Les Dokimos



Esther et Olivier : nos yeux se sont ouverts !

broken-chain.jpg

Esther et OlivierLes Dokimos : Bonjour Esther et Olivier, vous avez accepté d’échanger avec nous, pour ce numéro sur le thème du système de l’homme impie, vos témoignages qui sont très significatifs. Malgré différentes péripéties, vos cœurs ont longuement cherché Dieu, d’abord personnellement, puis ensemble puisque vous êtes mariés depuis 2006. Comment avez-vous connu le Seigneur Jésus ?

Esther : J’ai connu Jésus à l’âge de 18 ans. À cette époque, j’étais très instable et souvent en conflit avec ma mère. Mais un soir, au lieu d’hausser le ton, ma mère m’a fait lire ce passage de la Bible: « Il y a six choses que hait l'Éternel, et même sept qu'il a en horreur ; les yeux hautains, la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent, le cœur qui médite des projets iniques, les pieds qui se hâtent de courir au mal, le faux témoin qui dit des mensonges, et celui qui excite des querelles entre frères. Mon fils, garde les préceptes de ton père, et ne rejette pas l'enseignement de ta mère » (Proverbe 6:16-20). J’ai alors eu un déclic et j’ai senti le besoin de me repentir. Suite à cela, j’ai fait des songes et notamment un où je voyais Jésus me dire « tes péchés sont pardonnés ». J’ai donc décidé de me faire baptiser, mais ce fut un véritable combat. L'assemblée à laquelle j'appartenais imposait des cours de baptême que je n’avais pas suivis et de ce fait, le pasteur refusa de me faire passer par les eaux du baptême. Selon la doctrine de cet homme, je n'étais d'ailleurs pas sauvée car il enseignait que cet acte était obligatoire pour accéder au salut. Ce n'est que bien plus tard, que j'ai compris que c’était faux.

Olivier : Elevé par une famille d’accueil, j'ai été suivi par une association protestante jusqu'à mes 18 ans. À ma majorité, j'ai fréquenté des camps chrétiens payants, où plusieurs orateurs passaient pour nous distraire. Le concept de l'impudicité et de la sanctification n'étaient pas enseignés et, tout comme dans les camps pour jeunes du monde, les garçons pouvaient partager leurs lits avec les filles et les couples s’affichaient publiquement. Ces camps existent toujours et nombre de jeunes « chrétiens » y passent leurs vacances. Côtoyant le milieu chrétien et tous ses grands et beaux ministères, j’étais surpris et troublé de constater qu’aucun d’eux n’acceptaient de prier pour mon frère en difficulté.

Cependant, j’ai continué à chercher Dieu dans ces mouvements. Pensant que cela m'aiderait dans ma quête, j’ai intégré l’une de ces assemblées qui est en lien avec une école prophétique payante à Montélimar, pour y suivre des cours qui coûtaient 500 euros par mois. C'est dans cette assemblée que j’ai rencontré Esther. Nous avons assisté à beaucoup de choses que nous considérions à l'époque comme des manifestations de l'Esprit de Dieu : des paillettes d’or tombaient dans la salle ou dans les cheveux des orateurs ou encore des implants en or apparaissaient dans la bouche de certains. Nous faisions même la queue pour recevoir des prophéties que nous notions dans nos cahiers, attendant patiemment qu'elles s'exaucent. Mais tous ces miracles et prophéties n’ont pas empêché « l’entreprise » de mettre la clef sous la porte.

Les Dokimos : Sans église, comment as-tu fait pour poursuivre ta quête de Christ ?

Olivier : Alors que je préparais mon BTS banque, j’ai commencé à fréquenter une église de maison qui s'appelle « Maison de miséricorde ». Très proche du dirigeant qui se disait apôtre, j'allais dîner tous les mercredis soir chez lui et sa femme. Je devais les appeler respectivement « Papa et Maman ». J'avais en charge certaines tâches comme faire la vaisselle ou encore surveiller leurs enfants. Ils me disaient qu’en servant l’homme de Dieu de cette manière, je bénéficierais de son onction, me donnant comme exemple Benny Hinn et son pasteur assistant John Bevere. C'est lui qui nous a mariés Esther et moi et qui a célébré notre bénédiction nuptiale. Aujourd’hui, je suis conscient que tout ce qui s’est passé entre ce couple et moi, tant au niveau spirituel, matériel et émotionnel, a créé un lien d’âme. Dans le cadre de mes études, j'ai dû me rendre à Paris et cet homme m’a orienté vers l’un de ses confrères et ami. Là aussi, je me suis retrouvé à lustrer les assiettes et à faire du baby-sitting.

En 2006, j’ai été consacré diacre et trésorier de cette assemblée parisienne. De ce fait, j'assistais aux réunions pastorales où je côtoyais de très grands noms du milieu pastoral parisien. C’est avec passion que je gérais toutes les entrées et sorties d’argent de notre assemblée. Enfin, ma vie avec Christ « portait des fruits » ! Du fait de mon grade élevé, j'étais le chauffeur personnel de l'apôtre et mon appartement devenait, de temps à autre, le sien. Mais je ne m'inquiétais pas des repas car chaque jour des frères et sœurs, lui apportaient à manger à tour de rôle.

Les Dokimos : On peut dire que tu étais leur homme à tout faire, mais devais-tu aussi mettre la main à la poche ?

Olivier : Je devais souvent avancer de l'argent à cet apôtre pour les réservations d'hôtels, de trains ou d'avions mais seulement une infime partie m'a été remboursée.

Les Dokimos : As-tu constaté des sorties d’argent frauduleuses quand tu étais trésorier ?

Olivier : Pas de manière directe. Une fois il est arrivé que l'on me demande de préparer une offrande spéciale de 1500 euros, afin de la remettre à l'un de ses confrères, sans compter les 800 euros pour la location de la salle.

Les Dokimos : Esther, as-tu aussi été victime de ce type de choses ?

Esther : Effectivement, une fois il m'a dit qu'il avait reçu de Dieu que je devais aller avec lui au Cameroun pour l’accompagner au piano. Quelle coïncidence ! Moi qui suis d’origine camerounaise… Mais Olivier ne faisait pas partie du voyage ni sa femme, d’ailleurs. Pour cette mission nous étions trois : lui, un diacre et moi.

Oliver : J’aimerais ouvrir une parenthèse concernant cette histoire. J’avais trouvé déplacé qu’à l’aéroport, la femme du diacre ait demandé à mon épouse, comme un agent de la douane, d’ouvrir sa valise pour vérifier s’il n’y avait pas de vêtements aguichants qui « risquaient de faire tomber son mari »…

Esther : Arrivée au Cameroun, je n’ai touché aucun piano, mais je devais rester à ses côtés. Il avait des attitudes légères : il m’appelait « ma fille » tout en se collant à moi. Un jour, je voulais mettre mes sandales, mais il me menaça en ces termes : « tu ne marches pas à côté de moi si tu ne mets pas de talons ! ». Gloire à Dieu, je logeais seule dans une maisonnette, de ce fait j’ai pu garder mon intimité. Mais cela n’a pas été le cas pour d’autres femmes. En effet, nous avons appris par la suite qu’il avait couché avec une femme prétextant qu’il avait « l’onction salomonique » ainsi qu'avec une autre femme, fiancée d’un frère, qui a eu une petite fille suite à cette relation.

Olivier : Pendant cette mission au Cameroun, je voyais de l’argent sortir de notre compte joint. Quand j’ai questionné Esther à ce sujet, elle m'a expliqué que l’homme de Dieu lui en avait demandé pour qu'il puisse s'acheter un parfum à 80€ ainsi que 150€ pour soutenir une famille dans le besoin.

Esther : À chaque retrait, l’apôtre attendait derrière moi. En revenant en France, Olivier m’a demandé d’aller le voir afin qu’il nous rembourse mais il a répondu qu’Olivier ne pouvait rien lui refuser. C'est à ce moment que nos yeux ont commencé à s’ouvrir. Peu à peu, nous avons compris que les principales motivations de ces ministères étaient l’argent, l’orgueil et l’adultère.

Olivier : Ensuite, nous avons fréquenté pendant un temps une assemblée située en région parisienne, dirigée par un « ministère doctoral ». Cet homme a proposé à l’assemblée un projet d’achat de 5 hectares au Togo, en collaboration avec deux pasteurs togolais, l’un établi au Togo et l’autre en France. Il était prévu de produire des céréales sur ce terrain, puis de les vendre. L’argent devait financer l’œuvre au Togo. Naïvement, j’ai semé dans ce projet comme la plupart des frères et sœurs de l’assemblée. En plus de ces 5 hectares, on nous a proposé d’acheter 5 autres hectares à notre nom. Étant donné qu'Esther et moi avions à cœur de bâtir un orphelinat, je n'ai pas hésité à donner nos économies prévues pour l'achat d'une voiture, afin d'investir dans l'œuvre de Dieu au Togo, soit 1900 euros.

Les Dokimos : Qu’est-ce qui vous a complètement fait ouvrir les yeux ?

Olivier : Le jour où un frère m'a expliqué que je risquais de faire de la prison pour blanchiment d'argent. En effet, j'avais ouvert pour l'assemblée un compte en banque mais en mon nom. J’en ai donc parlé immédiatement au dirigeant, qui surpris, m'a dit de ne pas m’inquiéter car l’un de nos frères était juriste… Bien décidé à fermer ce compte et à lui remettre le contenu, je ne cessais de lui en parler mais les discussions devenaient de plus en plus conflictuelles. Finalement, il m’a dit que si j’avais de telles positions, je n’avais qu’à démissionner ! J’étais choqué de voir que la situation prenait une telle tournure, juste parce que je voulais être en règle avec les lois françaises, alors que je m'étais investi toutes ces années auprès de lui. Esther commençait de son coté à subir la médisance de la part des autres femmes de l'assemblée. Cela m’a fait mal au cœur, mais nous n'avons pas cédé à la pression. J'ai démissionné, clôturé le compte et remis tous les documents de la trésorerie au responsable qui n’a pas manqué par la suite d’appeler toutes les personnes de son œuvre afin de les retourner contre nous. En agissant de la sorte, il manipulait les gens afin de les dissuader de suivre notre exemple.

Par la suite, j’ai reçu des textos de condamnation où on me traitait de païen. J’ai demandé qu’on me restitue l’argent que j’avais donné pour le terrain au Togo, soit 1900 euros, avec l’acte de propriété, en vain jusqu'à ce jour.

Suite à cela, en lisant des témoignages et en suivant des prédications sur Internet qui reprennent point par point ce que nous avons vécu, j'ai compris que nous n'étions pas les seuls en France, mais aussi dans le monde, à avoir vécu ce genre de choses et que c'est un système ! Du coup, j’appréhendais de me rendre dans les assemblées. Mais un jour, alors que regardais une prédication interpellant les chrétiens sur le fait que l'Église est remplie de pratiques païennes, la présence de Dieu est descendue dans la maison et j’ai fondu en larmes.

Les Dokimos : Selon vous, pourquoi avez-vous succombé à la séduction de ces hommes ?

Olivier : Nous voulions œuvrer pour Christ. On nous disait que pour cela il fallait servir l'homme de Dieu et être consacré par un serviteur de Dieu pour que je puisse lui succéder. J'étais ignorant, jeune en âge et dans la foi. Je manquais d'enseignements. Sans famille, j'ai été placé en famille d'accueil, j'étais sans protection et sans conseillers. J'étais naïf et mon éducation protestante laxiste m'a certainement rendu vulnérable vis-à-vis de certaines personnes qui se présentaient comme étant des serviteurs de Dieu en qui je voyais un soutien. Ils auraient dû avoir pour moi un rôle d'aîné dans la foi.

Pour que vous compreniez comment ils opèrent, je vais expliquer brièvement comment nous nous sommes retrouvés en 2009 à la tête d'une assemblée. Le couple pastoral de l'assemblée de l'Ile-de-France, a eu selon eux un appel pour les Antilles et la Guadeloupe en particulier. Il m'a donc annoncé que j'allais désormais diriger l'assemblée en tant que pasteur adjoint en collaboration avec une femme célibataire, sa secrétaire, qui elle aussi serait pasteur. Il m’a expliqué qu'il me formerait à distance, je devais filmer les prédications et les lui envoyer pour qu’il les corrige en me faisant part de son analyse. De plus, je devais acheter des livres pour apprendre à prêcher l’évangile avec puissance ou les lois spirituelles. Sans même attendre ma réponse, il m’a propulsé au rang de pasteur adjoint et m’a présenté à ses amis pasteurs comme celui qu'il formait. Je ne devais pas m'inquiéter et pour me rassurer il m’a dit : « Tu as la couverture pastorale. Ne t’inquiètes pas, tu peux te proclamer pasteur. On va vous consacrer avec l’onction d’huile ». En bon adjoint, je me suis rendu avec lui à la pastorale de Cergy. Lors des conférences annuelles des dirigeants d’assemblée, chaque dirigeant invité vient avec ses adjoints et chacun de ces adjoints a une tâche à accomplir : s'occuper de la nourriture, du nettoyage de la salle, de la préparation de la sainte cène... C'est durant ce type de réunions que les programmes des différentes assemblées sont décidés et qu'ils essaient de contrecarrer les messages qui amènent à un retour simple à l'Évangile. J'y ai même rencontré une femme qui avait pour fonction de faire les devoirs de son pasteur afin qu'il obtienne son diplôme théologique. Fort heureusement, Dieu ne m'a pas laissé m'embarquer dans cette histoire et m'a interpellé sur le fait que si j'acceptais ce poste, ce serait ma mort spirituelle. Car si on n'est pas appelé à un poste par Dieu, on ne pourra pas supporter les attaques qui sont proportionnelles à l'appel.

Les Dokimos : Que ressens-tu vis-à-vis de ces personnes ?

Olivier : Je ne leur en veux aucunement, la bible dit dans Zacharie 2:8 : « Car ainsi parle l'Éternel des armées : Après cela, viendra la gloire ! Il m'a envoyé vers les nations qui vous ont dépouillés ; Car celui qui vous touche, touche la prunelle de son œil ». Je ne veux pas aller en enfer pour 1900 euros, donc j'ai laissé toute cette histoire entre les mains de Dieu. Nous bénissons et prions pour ces couples ainsi que tous ces frères et sœurs qui sont encore captifs afin qu’ils ouvrent les yeux si c’est encore possible.

Esther : J’ai personnellement compris que si on aime réellement Dieu, que l'on garde ses commandements, Il ne nous laissera jamais dans les ténèbres. Ceux qui lui appartiennent, Il les fera sortir de ces systèmes au moment opportun. « Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent » Jean 10:27.

Les Dokimos : Avez-vous des conseils à donner à ceux qui se reconnaitraient dans votre témoignage ?

Olivier : Soyons sincères avec nous-même et avec Dieu. Nous pourrons alors plonger nos regards dans sa parole et nous y conformer. « Ainsi parle l'Éternel : Maudit soit l'homme qui se confie dans l'homme, Qui prend la chair pour son appui, Et qui détourne son cœur de l'Éternel ! » Jérémie 17:5. Pour notre part, nous n'avons pas été assez vigilants. Nous n'avons pas assez veillé et prié comme le recommande la Parole. Si nous l'avions fait, nous ne serions pas tombés dans le piège du sentimentalisme et de l'activisme. Mais, par sa grâce, il a fait tomber les écailles de nos yeux, car malgré nos erreurs, nos cœurs étaient purs et nos intentions bonnes vis-à-vis de lui. Nous voulions seulement le servir. Ce sont les hommes qui, voyant cela, nous ont utilisés pour leur profit.

1 commentaire
1 commentaire

Laisse un commentaire

Your email address will not be visible.

  Avertissez-moi des commentaires suivants

1 commentaire

  • maggs973   
    8 Février 2014 22:51

    Gloire à Dieu, Il a vu votre cœur et n'a pas permis que vous restiez dans l'aveuglement. Dans mon assemblée, le "pasteur" choisi de lui-même les personnes qu'il veut mettre à certains postes (chantre, diacre, secrétaire, ...) Il s'entoure de personnes qui lui rapporte quelque chose, il ne s'inquiète plus de l'état des âmes, méprise et écrase ouvertement les plus faibles et il se fait constamment passer pour une victime... Détailler ce qu'il fait prendrait du temps, j'avoue que je suis dégoûtée et je me rends compte que toutes ces années passées dans les murs de cette assemblée m'ont fait plus de mal que de bien... J'en suis sortie mais voilà, je n'ai personne avec qui partager et quand j'essaye de parler à ceux qui sont restés, ils considèrent qu'en dehors de l'assemblée, c'est la mort.
    Une sœur a eu une vision où elle a vu que sa fin approche... ça me fait froid dans le dos n'empêche. Que Dieu vienne en aide à tous ceux qui sont dans l'aveuglement afin qu'eux aussi ouvrent les yeux par la grâce du Seigneur Jésus.

    Répondre