Les Dokimos



La Bible est-elle raciste ?

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Il y’ a une idée qui circule depuis quelque temps dans les milieux africains et arabo-maghrébins selon laquelle le christianisme serait une religion de blancs. Le sous-entendu est clair : l’islam serait naturellement « black friendly », une religion qui serait par essence non raciste puisqu’elle est née dans des contrées où les blancs, blonds aux yeux bleus sont aussi nombreux que les poissons dans le désert. Un certain nombre de mouvements identitaires (africains, amérindiens, indigènes etc.) se sont également approprié cette idée. Ces gens, qui sont pour la plupart descendants de populations qui ont été réduites en esclavage et colonisées par les occidentaux, militent pour honorer la mémoire de leurs ancêtres, et pour réhabiliter et valoriser leur Histoire ainsi que leur patrimoine culturel et spirituel. Pour beaucoup, l’affirmation de soi passe par un retour aux sources, ce qui inclut le rejet du christianisme pour revenir aux spiritualités ancestrales (animisme, culte des esprits, polythéisme etc.) Il est indéniable qu’il existe des personnes qui se réclament de Christ et qui sont racistes. Tout aussi indéniable est le fait (historiquement prouvé) que les esclavagistes et les colons se sont largement servi de la foi chrétienne comme prétexte pour commettre leurs méfaits et pour théoriser et justifier le racisme. Et oui, il fallait bien que quelqu’un aille évangéliser et civiliser « les sauvages ». Et comme charité bien ordonnée commence par soi-même, ils se sont largement récompensés en faisant main-basse sur toutes leurs richesses. Toutefois, si l’on doit s’appuyer sur ce seul critère pour évaluer le caractère raciste ou non d’une religion, le même procès peut être fait à l’islam puisqu’il s’est imposé, au même titre que le catholicisme, par la force de l’épée. Par ailleurs, bien avant la traite transatlantique orchestrée par les européens entre le XVIème et XIXème siècle, les africains subissaient déjà la traite arabo-musulmane depuis le VIIème siècle. Cette traite négrière a perduré jusqu’ au XXème siècle - soit 14 siècles d’exactions et un nombre de victimes multiplié par 2 voire par 3[1]… Cette réalité historique est facilement vérifiable mais reste étrangement très taboue encore de nos jours[2]. Cependant, puisqu’un procès pour racisme est fait à la foi chrétienne, ouvrons nos Bibles et vérifions si on peut y trouver un quelconque argument en faveur de cette idéologie. Pour rappel, le racisme est fondé sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les races. Il en découle donc une doctrine politique fondée sur le droit pour une race (dite pure et supérieure) de dominer les autres, et sur le devoir de les soumettre pour en tirer profit.

La noirceur, marque posée sur Caïn ?

En 1851, un certain Joseph Smith, fondateur de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours (église mormone pour faire court) a publié la Perle de grand prix qui fait partie des écrits canoniques du mouvement religieux qu’il a fondé. Ce livre se compose entre autres du Livre de Moïse où Joseph Smith dit la chose suivante au chapitre 7, verset 22 :

« Et Hénoc vit aussi le reste des hommes qui étaient les fils d’Adam ; et ils étaient un mélange de toute la postérité d’Adam, à l’exception de la postérité de Caïn, car la postérité de Caïn était noire et n’avait pas de place parmi eux. »[3]

Bien entendu, tous les suprématistes blancs encagoulés du Ku Klux Klan et autre enragés du coin virent dans cette pseudo révélation une confirmation quant à leur supériorité et un encouragement à poursuivre leurs persécutions cruelles à l’encontre des noirs.

Or Joseph Smith était un franc-maçon et un faux prophète qui a fait tout un tas de prédictions, notamment sur la date du retour du Seigneur, qui se sont avérées fausses (Deutéronome 18 :20-22) … Quoiqu’il en soit, il est aisé de réfuter son affirmation concernant Caïn et sa postérité.

Quel que soit l’éclairage que l’on pense avoir sur un verset, il doit s’encadrer parfaitement dans la pensée biblique globale. Or de Genèse à Apocalypse, il n’y a absolument rien qui laisse penser que la malédiction ou la bénédiction soient liées à une couleur de peau en particulier. Il n’y a rien non plus qui laisse supposer qu’une qualité ou un défaut soit rattaché à la couleur de la peau. Par ailleurs, il apparait de manière très claire, et ce dès les débuts, que la faveur d’Elohim ne repose que sur sa grâce et non sur le mérite de l’homme. Ainsi, Moïse ne manqua pas de rappeler au peuple élu ceci :

« Ne parle pas dans ton cœur, quand YHWH, ton Elohîm, les chassera devant toi, en disant : C'est à cause de ma justice que YHWH me fait entrer en possession de ce pays. Car c'est à cause de la méchanceté de ces nations-là que YHWH les chasse devant toi. Non, ce n'est pas à cause de ta justice et de la droiture de ton cœur que tu entres en possession de leur pays, mais c'est à cause de la méchanceté de ces nations-là que YHWH, ton Elohîm, les chasse devant toi, et c'est pour confirmer la parole que YHWH a jurée à tes pères, Abraham, Yitzhak, et Yaacov. Sache donc que ce n'est pas à cause de ta justice que YHWH, ton Elohîm, te donne ce bon pays pour que tu le possèdes, car tu es un peuple au cou raide. Souviens-toi, n'oublie pas que tu as excité la colère de YHWH, ton Elohîm, dans le désert. Depuis le jour où tu es sorti du pays d'Égypte jusqu'à ce que vous arriviez dans ce lieu, vous avez été rebelles contre YHWH. Même à Horeb, vous avez excité la colère de YHWH et YHWH s'est fâché contre vous jusqu'à vouloir vous détruire. » Deutéronome 9 :4-8.

Une révélation doit confirmer ce qui est écrit et non inventer ce qui n’a pas été dit. Or que dit le texte de Genèse 4 au sujet de Caïn ?

« Caïn parla à Abel, son frère. Il arriva que comme ils étaient dans les champs, Caïn s'éleva contre Abel, son frère et le tua. YHWH dit à Caïn : Où est Abel ton frère ? Et il lui répondit : Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère, moi ? Et il dit : Qu'as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre à moi. Maintenant donc tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Quand tu cultiveras la terre, elle ne te donnera plus son fruit, et tu seras vagabond et fugitif sur la Terre. Et Caïn dit à YHWH : Le châtiment de mon iniquité est trop grand pour que je puisse le porter. Voici que tu me chasses aujourd'hui de la face du sol. Je serai caché loin de ta face, je serai vagabond et fugitif sur la Terre, et il arrivera que quiconque me trouvera me tuera. YHWH lui dit : Alors, si quelqu'un tue Caïn, on le vengera sept fois. Ainsi YHWH mit une marque sur Caïn afin que quiconque le trouverait ne le tue pas » Genèse 4 :8-15.

Caïn a tué son frère Abel malgré l’interpellation du Seigneur avant son passage à l’acte (Genèse 4 :6-7). Après avoir commis ce meurtre, il ne manifesta ni remords ni repentance. Bien au contraire, il parla à YHWH avec dédain, montrant ainsi à quel point il s’était endurci. Il attira alors sur lui la malédiction suivante : « Quand tu cultiveras la terre, elle ne te donnera plus son fruit, et tu seras vagabond et fugitif sur la Terre ».

La malédiction de Caïn est pire que celle d’Adam (Genèse 3 :17-18). Son père en était réduit à cultiver une terre hostile à la sueur de son front ; Caïn lui se voit privé de son fruit. En plus de cela, il est condamné à être vagabond et fugitif, ce qui sous-entend qu’il allait devoir errer toute sa vie sans pouvoir se stabiliser quelque part.

Regardons toutefois la suite du texte :

« Alors Caïn s'éloigna de la présence de YHWH et habita dans la terre de Nod, à l'orient d'Éden. Puis Caïn connut sa femme. Elle conçut et enfanta Hénoc. Il bâtit une ville, et appela le nom de la ville d'après le nom de son fils Hénoc. Puis Hénoc engendra Irad, Irad engendra Mehouyaël, Mehouyaël engendra Metoushaël, et Metoushaël engendra Lémek. Lémek prit deux femmes. Le nom de l'une était Adah, et le nom de l'autre Tsillah. Et Adah enfanta Yabal. Il fut le père de ceux qui habitent dans les tentes et près des troupeaux. Et le nom de son frère était Youbal. Il fut le père de tous ceux qui manient la harpe et la flûte. Et Tsillah aussi enfanta Toubal-Caïn. Il forgeait toutes sortes d'instruments en cuivre et en fer. Et la sœur de Toubal-Caïn était Na`amah. Lémek dit à Adah et à Tsillah ses femmes : Écoutez ma voix femmes de Lémek, prêtez l'oreille à ma parole ! En effet, j'ai tué un homme pour ma blessure et un enfant pour ma meurtrissure. Caïn sera en effet vengé 7 fois, et Lémek, 77 fois ! » Genèse 4 :16-24.

Les Ecritures nous disent finalement le contraire de ce que nous pensions avoir compris spontanément.

- Caïn s’est éloigné de lui-même de la présence de YHWH.

- Il n’a pas passé sa vie à errer de lieu en lieu mais il s’est enfui loin de sa famille pour s’établir à Nod (littéralement « exil », « fuite »).

- Il a eu une femme et des enfants.

- Il a bâti une ville du nom de son fils aîné Hénoc (littéralement « dédié », « initié », « consacré ») ce qui prouve qu’il s’est sédentarisé.

- L’un de ses descendants, Lémek, a été le premier polygame de l’Histoire et un meurtrier comme lui qui n’a manifesté ni remords ni repentance.

Il apparaît donc de manière très claire que la postérité de Caïn n’était pas caractérisée par une couleur de peau particulière mais par un état d’esprit résolument impénitent (1 Jean 3 :12 ; Jude 1 :11).

Si Caïn n’a pas passé sa vie à fuir, alors que signifient précisément les mots « vagabond » et « fugitif » ?

- Le mot vagabond vient de l’hébreu nuwd qui signifie « secouer », « vaciller », « errer », « aller çà et là », « s’agiter », « montrer du chagrin ».

- Le mot fugitif vient de l’hébreu noo’ah qui signifie « trembloter », « chanceler », « secouer », « trembler », « errer », « remuer », « faire bouger », « agiter ».

Le champ lexical met fortement en évidence l’idée du tremblement et de la secousse, bien plus que celle du errement. On peut donc émettre raisonnablement plusieurs hypothèses :

- Caïn a été atteint d’une maladie (type Parkinson) qui le faisait trembler.

- Caïn s’est retrouvé possédé, agité par des démons (Luc 9 :39).

- Caïn a perdu la paix, il est devenu fou.

Dans tous les cas, une chose est certaine : il a été atteint de l’esprit d’égarement.

« YHWH te frappera de folie, d'aveuglement et d'égarement d'esprit. Et tu tâtonneras en plein midi comme tâtonne un aveugle dans l'obscurité… » Deutéronome 28 :28-29.

Quant à la marque que YHWH a mise sur lui, il y a deux choses à noter. La première c’est qu’il ne s’agit nullement d’une malédiction mais d’une protection ayant pour but d’éviter à Caïn d’être tué en représailles. Comment ne pas y voir plutôt l’expression de la grâce du Seigneur qui, en lui prolongeant les jours, lui offrait la possibilité de se repentir ?

La deuxième c’est que le mot hébreu employé dans ce passage est ‘owth qui sinifie : « signe », « signal », « marque distinctive », « bannière », « souvenir », « signe miraculeux ». Ce terme ne se rapporte jamais à une couleur de peau dans les Ecritures ; la plupart du temps il est employé lorsqu’il est question de l’intervention d’Elohîm.

La malédiction de Cham pèse-t-elle sur les populations noires ?

« Et Noah, homme de la terre, commença à planter de la vigne. Et il but du vin, s'enivra, et se découvrit au milieu de sa tente. Et Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père, et il le rapporta dehors à ses deux frères. Alors Shem et Yepheth prirent un manteau qu'ils mirent sur leurs deux épaules, et marchant à reculons, ils couvrirent la nudité de leur père. Leurs visages étaient tournés en arrière, de sorte qu'ils ne virent pas la nudité de leur père. Et quand Noah se réveilla de son vin, il apprit ce que lui avait fait son fils cadet. C'est pourquoi, il dit : Maudit soit Canaan ! Il sera l'esclave des esclaves de ses frères. Il dit aussi : Béni soit YHWH, l'Elohîm de Shem, et que Canaan soit leur esclave ! Qu'Elohîm mette Yepheth au large, qu'il habite dans les tentes de Shem et que Canaan soit leur esclave ! » Genèse 9 :20-29.

Ce texte a servi de fondement à un mythe vieux de plusieurs siècles selon lequel les noirs, prétendument descendants de Cham par Canaan, seraient condamnés à une servilité perpétuelle suite à la malédiction de Noé.

Le point de départ de cette dérive gravissime commence au IIIème siècle parmi des rabbins commentateurs de la Torah. Il faut dire que cette histoire de malédiction suscite bien des interrogations. Pourquoi Noé a-t-il été si sévère alors qu’au premier abord tout cela ne semble être qu’une plaisanterie de mauvais gout de la part de son fils ? Et pourquoi c’est Canaan qui, à priori n’a rien fait, se trouve maudit à la place de son père Cham ?

Dans le Midrach Rabbah (commentaires du Pentateuque) et le Berechit Rabbah (commentaires sur la Genèse), des Haggadistes des IIIe et Ve siècle ont émis plusieurs possibilités.

- Cham aurait abusé sexuellement de son père. En effet, lorsqu’on lit par exemple dans Lévitique 18 :7 : « Tu ne découvriras pas la nudité de ton père, ni de ta mère… », il n’est pas question de tomber malencontreusement sur son père ou sa mère alors qu’ils sont nus ; c’est le voyeurisme à leur encontre qui est condamné et bien évidemment l’inceste. Il est donc question d’un péché commis volontairement et non d’une erreur. Rabbi Hay bar Abba était l’un des défenseurs de cette thèse.

- Selon Joseph, Lévy, ou Chiza bar Abba et Jacob Ben Isaac Achkenazi, Cham aurait castré son père[4]. Certains rabbins iront d’ailleurs jusqu’à affirmer que son fils Canaan l’y aurait aidé, ce qui explique pourquoi il a été maudit… Cette hypothèse pour le moins farfelue, qui ne repose sur rien, a pourtant fait son chemin au point qu’on a prêté à Noé ces propos nauséabonds : « Il faut donc que ce soit Canaan, ton premier né, qu’ils prennent pour esclave. Et comme tu m’as rendu incapable de faire de vilaines choses au plus noir de la nuit, les enfants de Canaan naîtront vilains et noirs ! De plus, puisque tu t’es contorsionné pour voir ma nudité, les cheveux de tes petits enfants s’entortilleront jusqu’à devenir crépus, et ils auront les yeux rouges ; en outre, puisque tes lèvres ont plaisanté sur mon infortune, les tiennes vont enfler ; et puisque tu as manqué d’égards pour ma nudité, ils iront tout nus et leur membre viril s’allongera ignominieusement »[5]

- On notera aussi l’explication de Rabbi Hiya bar Abba selon laquelle Cham aurait eu des relations sexuelles dans l’arche alors qu’Elohim l’aurait interdit. Kousch (ancêtre des africains), serait né suite à cette transgression, et en représailles YHWH aurait rendu Cham noir…

Ces élucubrations judaïques ont par la suite été reprises par des chrétiens puis des musulmans qui y ont vu un feu vert divin pour réduire les populations noires (africains mais aussi amérindiens, indigènes etc.) en esclavage et leur ont permis de rendre leur racisme moralement acceptable.

On citera ainsi les propos du carme Maurile de Saint-Michel en 1652 dans Voyage des îles Camercanes : « disons que cette nation porte sur le visage une malédiction temporelle, et est héritière de Cham, dont elle est descendue ; ainsi est née à l’esclavage de père en fils, et à la servitude éternelle… La prière de Noé est entérinée... Que Dieu a épandu les Européens dans l’Amérique, pour habiter dans les demeures des Américains, descendus de Sem ; et que et les descendants de Cham, qui sont nos nègres Africains, les y serviront… »[6]

Les protestants ont également perpétué cette idée, ce fut notamment le cas du pasteur Montandon au XIXe siècle qui enseignait à l’école du dimanche : « Cham aura en Canaan un mauvais fils, et toutes ces générations mauvaises éprouveront de plus en plus la colère de Dieu. C’est une race de Caïns. Canaan sera serviteur de ses frères. Et en effet les contrées qui furent habitées par les descendants de Cham et Canaan, l’Afrique en particulier, ont été, durant une longue suite de siècles, dans un état d’oppression qui subsiste encore. Il suffit de vous désigner les nègres, pour vous rappeler à quel point la sentence de Noé s’est accomplie sur la postérité de Cham. »[7]

Quant aux musulmans, citons Tabari, un célèbre commentateur du Coran: «Sache que toutes les créatures sont sorties après Noé de Sem, de Cham et de Japhet. Les Arabes, les Persans, les hommes blancs de visage, les gens de bien, les jurisconsultes, les savants et les sages sont de la race de Sem ». Et plus loin, sur Cham, ce qu’aurait dit Noé : « Que Dieu change la semence de vos reins : après cela, tous les hommes et les fruits du pays de Cham devinrent noirs. Le raisin noir est de ces derniers »[8]

Or si l’on s’en tient au texte biblique, la question de la couleur de peau n’est pas mentionnée. La raison pour laquelle Canaan a été maudit alors que c’est son père qui est à l’origine de la transgression reste mystérieuse. Peut-être doit-on y voir l’accomplissement de cette parole selon laquelle YHWH « punit l'iniquité des pères sur les fils, et sur les fils des fils, jusqu'à la troisième et à la quatrième génération. » (Exode 34 :7). Quoiqu’il en soit, dans la suite des Ecritures, nous apprenons que les Cananéens sont devenus de grands pécheurs devant YHWH. Ils ont été voués à l’extermination et à l’esclavage à cause de leur idolâtrie qui les a amenés à commettre des abominations (sorcellerie, sacrifices humains, orgies etc. – Exode 3 :8 ; Deutéronome 12 : 29-31)[9].

Toutefois, la vraie question est : Canaan est-il l’ancêtre des Africains, ou même des Amérindiens et des indigènes ? Pour répondre, intéressons-nous à sa généalogie et aux territoires occupés par ses descendants.

« Et les fils de Cham furent : Koush, Mitsraïm, Pouth, et Canaan. » Genèse 10 :6.

« Et Canaan engendra Sidon, son premier-né, et Heth, et les Yebousiens, les Amoréens, les Guirgasiens, les Héviens, les Arkiens, les Siniens, les Arvadiens, les Tsemariens, les Hamathiens. Ensuite, les familles des Cananéens se sont dispersées. Et les limites des Cananéens furent depuis Sidon, quand on vient vers Guérar, jusqu'à Gaza, en allant vers Sodome et Gomorrhe, Adma et Tseboïm, jusqu'à Lésha. Ce sont là les fils de Cham selon leurs familles et leurs langues, selon leurs pays, et selon leurs nations. » Genèse 10 :15-20.

Cham veut dire « chaud, bouillant » ce qui nous donne une indication sur son caractère. Notons que lorsqu’il est mentionné ailleurs dans les Ecritures, il peut désigner les Egyptiens. Il a eu 4 fils :

- Koush, dont le nom signifie « noir, brûlé par le soleil ». C’est lui qui est devenu le fondateur des peuples au sud de l’Afrique ; il est l’ancêtre des éthiopiens dont la couleur de peau n’est un mystère pour personne.

- Mitsraïm, ancêtre des Egyptiens et des territoires coptes qui étaient sans doute noirs également.

- Puth, dont le nom signifie « un arc », ancêtre d’un peuple de l’Afrique du Nord, probablement les Lybiens.

- Canaan, dont le nom signifie « terre basse », ancêtre des phéniciens (libanais) et diverses nations peuplant la Palestine.

Les fils de Canaan furent :

- Sidon, dont le nom signifie « abondance de poisson, pêche » ; la ville portant son nom se trouvait en Phénicie, donc au Liban.

- Heth, dont le nom signifie « terreur » ; il fut l’ancêtre des Héthiens, probablement des Turcs.

Canaan est également l’ancêtre des :

- Jébusiens, les descendants de Jébus, ancien nom de Jérusalem qui signifie « foulé aux pieds, lieu du battage ».

- Amoréens, « diseur, montagnard » : un des peuples de l'est de Canaan et au-delà du Jourdain, que les Israélites ont dépossédés.

- Guirgasiens, « demeurant sur un sol argileux » ; nations vivant à l'est de la mer de Galilée quand les Israélites entrèrent en terre promise.

- Héviens, « village de tentes, villageois » ; peuple qui vivait en Canaan du nord près du Mont Hermon au temps de la conquête.

Etc…

Une lecture attentive et honnête des Ecritures nous prouve que les descendants de Canaan étaient les populations qui habitaient les contrées conquises par les Hébreux après leur sortie de l’Egypte, ce qui correspondent à l’Israël, à la Palestine et une partie du Liban actuels. Les limites du territoire donné aux Hébreux sont d’ailleurs clairement mentionnées dans la Bible notamment en Nombres 34 et dans les 20 premiers chapitres du livre de Josué. Il est aisé de constater que les frontières ne débordent pas en Afrique. De plus, si la malédiction de Noé concernait les Africains, elle aurait logiquement dû tomber sur son fils aîné Koush, or ce dernier n’était pas impliqué dans le scandale qui avait eu lieu. Par conséquent, la malédiction de Cham via Canaan ne peut servir de support pour justifier l’esclavage et la colonisation des populations noires.

Ceci étant dit, mis à part Koush, nous ne savons rien de la couleur de peau des autres fils de Noé, ni de la couleur de peau de Noé lui-même, pas plus que celle d’Adam et Eve. On peut cependant supposer raisonnablement qu’au vu des régions qu’ils habitaient et du climat chaud, leur peau était à minima mâte, n’en déplaise à certains… On observe toutefois que la Bible ne s’attarde que très peu sur les descriptions physiques de ses héros. Quand elle le fait, la couleur de la peau n’est quasiment jamais mentionnée. Pourquoi ? La raison est évidente : c’est un détail qui n’a aux yeux du Seigneur absolument aucune importance.

La Bible est-elle pro-esclavagiste ?

Une autre accusation de racisme est implicitement lancée à l’endroit de la Bible lorsqu’on l’accuse d’être pro-esclavage. Ceux qui ont un tel raisonnement font un raccourci simpliste et erroné en associant systématiquement esclavage et racisme. Or le racisme (systémique) n’est pas la cause de l’esclavage mais une conséquence. En effet, les théories établissant une hiérarchie entre les races au profit des blancs n’ont commencé à se développer qu’à la Renaissance (XVème siècle) et surtout au XIXème siècle. Leur implantation profonde et durable en Occident s’explique par le fait que les autorités publiques les ont largement relayées car elles avaient besoin de justifier leur politique coloniale et pour cela il fallait déshumaniser le plus possible les populations asservies. Ce qui a poussé les colons a traverses les océans c’est l’appât du gain, le véritable mobile était strictement cupide. Pour autant, cela ne veut pas dire que le racisme est une invention récente. En effet, il existe en chaque être humain une tendance naturelle à la xénophobie qui se caractérise par la peur et l’hostilité envers l’étranger, et ce indépendamment de sa couleur de peau. Or la xénophobie sert souvent de terreau fertile à la propagation de discours racistes. L’esclavage quant à lui existe depuis l’Antiquité et a été pratiqué dans toutes cultures. Les esclaves étaient issus des peuples conquis qui pouvaient avoir la même couleur de peau que les conquérants ou non… Le critère de servitude ne reposait pas sur des considérations raciales mais était simplement une affaire de dominant/dominé. La Bible, qui est aussi un livre historique, met d’ailleurs très bien en évidence cette réalité notamment dans l’épisode où Israël est contraint de laisser vivre les Gabaonites initialement destinés à l’extermination.

La conséquence du péché

« Voici comment nous les traiterons : nous les laisserons vivre, afin qu'il n'y ait pas de colère contre nous, à cause du serment que nous leur avons fait. Ils vivront ! leur dirent les princes. Mais ils furent employés à couper le bois et à puiser l'eau pour toute l'assemblée, comme les princes le leur avaient dit. Et Yéhoshoua les fit appeler et leur parla, en disant : Pourquoi nous avez-vous trompés, en nous disant : Nous sommes très éloignés de vous, alors que vous habitez au milieu de nous ? Maintenant vous êtes maudits et vous ne cesserez pas d'être esclaves, coupeurs de bois et puiseurs d'eau pour la maison de mon Elohîm. » Josué 9 :20-24.

L’asservissement a toujours été accompagné d’oppression et de travaux forcés (Genèse 15 :13). Qu’on veuille l’admettre ou non, il s’agit d’une malédiction que beaucoup de peuples, y compris Israël, ont dû subir en raison de leurs péchés. On peut ainsi citer l’exemple des civilisations inca et mayas, grandes adeptes des sacrifices humains, qui ont été exterminées comme les Cananéens en leur temps[10]. L’extermination tout comme l’esclavage sont donc des jugements envoyés par Elohim ; ils peuvent tomber sur n’importe quelle nation, la question de la couleur de la peau ne rentre pas dans les paramètres pris en compte par le Seigneur. Il est donc nécessaire de prendre du recul sur ces questions et de considérer les choses dans leur globalité, de manière neutre, dépassionnée et surtout biblique.

« Les enfants d'Israël firent donc ce qui est mal aux yeux de YHWH, ils oublièrent YHWH et servirent les Baalim et les Ashérim. Othniel, premier juge suscité par YHWH. C'est pourquoi la colère de YHWH s'enflamma contre Israël et il les vendit aux mains de Koushân-Rishéataïm, roi de Mésopotamie. Et les enfants d'Israël servirent Koushân-Rishéataïm pendant 8 ans. » Juges 3 :7-8.

« Nos rois, nos chefs, nos prêtres et nos pères n'ont pas pratiqué ta torah et n'ont pas été attentifs à tes commandements ni à tes témoignages par lesquels tu les as avertis. Ils ne t'ont pas servi durant leur règne, au milieu des grands biens que tu leur accordais, dans le pays vaste et riche que tu avais mis devant eux, et ils ne se sont pas détournés de leurs mauvaises œuvres. Voici, nous sommes aujourd'hui esclaves sur la terre que tu as donnée à nos pères pour en manger le fruit et les biens. Voici, nous y sommes esclaves ! Elle rapporte ses produits en abondance pour les rois que tu as établis sur nous à cause de nos péchés, et qui dominent sur nos corps et sur nos bêtes, à leur volonté, de sorte que nous sommes dans une grande angoisse ! » Néhémie 9 :34-37.

L’esclave, le mercenaire et l’étranger

Le statut particulier de l’esclave

L’idée selon laquelle la Bible serait pro-esclavagiste repose sur un autre élément assez déroutant : l’absence de condamnation directe et formelle de l’esclavage. Une lecture superficielle de certains passages bibliques tend même à laisser penser que YHWH, l’Elohim de la Bible, valide cette pratique. L’extrait suivant en fait partie…

« Pareillement, si ton frère devient pauvre auprès de toi et qu’il se vende à toi, tu ne te serviras pas de lui comme on se sert des esclaves. Mais il sera chez toi comme un mercenaire, comme un étranger, et il te servira jusqu’à l’année du jubilé. Alors il sortira de chez toi avec ses enfants, il retournera dans sa famille et rentrera dans la possession de ses pères. Car ils sont mes serviteurs, parce que je les ai fait sortir du pays d’Egypte. C’est pourquoi ils ne seront pas vendus comme on vend les esclaves. Tu ne domineras pas sur lui avec cruauté, et tu craindras ton Elohim. C’est parmi les nations qui vous entourent que tu prendras ton esclave et ta servante. Vous pourrez aussi en acheter des fils des étrangers qui demeureront chez toi, et même de leurs familles qui seront parmi vous, qui auront engendré dans votre pays, et vous les posséderez. » Lévitique 25 :39-45.

Pour bien comprendre ce qui est dit ici, il faut déjà comprendre les raisons de l’esclavage.

La première raison c’est la malédiction. Souvenons-nous en effet que la première fois que la Bible parle d’esclavage c’est en rapport avec les conséquences du péché de Chaam (Genèse 9 :25). La seconde raison c’est le fait d’être asservi après avoir perdu une guerre (1 Samuel 17 :9).

La troisième raison est évoquée dans le passage que nous venons de lire : une personne qui devient tellement pauvre qu’elle est contrainte de se vendre à autrui pour s’assurer d’avoir le minimum nécessaire pour vivre (le toit et le couvert). Il est indéniable que YHWH tolère l’esclavage. Il est toutefois à noter qu’il demande à son peuple de faire une distinction nette de traitement entre un pauvre issu d’Israël qui se vend pour devenir esclave et un pauvre issu des autres nations. L’esclave israélite devait être traité comme un mercenaire et un étranger qui jouissaient de droits que l’esclave lambada n’avait pas.

En effet, l’esclave avait à peu près le même statut qu’un animal ou un objet : Il appartenait à un maître qui en disposait comme il en voulait. Il pouvait être acheté ou vendu. Son avis et ses envies ne comptaient pas. On ne faisait que lui fournir le nécessaire pour vivre ; pas forcément par bienveillance à son égard mais afin qu’il puisse avoir la force de servir son maître. Il est clair que la maltraitance faisait partie de son quotidien (Genèse 16 :6 ; 1 Rois 9 :20-22). Et cela se comprend d’autant mieux si l’esclave était un prisonnier de guerre issu d’un peuple ennemi. Toutefois, ce n’était pas systématique ni obligatoire. L’exemple de Joseph dans la maison de Potiphar en est une parfaite illustration. La Bible n’encourage d’ailleurs absolument pas les maîtres à se montrer cruels avec leurs esclaves. Bien au contraire, ceux qui sont miséricordieux sont montrés en exemple (Matthieu 18 :23-35 ; Luc 30 :2 ; épître de Paul à Philémon).

« Esclaves, obéissez à vos seigneurs selon la chair avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre cœur, comme au Mashiah, ne les servant pas seulement sous leurs yeux, comme cherchant à plaire aux hommes, mais comme esclaves du Mashiah, faisant de toute votre âme la volonté d'Elohîm, servant avec bonté le Seigneur et non pas les humains, sachant que ce que chacun aura fait de bon, il le recevra du Seigneur, soit esclave, soit libre. Et vous, seigneurs, faites de même envers eux. Renoncez à la menace, sachant que votre Seigneur à vous aussi est dans les cieux, et qu'auprès de lui il n'y a pas d'égard à l'apparence des personnes. » Ephésiens 6 :5-9.

Il est cependant intéressant de noter que l’esclave circoncis et acquis à prix d’argent pouvait manger la Pâque, contrairement à l’étranger et au mercenaire (Exode 12 :44-45). Il y a ici un symbolisme qui nous permet de mieux comprendre ce que la Parole déclare en Actes 16 :31 : « Crois au Seigneur Yehoshoua Mashiah et tu seras sauvé toi et ta maison. » En effet, quand le Salut rentre dans une maison, tous ceux qui sont à l’intérieur en profitent (Luc 19 :9).

« Et même en ces jours-là, je répandrai mon Esprit sur les esclaves, hommes et femmes. » Joël 2 :29.

Au-delà de cela, la possibilité pour un esclave de participer à la Pâque montrait qu’il pouvait aspirer à la liberté s’il plaçait sa foi en celui qui affranchit véritablement : Yehoshoua (Jean 8 :38). Voilà pourquoi YHWH avait établi cette loi en Israël : « Tu ne livreras pas à son maître l’esclave qui se sera sauvé chez toi d’auprès de son maître. » (Deutéronome 23 :16). Ce commandement est confirmé par Paul sous la nouvelle alliance : « As-tu été appelé étant esclave ? Ne t’en inquiète pas mais si tu peux devenir libre, uses-en plutôt. Car l’esclave appelé dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur… » (1 Corinthiens 7 :21-22).

Il y a donc ici l’idée que si un esclave a réussi à recouvrir sa liberté en échappant à son maître, cela signifie que c’est YHWH lui-même qui l’a libéré.

Toutefois, pourquoi Elohim n’a-t-il pas clairement condamné l’esclavage ni sous l’ancienne ni sous la nouvelle alliance ? Souvenons-nous des propos du Seigneur : « Mon royaume n’est pas de ce monde » (Jean 18 :36). Rappelons-nous de la réaction de Yehoshoua quand on a voulu le faire roi : « Or ces gens, ayant vu le signe que Yéhoshoua avait produit, disaient : Celui-ci est vraiment le Prophète qui vient dans le monde. Mais Yéhoshoua, sachant qu'ils allaient venir l'enlever de force pour le faire roi, se retira encore, lui seul, sur la montagne. » (Jean 6 :14-15). Satan est pour le moment le prince de ce monde, or Yehoshoua n’est pas venu lui disputer cette place bien qu’il soit Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Sous la dispensation de la loi comme celle de la grâce, l’objectif d’Elohim n’était pas de changer le monde mais de changer les cœurs, préalable indispensable pour avoir accès à son Royaume et aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre où la justice habitera (2 Pierre 3 :13).

Pour autant, il serait faux de croire que le Seigneur n’a rien fait pour les esclaves. En effet, en véhiculant des valeurs telles que l’amour, la miséricorde, le pardon, la justice et l’équité, le judéo-christianisme a joué un rôle majeur (bien qu’on ne veuille pas l’admettre) pour des avancées sociales telles que l’abolition de l’esclavage, l’abolition de la peine de mort, le repos hebdomadaire des travailleurs, les congés payés (cf. shabbat) et la lutte contre les discriminations raciales et sexistes (Galates 3 :28). Notons pour finir que ce n’est pas parce qu’on décrit une situation par un autre mot que la réalité des choses change. Il existe dans le monde des millions de personnes qui sont « libres » mais qui travaillent dans des conditions pénibles pour des gens richissimes et peu scrupuleux qui leur versent un salaire misérable qui ne leur permet ni de se nourrir, ni de se loger, ni de se vêtir correctement. C’est aussi de l’esclavage.

Le mercenaire

Le mercenaire était une personne pauvre mais libre qui louait ses services soit à la journée soit à l’année pour subvenir à ses besoins (Lévitique 25 :53). On pourrait le comparer à un salarié des temps modernes. A ce titre il avait des droits :

- Son salaire était un dû, autrement celui qui ne le payait pas s’exposait à la malédiction (Lévitique 25 :53 ; Malachie 3 :5).

- Il était interdit de l’opprimer (Deutéronome 15 :18).

« Tu n’opprimeras pas ton prochain, et tu ne le pilleras pas. Le salaire de ton mercenaire ne demeurera pas chez toi jusqu’au lendemain. » Lévitique 19 :13.

- Au même titre que l’orphelin, la veuve et l’étranger, Israël avait l’obligation de pouvoir à sa subsistance en lui permettant de glaner les épis et les fruits tombés à terre (Lévitique 25 :1-7).

Il y a donc dans les Ecritures une condamnation sans équivoque de ceux qui exploitent les travailleurs.

Il est intéressant de noter que la seule fois où les Evangiles parlent du mercenaire (à l’exception d’une mention dans la parabole du fils prodigue en Luc 15 :17-19) c’est lorsque Yehoshoua le compare au bon berger qu’il est lui-même (Jean 10 :11-13).

Le Seigneur met ici en évidence le fait que ce n’est pas parce qu’un mercenaire occupe un poste de berger qu’il l’est véritablement. En effet, le propre du mercenaire c’est de travailler pour servir ses intérêts et non celui des brebis. Voilà pourquoi, dans le Royaume des cieux, le service ne doit pas être rendu contre rémunération autrement on n’est plus serviteur d’Elohim mais un mercenaire.

« Guérissez les malades, rendez purs les lépreux, ressuscitez les morts, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » Matthieu 10 :8.

Ainsi, un véritable serviteur du Seigneur doit se percevoir comme un esclave inutile et non comme un mercenaire à qui l’on doit un salaire (Luc 17 :7-10).

On peut donc voir dans la figure du mercenaire deux typologies de personnes :

- Sous l’ancienne alliance, il représente le pauvre qui travaille durement pour sa subsistance.

- Sous la nouvelle alliance, il représente l’homme cupide qui ne se préoccupe que de ses intérêts personnels.

On voit donc ici une mutation des valeurs liées au travail qui s’est opérée au fil du temps et qui n’a cessé de s’accentuer jusqu’à présent. On ne travaille plus pour vivre mais on vit pour travailler et ceci dans le but d’accumuler des richesses périssables. Pour cela on sacrifie sur l’autel du dieu Mamon : santé, intégrité, vie familiale etc.

L’étranger

Nous voici donc parvenus à la question de l’étranger qui va nous permettre de trancher définitivement la problématique soulevée dans cet article.

Il est tout d’abord intéressant de noter que Abraham, le père de la foi qui est une référence pour tout chrétien, a été lui-même étranger. Le Seigneur l’a poussé à quitter son pays qui était la Chaldée pour s’installer dans la terre de Canaan (Genèse 11 :31). Cela signifie donc que Abraham savait ce que c’est que d’être étranger, tout comme son neveu Lot à qui les sodomites n’ont pas manqué de lui rappeler sa condition lorsqu’il a essayé de les raisonner.

« Va-t-en loin d'ici. Ils dirent aussi : En voilà un qui est venu comme étranger, et il veut nous gouverner, nous gouverner ! » Genèse 19 :9.

Rien de nouveau sous le soleil n’est-ce pas ?

Cette réalité, les patriarches l’ont expérimentée, tout comme les israélites durant leur séjour en Egypte. Aussi, Elohim donna cet ordre aux hébreux : « Si un étranger séjourne dans votre terre, vous ne l'opprimerez pas. L'étranger qui séjourne parmi vous sera pour vous comme l’autochtone parmi vous, et vous l'aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers en terre d'Égypte. Je suis YHWH, votre Elohîm. » (Lévitique 19 :33-34).

Toute personne qui est xénophobe, raciste, foncièrement hostile à l’immigration devrait intégrer ceci : à tout moment les circonstances de la vie peuvent faire de vous un étranger, seul, isolé et démuni quelque part dans le monde. Quant au fait d’être chrétien raciste et xénophobe, c’est un non-sens absolu. On ne peut pas être né d’en haut, avoir l’intelligence renouvelée et nourrir du mépris et de la haine pour son prochain ; car oui l’étranger est aussi notre prochain (Luc 10 :25-38). On ne peut être enfant d’Elohim et avoir de l’aversion pour quelqu’un à cause de sa couleur de peau, ses origines, son genre ou son statut social.

« Mais si vous avez égard à l'apparence des personnes, vous commettez un péché et vous êtes convaincus par la torah comme des transgresseurs. » Jacques 2 :9.

Malheureusement, j’ai pu constater que des personnes qui se prétendent chrétiennes sont encore dans ce péché. On entend ainsi dans leur bouche des propos méprisants, des moqueries, des remarques déplacées, et des préjugés dégradants. Certains essaient d’ailleurs de masquer cette tache morale en essayant de « spiritualiser » leur mépris et leur haine. Ainsi, il arrive souvent que derrière la dénonciation obsessionnelle de l’islam comme fausse religion il y a en réalité la haine des musulmans et des populations arabes et maghrébines. Elohim ne valide pas ce zèle amer.

Un chrétien est appelé à être du coté des faibles et des démunis or l’étranger fait bien souvent partie de cette catégorie de personnes. Comment sommes-nous supposés agir à son égard ? Yehoshoua nous donne une réponse limpide qui devrait faire trembler les racistes qui se croient en Christ.

« Et quand le Fils d'humain viendra dans sa gloire et accompagné de tous les saints anges, alors il s'assiéra sur le trône de sa gloire. Et toutes les nations seront rassemblées devant lui. Et il séparera les uns d'avec les autres, comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs. Et il mettra en effet, les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger. J'ai eu soif et vous m'avez donné à boire. J'étais étranger et vous m'avez recueilli. J'étais nu et vous m'avez vêtu. J'étais malade et vous m'avez visité. J'étais en prison et vous êtes venus vers moi. Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim, et que nous t'avons nourri, ou avoir soif, et que nous t'avons donné à boire ? Et quand est-ce que nous t'avons vu étranger, et que nous t'avons recueilli, ou nu et t'avons-nous vêtu ? Et quand est-ce que nous t'avons vu malade, ou en prison, et que nous sommes venus vers toi ? Et le Roi répondant, leur dira : Amen, je vous le dis, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites. Alors il dira aussi à ceux qui seront à sa gauche : Maudits, retirez-vous de moi et allez dans le feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger. J'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire. J'étais un étranger et vous ne m'avez pas recueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité. Alors ils répondront aussi, en disant : Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim, ou avoir soif, ou être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne t'avons pas servi ? Alors il leur répondra, en disant : Amen, je vous le dis, toutes les fois que vous n'avez pas fait ces choses à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne les avez pas faites. Et ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle. » Matthieu 25 :31-46.

Le racisme n’a donc pas sa place dans l’Eglise et bien entendu aucun raciste n’aura sa place dans le Royaume des cieux. En effet, quand bien même il serait admis au Paradis (chose impensable et impossible), il ne pourrait y être à son aise car au ciel il y aura des hommes et des femmes que le Seigneur a rachetés de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation (Apocalypse 5 :9 ; 7 :9).

Adèle.

Articles intéressants à consulter :

https://www.potomitan.info/chanson/cham.php#35

https://www.temoignages.re/chroniques/di-sak-na-pou-di/le-racisme-anti-noir-et-la-malediction-de-cham,96795

Renvois et sources:

[1] https://www.marianne.net/debattons/tribunes/le-tabou-de-la-traite-negriere-arabe

[2] https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/08/26/traite-negriere-occidentale-et-arabe-l-indignation-selective-de-l-afrique_4988511_3212.html

[3] https://www.churchofjesuschrist.org/study/scriptures/pgp/moses/7?lang=fra

[4] https://books.google.fr/books?id=vJtYpzmgl5UC&pg=PA148&lpg=PA148&dq=Haggadistes&source=bl&ots=DaafbdgzEM&sig=ACfU3U1iHoWu-jkqxQUR1RmORVUyX8CYLw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjH6oexkpPrAhXGxYUKHXxqBWkQ6AEwBHoECAoQAQ#v=onepage&q=Haggadistes&f=false

[5] Robert Graves et Raphaël Patai, Les mythes hébreux, Paris, Fayard, 1987, pp. 129-134.

[6] Cité par de nombreux auteurs, dont Antoine Gisler, L’esclavage aux Antilles françaises (XVIIe-XIXe siècle). Contribution au problème de l’esclavage, (1965), nouvelle éd. rev. et cor., Paris, Karthala, 1981, p. 153, note 2.

[7] Cité par Allier in ibid., pp. 24-25, qui le tire de A.-L. Montandon dans Étude de récits de l’Ancien Testament, en forme d’instruction pour écoles du dimanche, Paris-Genève, Librairie Joël Cherbulier, 1848, p. 57.

[8] Cité in ibid. et tiré de Tabari, La Chronique VI. De la création à David, de Salomon à la chute des SAS, Paris, Sindbad, 2001.

[9]https://www.tpsalomonreinach.mom.fr/Reinach/MOM_TP_071917/MOM_TP_071917_0001/PDF/MOM_TP_071917_0001.pdf

[10] https://www.geo.fr/histoire/pourquoi-les-azteques-organisaient-ils-des-sacrifices-humains-192970

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