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La fête de la Saint-Valentin est-elle vraiment sainte ?

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Comme pour beaucoup de fêtes, les origines de cette fête des amoureux remontent à des temps anciens. Comme à chaque fois, le choix de la date n'est pas le fruit du hasard. Dans la plupart des civilisations antiques, cette période coïncidait avec la fin l'année et annonçait le retour des beaux jours. C'était le temps de la purification, de la renaissance, des accouplements et donc de la fécondité. La nature peu à peu reprend vie, la sève des arbres monte, les oiseaux reviennent de leur temps d'hivernage et s'accouplent…


veus panPour les romains toutes les fêtes qui avaient lieu pendant cette période comméraient la mort et/ou la renaissance. La date du 15 février était consacrée au dieu des troupeaux et de la fécondité Faunus-Lupercus (assimilé au dieu arcadien Pan). Lors de ces célébrations, douze prêtres appelés luperques, sacrifiaient des boucs (animal symbole de la fécondité) dans la grotte du Mont Palatin, celle-là même où Rémus et Romulus furent recueillis et élevés par une louve. Une fois le sacrifice accompli, les douze luperques enivrés, le visage badigeonné du sang des boucs sacrifiés, vêtus seulement de leur peau, sillonnaient la ville en riant. Munis de lanières de peau de bouc, ils flagellaient toutes les femmes qui se trouvaient sur leur passage dans le but de les rendre fécondes. Si elles étaient enceintes ou allaitantes, ce traitement spécial avait pour but d’atténuer les douleurs de l'enfantement et de favoriser la montée de lait.


lupercalesA la fin de cette fête, un banquet était donné en l'honneur de la déesse Junon, déesse du mariage, équivalent de la déesse grecque Héra. Selon la tradition (peu de preuves archéologiques viennent cependant prouver ces faits), durant le banquet, les noms des jeunes filles étaient écrits sur des petits papiers et déposés dans des urnes et les jeunes hommes piochaient dedans. Des couples se formaient alors pour un soir ou pour la vie. Certains historiens estiment que la fête des Lupercales, avec les fêtes de Liberalia et de Mamuralia, faisaient partie intégrante d'un rite initiatique de passage marquant la fin de l'enfance.


C'est le pape Gélase 1er qui proposa en 495 de mettre fin à ces solennités païennes et licencieuses et de les remplacer par la commémoration de saints martyrs catholiques portant le nom de Valentin et ce le 14 février. Ce n'est pas la mémoire d'un mais de sept Valentins qui était commémorée ce jour là. Toutefois, un saint est plus particulièrement associé aux amoureux et deviendra par la suite leur saint patron. Il s'agit d'un prêtre, thaumaturge, romain du IIIème siècle, vivant sous le règne de l'Empereur Claude. Il aurait été arrêté, emprisonné et décapité pour avoir marié des soldats de l'armée romaine alors que cela avait été formellement interdit par l'Empereur. La tradition lui attribuerait un miracle, celui d'avoir fait recouvrir la vue à la fille de son geôlier, ce qui aurait entraîné la conversion de toute sa famille. Avant sa décapitation, il aurait laissé un billet à la jeune miraculée, signé «Ton Valentin ».


Il n'y a donc aucun lien entre la commémoration des Valentins et celle des lupercales. Gélase ne faisait que rajouter un énième syncrétisme, comme il a pu le faire pour la Chandeleur. C’est le Pape Alexandre IV, qui pliant sous le poids des traditions (comme celle qui suit), leur donna une légitimité toute catholique et fit de Valentin le patron des amoureux. Au Moyen Age, un curieux jeu, qui n'est pas sans nous rappeler les lupercales, avait lieu le 14 février. Les jeunes filles célibataires des villages se dispersaient dans les campagnes et forêts d’alentour pour s'y cacher en attendaient que les jeunes garçons célibataires les trouvent. À l’issue de ce cache-cache géant, des couples se formaient, pour la journée ou pour la vie. Vous imaginez bien que les rencontres n'étaient pas fortuites et que les arrangements, avant ladite fête, étaient de mise. C'était une version plus « sanctifiée » du banquet en l'honneur de la déesse Junon, cependant le but était le même.


Peu à peu, le 14 février est devenu la journée de « l'amour courtois ». Les premières mentions de cette célébration avec une connotation amoureuse, ont eu lieu en Angleterre au XIVème siècle. Dans ce pays profondément marqué par les légendes celtes, il existait une croyance selon laquelle les oiseaux s'accouplaient à cette période de l'année. S'inspirant donc de la nature, les jeunes anglo-saxons choisirent cette date pour se mettre en couple. C'est aussi à cette époque que les amoureux commencèrent à s'envoyer des billets doux et à s’appeler mutuellement « mon valentin », « ma valentine ». Cette coutume a traversé les mers, par le biais de la diffusion des poèmes d'Othon de Granson. « Je vous choisis, noble loyal amour, Je vous choisis, souveraine plaisance, Je vous choisis, gracieuse doulçour, Je vous choisis, très douce souffisance, Je vous choisis de toute ma puissance, Je vous choisis de cœur entier et vrai, Je vous choisis, par telle convenance, Que nulle autre jamais ne choisirai. Je vous choisis, des belles la meilleure, Je vous choisis, sans penser décevance, Je vous choisis des plus belles la fleur, Je vous choisis sans faire variance, Je vous choisis, ma droite soustenance, Je vous choisis, tant com * je puis ne sais, Je vous choisis et si vous affiance Que nulle autre jamais ne choisirai. Je vous choisis, confort de ma langueur, Je vous choisis pour avoir allégeance, Je vous choisis pour guérir ma douleur, Je vous choisis pour saner * ma grevance, Je vous choisis sans fin en persévrance Je vous choisis et choisie vous ai. SaintValentin en prends en témoignance Que nulle autre jamais ne choisirai ».


Le 14 février n'a jamais pu devenir véritablement une fête catholique et religieuse car elle a toujours gardé la marque de la renaissance et de l'accouplement des animaux. Le Vatican l'ayant bien compris, a modifié son calendrier : désormais le 14 février est dédié à deux frères, Saint Cyril et Saint Méthode qui ont œuvré au IXème siècle à la propagation de la foi catholique dans les pays slaves.

LUXURE ET JOUG SOCIAL


Ce n'est pas parce que cette fête n'est pas estampillée catholique que nous, enfants de Dieu, devons céder aux sirènes des traditions mondaines. Surtout quand on voit ce que le marketing nous pousse à offrir. Si les lupercales célébraient la fécondité, Odon de Grandson l'amour courtois, notre siècle célèbre quant à lui la luxure. Il est rare qu'un homme offre ce jour-là à l'élue de son cœur un fer à repasser ou une friteuse. Généralement les présents échangés sont des symboles de séduction. Les quatre cadeaux phares sont le bouquet de fleurs, généralement des roses rouges (symbole de la passion amoureuse), le chocolat auquel on attribue des vertus aphrodisiaques, le parfum pour ses fragrances enivrantes et enfin les sous-vêtements « sexy », nul besoin de vous traduire le message envoyé à la dulcinée dans ce cas. Même inconvertie, j'ai toujours trouvé cela extrêmement choquant de voir des hommes offrir à leur compagne des sous-vêtements et je me suis toujours demandé à qui cela faisait le plus plaisir.


Cette fête réduit l'amour a son côté purement charnel, l'amour « éros » qui désigne l'attirance sexuelle. Elle renvoie à la débauche qui est l'usage excessif ou déréglé de tous les plaisirs charnels .


« Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure. Car Dieu jugera les débauchés et les adultères » (Hébreux 13: 4). Même au sein d'un couple marié il est nécessaire d'avoir la maîtrise de soi et de savoir ce qui est permis et ce qu'il ne l'est pas. « Mais les fruits de l'Esprit est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi » (Galates 5 : 22). Voir article Le chrétien et la sexualité.


tresor-promo-st-valentin-centre-commercial-auchan_560_273Comme au moment de Noël, une forte pression sociale et un matraquage publicitaire agressif s’exercent pour la Saint-Valentin. C’est à un tel point qu’à l’approche du 14 février, beaucoup dépriment de ne pas avoir un Valentin ou une Valentine. Quant à ceux qui ne célèbrent pas cette fête, on les culpabilise. Mais il ne faut pas se voiler la face, c’est d’avantage la fête du commerce que celle des amoureux.

AIMER SELON DIEU


En français, le terme amour est pauvre dans le sens où l'on peut tout aussi bien « aimer les vaches », qu' « aimer son mari ». Par contre, dans le grec ancien il se décompose en quatre groupes : eros, philia, agapé et storgê. Eros concerne l'amour physique. Philio renvoie d’avantage à l'amitié. Agapé définit quant à lui un amour désintéressé et divin, il a pour synonyme l'altruisme. Storgé concerne les sentiments familiaux, l'amour d'une mère ou d’un père pour ses enfants. L'amour dans le couple devrait être le même que celui de Christ envers l'Église, le même qu'il a eu pour le monde au point de se sacrifier pour lui. C'est l'amour agapé. « C’est ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme, s'aime lui-même» (Ephésiens 5: 28). En matière d'amour, un autre terme est utilisé pour caractériser les relations homme-femme au sein du couple: philéo. Donc en plus d'avoir un amour désintéressé et altruiste il faut aussi qu'il soit rempli d'une estime réciproque. On est bien loin de l’amour charnel et éphémère promu par les païens.


A vous de juger si les lupercales d’antan et l’actuelle Saint-Valentin cadrent avec les recommandations bibliques.


Estelle.

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