son mari ou son père, c’est pourquoi les femmes devaient se voiler. Et c’est dans ce contexte que Paul demande à la femme de porter le voile, pour avoir un signe de l’autorité dont elle dépend, et ainsi ne pas être occasion de chute (sujet qui revient à plusieurs reprises dans cet épître) pour les corinthiens, et ne pas déshonorer son chef (son mari). 3. Quel est donc le sens de 1 Corinthiens 11 ? Certainement que, de par la liberté en Christ nouvellement acquise par les corinthiennes, il y a eu quelques débordements dans l'église et/ou dans les couples qui ont poussé Paul à intervenir. Dans un premier temps il rappelle l'ordre établit par Dieu : l'homme est le chef de la femme. Ensuite il énonce ce que ça implique pour les corinthiens : les femmes doivent porter sur la tête la marque de l'autorité dont elles dépendent afin de montrer leur soumission et ne pas être une occasion de chute pour les autres corinthiens, inconvertis ou nouvellement convertis. Après cela il prend en exemple les choses naturelles pour les convaincre : leurs hommes ont les cheveux courts, et leurs femmes les cheveux longs. 4. Un commandement nouveau ? Aussi, si on refuse de voir ici une recommandation contextuelle à l'époque, au lieu et à la culture, il faudrait admettre que Paul formule là un commandement nouveau. Le voile n'a jamais fait partie de la loi de Moïse, et on en parle nul parle ailleurs dans le Nouveau Testament. Un peu difficile donc d'établir une doctrine qui toucherait à la sanctification sur la base d'un seul verset isolé de son contexte. 5. La soumission de la femme Le sujet a été abordé à plusieurs reprises, si j'ai le temps je chercherais et posterais les liens. Mais en gros nous le disons clairement, l'homme est le chef de la femme comme Christ est le chef de l'Église. L'homme doit aimer sa femme comme Christ a aimé l'Église, et comme résultante de cet amour la femme doit se soumettre comme l'Église se soumet à Christ. 6. Quelques lectures Un article qui aborde l'aspect culturel du port du voile : https://www.lesdokimos.org/2012/01/10/le-voile-coutume-ou-devoir-religieux/ Un article qui de manière assez complète le sujet du voile, du port du pantalon, etc. : https://www.lesdokimos.org/2012/01/29/le-chretien-et-son-apparence-physique/


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