Dans la chambre

« Et quand tu pries, ne sois pas comme les hypocrites, car ils aiment faire leurs prières en se tenant debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des gens. Amen, je vous le dis, ils reçoivent leur récompense. Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, et ayant fermé ta porte, prie ton Père qui est là dans le secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, te récompensera publiquement. » Matthieu 6 :6.

Nous avons dans cet extrait du discours de Yéhoshoua sur la montagne un enseignement d’une grande richesse qui devrait résonner dans nos cœurs de manière particulière en ces temps de confinement. Nous sommes dans la partie où le Seigneur condamne l’hypocrisie et il illustre son propos par trois exemples :

- Le fait de sonner de la trompette lorsque l’on fait l’aumône afin d’être glorifié par les gens (Matthieu 6 :2-4).

- Le fait de prier debout dans les synagogues et aux coins des rues pour être vus des gens (Matthieu 6 :5).

- Le fait d’afficher volontairement une mauvaise mine pendant le jeûne afin que les gens le sachent.

Ce comportement met en exergue un christianisme d’apparat, un christianisme mondain dans lequel on affiche ses bonnes actions de la même manière que l’on affiche sa nouvelle garde-robe. En effet, on retrouve ce genre d’attitude chez les gens du monde, notamment chez les personnalités riches et célèbres qui se débrouillent pour que l’on sache qu’elles ont fait don de telle somme d’argent qui parait énorme mais qui est minime eu égard à la fortune que ces personnes gardent pour elles ; ou encore ceux qui s’affichent dans les médias en train d’enlacer de pauvres orphelins débraillés, sales, harcelés par les insectes et ayant la goutte au nez.

Bien entendu, les exemples fournis par le Seigneur ne sont pas exhaustifs. On pourrait ainsi citer les chrétiens qui, sous prétexte de glorifier Elohim, ne peuvent s’empêcher de raconter leurs songes et leurs visions, de dire à quel point les gens étaient subjugués par leur prédication, de préciser combien ils forts pour chasser les démons etc. Ces comportements hypocrites sont favorisés par les assemblées (synagogues, églises etc.) qui, bien qu’ayant pour vocation la communion fraternelle, sont pour beaucoup des lieux de représentation. N’oublions pas en effet que le mot hypocrite (du grec hupocrites) désigne un interprète, un acteur, un joueur de théâtre. Or que ce serait un acteur sans un public pour le regarder, l’écouter et l’admirer ? Bien évidemment, le Seigneur lit les cœurs, il ne peut être impressionné par ce qui frappe les regards ni être trompé par les apparences (1 Samuel 16 :7). Ainsi, il sera au milieu de n’importe quelle assemblée qui se réunit véritablement en son Nom, même s’il n’y a que deux ou trois personnes (Matthieu 18 :20). Mais il peut également être complètement absent d’une assemblée qui compte plusieurs centaines de membres hypocrites. Voilà pourquoi certains d’entre nous ont fréquenté pendant des années des églises sans jamais y avoir rencontré Elohim. Il y a cependant un endroit où le Seigneur promet d’être présent quand on l’invoquera : notre chambre.

Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter de la fermeture des églises que ce soit en raison d’une pandémie ou d’une persécution. Que les églises bâtiment soient ouvertes ou non, le Seigneur nous dit : Entre dans ta chambre, dans ton lieu secret, ferme la porte derrière toi, je t’y attends. Et vous savez quoi ? Il n’a pas attendu que nous soyons confinés pour nous dire cela, chaque jour le Seigneur vient nous visiter dans nos chambres, prêt à se révéler, à nous parler, à nous bénir, à nous montrer des choses cachées. Or beaucoup sont ceux et celles qui vont dans les assemblées avec l’espoir que Elohim les visite là-bas alors que le Seigneur les attend chez eux. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, sauf si on ne veut pas s’investir personnellement dans une relation avec le Seigneur et qu’on délègue cela aux pasteurs et aux prophètes. Un enfant d’Elohim, qui a en plus derrière lui plusieurs années de conversion, ne peut pas se satisfaire de ce type de relation. Elohim non plus d’ailleurs, c’est pourquoi au bout d’un moment il cessera de parler par la bouche des autres, jusqu’à ce qu’on soit disposé à l’écouter quand il vient nous visiter en tête à tête.

Ce temps de confinement est certes un shabbat forcé, mais aussi un face-à-face que le Seigneur nous impose avec lui. Quand on se retrouve seul dans sa chambre, tout le monde enlève son masque et son maquillage… Ainsi, nous vivons actuellement un grand moment de vérité. Saisissons l’occasion pour devenir authentiques car c’est fatiguant d’être hypocrite.

Réalisons bien ce que nous dit Yéhoshoua : Le Père est là dans le lieu secret. Le Père voit dans le secret. Cela est vrai en temps normal, mais cela l’est encore plus maintenant que nous sommes tous assignés à domicile. Nous ne pouvons plus l’ignorer ni invoquer les excuses habituelles pour ne pas chercher la face du Seigneur dans la prière. D’autant plus que des temps encore plus difficiles approchent. Celui qui ne profite pas de ce shabbat pour reprendre des forces dans la présence du Seigneur, pour ressouder ses liens avec lui, pour approfondir ses racines en lui, ne pourra résister aux tribulations qui arrivent.

L’agitation de la vie quotidienne et les multiples séductions du monde ont fait oublier à beaucoup que le Père est là dans le lieu secret et qu’il voit tout. Il voit tout ce qui se fait à l’abri des regards : les adultères, les vols, les meurtres, la sorcellerie et toutes les choses semblables. Il voit tout.

« Il me conduisit donc à l'entrée du parvis. Je regardai et je vis qu'il y avait un trou dans le mur. Il me dit : Fils de l'homme, perce maintenant le mur ! Je perçai le mur, et voici, il y avait une entrée. Puis il me dit : Entre et regarde les méchantes abominations qu'ils commettent ici ! J'entrai et je vis qu'il y avait toutes sortes de figures de reptiles et de bêtes abominables, ainsi que toutes les idoles de la maison d'Israël, peintes sur le mur tout autour. 70 hommes des anciens de la maison d'Israël, au milieu desquels était Ya`azanyah, fils de Shaphan, se tenaient debout devant ces idoles. Chacun avait l'encensoir à la main, d'où s'élevait une épaisse nuée d'encens. Alors il me dit : Fils de l'homme, vois-tu ce que les anciens de la maison d'Israël font dans les ténèbres, chacun dans sa chambre pleine de figures ? Car ils disent : YHWH ne nous voit pas, YHWH a abandonné le pays. » Ezéchiel 8 :7-12.

« Mais Éhoud revint depuis les idoles de pierre, qui étaient près de Guilgal et il dit : Ô roi ! j'ai quelque chose de secret à te dire. Et il lui répondit : Tais-toi ! Et tous ceux qui étaient auprès de lui sortirent de là. Éhoud s'approcha de lui, comme il était assis seul dans sa chambre haute rafraîchissante, et il dit : J'ai une parole d'Elohîm pour toi, alors le roi se leva du trône. Et Éhoud avança sa main gauche, tira l'épée de son côté droit et la lui enfonça dans le ventre. Et la poignée elle-même entra après la lame, et la graisse se referma tellement autour de la lame qu'il ne pouvait retirer l'épée du ventre, et il en sortit de l'excrément. Éhoud sortit par le portique, ferma après lui les portes de la chambre haute et tira le verrou. » Juges 3 :19-23.

Le calme et le silence imposés par le confinement sont propices à la réflexion et à la remise en question. Pour beaucoup, ce sera la dernière opportunité de repentance. Ainsi, en fonction de la disposition de notre cœur, le Seigneur peut venir dans nos chambres soit pour nous sauver soit pour nous juger. Faisons dès à présent le bon choix car le chemin devient de plus en plus étroit.

Adèle.