Les Dokimos



Les contes de fées: merveilleux ou diaboliques ?

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La formule « Il était une fois » est semblable à une porte qui, une fois franchie, permet de basculer dans un tout autre univers : celui des contes. Une fois plongé dans celui-ci, l'imaginaire va bon train : forêt magique, animaux qui parlent (loups, dragons, licornes…) personnages en tout genre : ogres, lutins, fées ... Il est intéressant de savoir que le terme « fée » vient du latin « fata », et désigne les parques, les divinités des enfers qui avaient le pouvoir de filer la destinée des hommes. Le plus souvent, c'est à l'aide de leur « baguette magique » qu'elles ont la capacité de récompenser, punir, protéger ou maudire les hommes. A l'origine, les contes s'inscrivaient dans la tradition orale et étaient destinés aux adultes. En effet, les familles modestes aimaient se retrouver autour du feu pour partager des moments de convivialité. C'était alors l'occasion de narrer des histoires toujours plus irréalistes les unes que les autres. Ces histoires se sont perpétuées de génération en génération, chacun y ajoutant sa touche personnelle. Au Moyen Age, les nobles se plaisaient à écouter les contes narrés par les artisans, les fermiers... Voilà comment le conte est entré dans l'aristocratie avec, bien évidemment, des personnages dignes de ce rang. Le premier conte de fées fut publié en 1690 : L'Ile de la félicité, par la baronne d'Aulnoy, Marie-Catherine Le Jumel de Barneville (1651-1705). C'est sous l'impulsion de plusieurs femmes bourgeoises que le conte s'orienta peu à peu vers des récits destinés aux enfants. En effet, au delà du divertissement, le conte apparaît comme un véritable instructeur apportant des valeurs, des morales, des conseils... A cette époque, les lectures de contes se multiplient dans les salons littéraires. Charles Perrault (1628-1703), « se rendit célèbre grâce à ses Contes : en faisant se rencontrer la tradition orale et l'écriture mondaine et lettrée, il permit au conte de devenir un genre littéraire à part entière ». Au travers de cet article, nous allons surtout nous intéresser aux contes de fées. Etant donné leur nombre considérable, nous ne nous focaliserons que sur certains d'entre eux. Nous verrons qu'au-delà de l'image, si bénéfique pour le développement de l'enfant, la plupart des histoires sont d’inspiration purement démoniaque.

CENDRILLON


L'industrie Disney a repris un certain nombre de contes afin de les adapter en dessins animés. Toutefois, de nombreuses modifications ont été apportées afin d'adoucir des histoires parfois insoutenables.

Version Grimm


La version proposée par les frères Jakob (1785-1863) et Wilhelm (1786-1859) Grimm dans Les contes de l'enfance et du foyer (1812) en est un parfait exemple.


Dès le début de l'histoire, le décor est planté. Une jeune fille perd sa mère et quelque temps plus tard son père se remarie. Elle devra alors affronter une famille cruelle. D'un côté, une belle mère et deux demi-sœurs qui lui feront endurer les pires calvaires possibles et inimaginables et de l'autre, un père totalement désintéressé par sa souffrance. Toutefois, Cendrillon obtiendra un secours pour le moins inattendu. Non pas celui d'un homme, non pas celui d'une femme, mais celui des oiseaux. Tout au long du récit, ces derniers apparaîtront comme des êtres dotés de pouvoirs magiques, veillant à la destinée prospère de la jeune femme.


contes de fées« Quand elle exprimait un souhait, le petit oiseau lui lançait à terre ce qu'elle avait souhaité ».


Lorsqu'elle eut besoin d'aide pour se rendre au bal qu'organisait le roi, elle réclama l'aide des volatiles qui l'aidèrent avec succès. Ce qui est étonnant, c'est qu'à aucun moment la jeune femme ne semble surprise de discuter avec des oiseaux et encore moins que ces derniers obéissent à tous ses souhaits.


Ainsi, nous pouvons donc établir un lien avec les dernières paroles prononcées par sa défunte mère : « Chère enfant, reste bonne et pieuse, et le bon Dieu t'aidera toujours, et moi, du haut du ciel, je te regarderai et te protégerai ».


La mère apparait alors comme celle qui veille et qui pourvoit aux besoins de sa fille. Sans oublier que l'un des principaux lieux du déroulement du conte est un cimetière où la jeune fille ne cessait d'aller pleurer et prier sa défunte mère. Aussi a-t-elle planté un arbre sur la tombe de cette dernière. C'est précisément à cet endroit qu'elle obtiendra, suite à une invocation, une robe qui lui vaudra d'attirer tous les regards dont celui du fils du roi. Etrange séduction ou coïncidence ?


« Lorsqu'il n'y eut plus personne à la maison, Cendrillon alla sous le noisetier planté sur la tombe de sa mère et cria : « Petit arbre, ébranle-toi, agite-toi, jette de l'or et de l'argent sur moi ». Alors l'oiseau lui lança une robe d'or et d'argent, ainsi que des pantoufles brodées de soie et d'argent ».


Nous connaissons la suite. La belle perdit une pantoufle et le fils du roi s’est mis en quête du pied de celle dont il était tombé amoureux. Amour ou envoutement ? Comment est-il possible qu'un homme tombe amoureux d'une femme à qui il a à peine parlé ? Nous pouvons nous interroger sur ses capacités mémorielles. Aurait-il oublié le visage de sa belle pour préférer rechercher un pied ? Il semblerait bien que oui car à deux reprises il était prêt à épouser d'autres femmes que Cendrillon.


La demi sœur aînée, suite aux recommandations de sa mère, se coupa l'orteil afin que son pied entre dans le soulier. Le prince la prit alors pour fiancée. C'est sur le chemin qu'il fut interpellé par des pigeons qui lui révélèrent qu'elle n'était pas la promise et que preuve en était par le sang qui inondait le soulier. C'est bien connu, l'amour rend aveugle. Nous imaginons donc qu'il sera à présent plus vigilant. Mais ce dernier se laissera de nouveau aveugler avec la sœur cadette. Cette dernière se coupa le bout du talon afin d'être choisie pour femme. Heureusement que la voix des pigeons se fit de nouveau entendre pour rappeler le jeune homme à la raison.


Le père, dans toute sa compassion, ne daignera même pas présenter sa fille : « Il n'y a plus que la fille de ma défunte femme, une misérable Cendrillon malpropre, c'est impossible qu'elle soit la fiancée que vous cherchez ». Toutefois, devant l'insistance du prince, il trouvera enfin celle à qui il était destiné (ou contraint par la magie). Mais le travail des oiseaux ne s’arrêta pas là. Leur ultime mission fut de rendre justice. « Tandis que les fiancés se rendaient à l’église, l’aînée marchait à leur droite et la cadette à leur gauche : alors les pigeons crevèrent un œil à chacune d'elles. Puis, quand ils s'en revinrent de l'église, l’aînée marchait à leur gauche et la cadette à leur droite : alors les pigeons crevèrent l'autre œil à chacune d'elles. Et c’est ainsi qu’en punition de leur méchanceté et de leur perfidie, elles furent aveugles pour le restant de leurs jours ».


Quelle belle leçon de fraternité !

Version des Abénaquis (peuple amérindien)


L'histoire de Cendrillon se rapproche de la légende d'Oochigeas. Dans un village vivaient trois sœurs orphelines : Oona, Abit et Oochigeas. Les deux aînées maltraitaient la cadette. Oochigea s'occupait de faire cuire l'argile et son visage et ses cheveux s'en trouvaient tout brûlés. Un jour, une femme se présenta au village. Elle cherchait un mari pour son frère Team. En réalité, la seule femme qui réussirait à le voir aurait le droit de devenir son épouse. En effet, Team avait le pouvoir d'être invisible aux yeux de tous, excepté ceux de sa sœur. Tous ceux qui rentraient en contact avec lui devenaient invisibles. Il semblerait qu'aucune femme n'ait été effrayée à l'idée d'épouser un esprit aux puissances manifestes. Les deux sœurs aînées se rendirent ensemble au tipi de la sœur de Team. Elles ne le virent point mais persistèrent dans des mensonges. Malheureusement pour elles, la vengeance ne se fit pas attendre. Le jeune homme invisible les maltraita physiquement et elles s'enfuirent accablées par la douleur. Quelle galanterie ! Ce fut Oochigea qui parvint à le voir. Le mariage dut donc être arrangé et rapidement. Mais la jeune femme s'inquiétait car son physique laissait quelque peu à désirer. Fort heureusement, sa future belle sœur lui prêta un peigne magique qui lui permit de faire repousser ses cheveux et qui guérit toutes les cicatrices de son visage. Le mariage put être célébré.

Version sénégalaise


Cette variante du célèbre conte est également bien explicite en matière de sorcellerie. L'histoire nous présente un mari polygame qui eut deux filles, chacune étant le fruit de ses deux mariages. Mais un jour, il perdit l’une de ses épouses. Il se retrouva alors sous le contrôle d'une véritable dictatrice qu'il craignait énormément. La condition de l'orpheline changea et elle dut effectuer toutes les corvées. Un jour d'ardente colère, la belle mère l'envoya laver une cuillère dans la mer qui se trouvait à deux jours de marche. Sur son parcours, Koumba parla avec un jujubier, à une marmite et enfin à une étrange vieille dame. Cette dernière n'avait qu'une jambe, qu'un bras, qu'un œil, qu'une oreille et qu'un doigt. Après avoir parlé à un arbre et à une marmite, comment avoir peur d'un être composé de moitié ? Ce qu'il faut retenir c'est que tout les trois lui proposèrent de la nourriture qu'elle mangea. Après tous ces passages initiatiques, la jeune fille devint en phase avec la vieille femme. Dans le silence, elle semble avoir le même langage. « La vieille femme lui remit alors un os blanchi, dégarni. Koumba ne dit rien, elle le prit et le mit dans la marmite qui s'emplit aussitôt de viande. Elle lui remit encore un grain de mil : Koumba le plaça dans un mortier. Elle pila, le mortier s'emplit de couscous. Elle le prit et le mit dans la marmite ; elles le mangèrent ». Après cela, nous apprenons que la vieille dame a pour enfants des animaux sauvages. Ensuite, elle invite l'orpheline à dormir sous le lit et lui donne deux aiguilles afin de se protéger d'eux. Avant que Koumba ne reprenne la route pour rentrer, la vieille dame lui laissa trois œufs qu'elle dut casser dans un ordre bien précis et desquels sortirent des choses étranges : des cavaliers armés, des lions et des panthères et des richesses. Il existerait même une suite dans laquelle sa sœur décida à son tour de se rendre chez la vieille dame. Toutefois, elle ne respecta aucune recommandation. Avant de partir, elle cassa les trois œufs en même temps, ce qui lui valut d'être tuée par les cavaliers puis dévorée par les fauves. Un oiseau ramassa son cœur et le rapporta à la maison, faisant ainsi la désolation de la mère. Quelle conclusion tirer de tout cela ?

LA BELLE AU BOIS DORMANT


Ce conte est certainement LA référence en matière de romantisme. Beaucoup de jeunes femmes espèrent en secret recevoir le doux baiser d'un prince monté sur un cheval blanc ... Oui, sauf que le texte original, bien loin de la version de Disney, nous présente une histoire bien moins romantique.la belle au bois dormant


L'histoire de la belle au bois dormant tire son origine de l'histoire « Le Soleil, la Lune et Thalie », un écrit remontant au 14ème siècle selon l'auteur Catherine Velay-Vallantin. Une fois de plus, l'intrigue est annoncée dès les premières lignes. Des devins et des savants prédirent que Thalie, fille d'un seigneur, serait un jour en grand péril. Non à cause d'une maladie, non à cause d'une arme, non à cause d'une chute mais en raison d'une dangereuse écharde de lin.


Lorsque l'écharde la piqua, après qu'elle eut fait rentrer une étrangère chez elle, la jeune fille tomba. Son père prit alors une décision étonnante, celle d'abandonner sa fille dans leur château de campagne. Alors qu'un roi qui chassait passait par là, il trouva la jeune fille et abusa d'elle avant de disparaître. Neuf mois s'écoulèrent et des jumeaux naquirent de cette « union ». Une fois le choc passé, vous vous demanderez surement « Comment est ce possible ? ». Tout simplement parce que deux fées étaient là et qu'elles ont certainement veillé à l'accouchement et ont pris le soin de mettre les enfants au sein.


Alors que l'un des enfants tétait le doigt de la maman toujours endormie, l'écharde sortit et la jeune femme se réveilla. Etonnée de se découvrir mère, elle assuma tout de même ses nouvelles responsabilités. Le roi, peut être pour réitérer son acte, se rendit au château et son bonheur fut immense de découvrir sa nouvelle famille. Enfin sa deuxième famille, parce qu'il était déjà marié… Loin du repentir, son cœur ne battait désormais que pour Thalie et pour ses enfants : Lune et Soleil. Lorsque l'épouse du roi apprit l'adultère dans lequel était son mari, elle fut terriblement en colère. Bien évidemment, elle ne choisit pas le dialogue mais préféra user de stratagèmes machiavéliques pour jouir d'une pleine vengeance. Elle mandata son secrétaire et son cuisinier pour qu'ils tuent Lune et Soleil et les fasse manger à son mari. Autrement dit des sacrifices humains. Voici où conduisent les profondeurs de la haine, à une perversion sans nom. Elle se délectait en voyant son mari manger, l'incitant à chaque bouchée. Heureusement, le cuisinier avait mis les enfants à l'abri et prépara à la place des animaux bien tendres. Mais la colère de la reine s'embrasa de nouveau contre son mari et elle voulut tuer Thalie.


« Quand elle fut arrivée, la reine lui montra une face de Néron et, de sa langue de vipère, lui dit :


- Soyez la bienvenue, madame Troccola. Tu es donc cette bonne pièce, cette mauvaise herbe qui possède mon mari ! Tu es cette chienne qui m’a mis la tête à l’envers. Va, tu es venue dans ton purgatoire, où je vais te rendre le mal que tu m’as fait ».


Insensible au repentir de Thalie, la sentence était décidée : le bûcher. Malheureusement ou heureusement, lorsque le roi s'en mêla et c'est la reine et son secrétaire qui terminèrent dessus. Bien vite consolé, le roi prit Thalie pour femme.


Je suis certaine qu'en lisant ce conte de nombreuses personnes ont pensé : « Ouf ! Le prince a pu vivre son bonheur avec Thalie. La méchante reine n'a eu que ce qu'elle méritait ! ». Arrêtons-nous simplement quelques secondes sur le comportement du prince. Il s’adonne à la nécromancie, entretient une relation adultère sans en éprouver aucun repentir et se retrouve coupable de deux meurtres. Alors lequel des deux est le plus coupable ?

LA PETITE SIRÈNE


C'est Hans Christian Andersen (1805-1875) qui écrivit ce conte en 1835. On ne donne que ce que l'on a. Ce qu'Andersen relate dans ce conte n'est pas fictif mais bel et bien réel. Il existe une vie sous la mer où des puissances démoniaques agissent. L'histoire nous présente une terre sous la mer. Nous y apprenons qu'il y règne un roi. Dans la mythologie héllénique, Poséidon est le dieu de la mer, de la navigation, des tempêtes mais aussi des tremblements de terre. Ses principaux attributs seraient le trident et le dauphin. L'histoire nous relate les péripéties de l'une de ses filles, une sirène, qui rêve de découvrir la beauté du monde hors de l'eau. Le Larousse nous explique que dans la mythologie, la sirène était un « démon marin femelle représenté sous forme d’oiseau ou de poisson avec tête et poitrine de femme et dont les chants séducteurs provoquaient des naufrages ». Quelle coïncidence! La petite sirène tombe amoureuse d'un homme dont le bateau a fait naufrage...


la petite sireneMais cet amour est impossible car les sirènes n'ont pas une âme éternelle. Toutefois, sa grand-mère lui expliquera que pour avoir accès à la vie éternelle, il y a une possibilité : celle de se marier avec un humain. Mais comment séduire un humain en ayant une queue de poisson? Là encore il y a une solution : passer un pacte avec la sorcière afin d'obtenir des jambes. La sorcière lui promit que son breuvage lui donnerait des jambes, tout en lui assurant que tous les hommes la trouveront irrésistiblement séduisante. « Ta forme ravissante, ta démarche ailée et le langage de tes yeux, c'est assez pour séduire un cœur d'homme».


Ici, le pouvoir de la séduction nous est clairement exposé. Pas besoin de paroles, seule l'attitude et ce qui s'en dégage serviront à faire tomber les hommes. Mais comme pour tout pacte, il y eut une contrepartie. Non seulement le fait d'avoir des jambes lui provoquerait une douleur incommensurable au quotidien mais elle devra aussi offrir sa voix en sacrifice. « Mais moi, il faut aussi me payer, dit la sorcière, et ce n'est pas peu de chose que je te demande. Tu as la plus jolie voix de toutes ici-bas et tu crois sans doute grâce à elle ensorceler ton prince, mais cette voix, il faut me la donner. Le meilleur de ce que tu possèdes, il me le faut pour mon précieux breuvage! Moi, j'y mets de mon sang afin qu'il soit coupant comme une lame à deux tranchants ». Nous avons ici un pacte scellé par le sang, « Car l'âme de la chair est dans le sang » (Lévitique 17: 11).


Toutefois, tous ces sortilèges ne suffirent pas à séduire le prince qui épousa une autre femme. La destinée de la sirène fut alors de devenir une écume de la mer.


Pour lui éviter cette mort, ses sœurs firent aussi un pacte. Elles offrirent leurs longs cheveux. Pourquoi les cheveux ? Les cheveux sont le symbole de la séduction. Dans la mythologie grecque, les représentations de déesses comme Vénus ou Aphrodite nous présentent des femmes nues enveloppées dans leur chevelure. C'est d'ailleurs de la sorte que le prince trouva la sirène la première fois qu'elle est apparue avec des jambes...


En contrepartie, la petite sirène devait poignarder le prince pour pouvoir retrouver sa queue de sirène. Elle ne put se résoudre à commettre ce crime et devint, par on ne sait quelle magie, un esprit de l'air. « Toi, pauvre petite sirène, tu as de tout cœur cherché le bien comme nous, tu as souffert et supporté de souffrir, tu t'es haussée jusqu'au monde des esprits de l'air, maintenant tu peux toi-même, par tes bonnes actions, te créer une âme immortelle dans trois cents ans ». Cela n'est pas sans nous rappeler un verset biblique : « Vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés, Dans lesquels vous avez vécu autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, qui est l'esprit qui agit maintenant dans les enfants de rébellion» (Ephésiens 2:1-2). Ainsi nous comprenons que cette sirène a régné dans les eaux, s'est incarnée sur la terre, pour finir par régner trois cent ans dans les airs...

LE PETIT CHAPERON ROUGE


Ce conte est l'un des plus connus. Toutefois, il en existe de nombreuses variantes comme nous allons le voir.

Version Achille Millien (1838-1927) : les contes de la mère-grand (1870)


ChaperonRouge.previewLe début du conte est très similaire à la version originale de Perrault mais la suite du récit est quelque peu stupéfiante. Le loup, après avoir tué la grand-mère, la fit cuire et récupéra son sang dans une bouteille. Il invita ensuite la petite fille à déguster et à boire. Elle le fit sans se douter un seul instant qu'il s'agissait de sa propre grand-mère. Ce passage met clairement en avant la sorcellerie et l'envoutement dont la jeune fille est victime. Sentiment qui se confirmera par la suite. En effet, après avoir bien mangé, il l'invita dans le lit. Mais pas n'importe comment. Elle du s'y rendre nue après avoir jeté ses habits dans le feu ! Ne serait-ce pas une incitation à la zoophilie ? Ce qui est étrange c'est qu'à aucun moment la jeune fille ne semble se poser de questions. Elle accepte toutes les exigences du loup sans aucune peur. Pourtant, sans vraiment savoir pourquoi, à la fin du récit elle réussit à s'enfuir et à rentrer chez elle. Malgré sa naïveté, elle sut faire preuve de ruse pour s'en sortir. Il est bien difficile d'en tirer une quelconque morale...


Cette histoire n'est pas sans nous rappeler la version de Nanette Lévesque (1803-1880) : La fille et le loup (1874). Dans le même esprit, la fillette mangera, non pas sa grand-mère, mais sa propre mère. Après quoi le loup l'invitera au plus près de lui : « Viens te coucher ma petite. Viens te coucher. Tu as assez mangé ma petite, à présent et bien viens te coucher à ras moi. J'ai froid aux pieds tu me réchaufferas ». Après quoi il la mangea.

Version M. Légot (1885)


Ici, il n'est nullement question d'un loup mais d'un homme. Nous pouvons donc parler de pédophilie et de cannibalisme. Après avoir tué la grand-mère, l'homme voulut s'en prendre à Jeannette. Il voulut que la petite cuisine et mange le sang de sa grand-mère. C'est après avoir été avertie par des oiseaux que la petite déclina la proposition. Peu importe, l'homme l'invita dans son lit. Loin d'être apeurée, et bien malicieuse, elle s'échappera. Bien que d'apparence naïve, c'est pourtant l'homme qui se retrouva pris au piège. En effet, en poursuivant la jeune fille, il se noiera, laissant ainsi la vie sauve à Jeannette.

BARBE BLEUE


Je ne pouvais pas écrire cet article sans aborder l'histoire de Barbe Bleue. En effet, ce conte a marqué mon enfance de par son agressivité, sa cruauté et ses illustrations insoutenables. Cela montre bien l'impact que peuvent avoir ce que beaucoup considèrent comme de simples histoires... Et oui, les contes peuvent aussi faire cauchemarder !


barbe bleueBarbe bleue, bien que riche, ne réussissait pas à trouver une épouse. La laideur que lui procurait sa barbe de couleur bleue en était la raison. Pourtant, il réussit à séduire, sous une apparence d'homme agréable, sa voisine avec qui il se maria. Mais chassez le naturel et il revient au galop. Alors qu'il allait s'absenter, il interdit l'accès d'une petite pièce à sa femme. Nous pourrons donc nous interroger : pourquoi lui a-t-il laissé la clef ? Derrière cette fameuse porte, se trouvaient les corps de toutes les épouses qu'il avait eues et à qui il avait donné la mort.


Au moment où la femme avoue sa désobéissance, le conte nous présente alors un homme métamorphosé. Barbe bleue le sanguinaire qui crie à faire trembler les murs, qui fait preuve de cruauté, et manifeste un empressement à l'idée de tuer. Loin du repentir, il n'aura aucune peine à vouloir faire de sa nouvelle femme, sa prochaine victime.


Elle fut sauvée in extremis par ses frères qui tuèrent Barbe bleue.


Cette histoire, bien que cruelle, aurait puisé son inspiration d'une histoire vraie. Celle du roi d'Angleterre Henri VIII (1491-1547). Son frère Arthur, héritier direct, mourut quelques mois après son mariage avec Catherine d'Aragon (1485-1536), tante de Charles Quint (1500-1558). Henri prit donc le relais et devient également le nouveau mari de celle qui était au préalable sa belle-sœur. En vingt ans de mariage, il n'aura qu'une fille avec elle. Henri commença donc à s'interroger sur la fiabilité de cette union.


Entre temps, il s'éprit d'amour pour Anne Boleyn (1500-1536). Cette dernière n'attendait toutefois qu'une chose : devenir officiellement sa femme ! Mais cette union apparaissait comme impossible au vu de son mariage avec Catherine. L'ecclésiaste Thomas Cranmer (1489-1556) lui proposa donc de devenir le chef de l'Eglise Anglicane qui donne la possibilité de se marier et d'avoir des enfants. Il put ainsi épouser Anne. Pourtant, la belle avait bien caché son jeu et se révéla être une épouse étouffante et colérique... Il aura avec elle une fille. Suite à des accusations de trahison, d’adultère et enfin d’inceste avec son frère, il fit décapiter Anne.


Une semaine après, il épousa Jane Seymour (1508-1537). Elle lui donnera le fils tant espéré : Edouard VI (1537-1553). Toutefois, la nouvelle épouse mourra d'une fièvre peu après l'accouchement. Par la suite, il envoya ses émissaires afin de lui trouver une épouse. Le peintre Hans Holbein (1497-1543) eut la charge de peindre des jeunes femmes afin de l'aider dans son choix. Il choisira Anne de Clèves (1515-1557) mais il se lassera bien vite de cette épouse. Au bout de six mois, il l'enverra vivre à Richmond et annulera son mariage.


Il épousera ensuite Catherine Howard (~ 1520-1542) alors âgée de dix huit ans. Elle fut rendue coupable d'adultères. Ses erreurs de parcours lui valurent, malgré ses aveux, la décapitation. Enfin, il épousera Catherine Parr (1512-1548). Elle s'avéra être une épouse aimante et attentionnée malgré la folie qui gagna peu à peu son mari devenu impotent. A la fin de sa vie, il fit couper les têtes de bon nombre de personnes dont certaines de sa propre famille.

QUE DIT LA BIBLE ?


Ces quelques histoires sont totalement empreintes de sorcellerie. Pactes sataniques, sacrifices humains, envoutements, séductions... Voilà ce que de nombreux parents lisent à leurs enfants le soir, croyant ainsi les aider à trouver un sommeil doux et léger. Or c’est tout le contraire qui se passe. Ces histoires se révèlent être des portes d'entrée dans les rêves de vos enfants et des semences d'une immoralité profonde.


« Mais pour les timides, les incrédules, les exécrables, les meurtriers, les fornicateurs, les empoisonneurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l'étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort» Apocalypse 21:8.


« Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront point le royaume de Dieu? Ne vous abusez point: ni les impurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les abominables, ni les larrons, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les ravisseurs, n'hériteront point le royaume de Dieu» 1 Corinthiens 6:9.


Les contes sont censés inculquer des valeurs morales à nos enfants, que pensez-vous que ce genre de contes véhiculent comme message ? Nos enfants n'ont pas besoin d'entendre des histoires inspirées par les démons. Nos enfants ont besoin d'entendre la Parole de Dieu. Ils ont besoin qu'on leur communique la vie et non la mort.


« Tu aimeras donc l'Eternel ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toutes tes forces; Et ces commandements que je te prescris aujourd'hui, seront dans ton cœur; Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu te tiendras dans ta maison, quand tu te mettras en chemin, quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras » Deutéronome 6: 5-7.


Certes, toutes les histoires ne sont pas mauvaises. Malheureusement, la grande majorité le sont. Il est important que les parents lisent préalablement les histoires avant de les raconter à leur enfant. Parents, soyons vigilants!


De plus, il existe une autre solution. Pourquoi ne pas laisser place à votre imagination? Votre enfant sera ravi de vous écouter raconter une histoire que vous avec concoctée spécialement pour lui. Vous pourrez ainsi lui donner des enseignements et des messages sains et sécurisants qui lui permettront de s’endormir en paix.


* Les versets sont issus de la version Ostervald (1877)


Pour approfondir le sujet : Laissez venir à moi les petits enfants


Jennifer.


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7 commentaires
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7 commentaires

  • kevin   
    17 Janvier 2014 16:52

    J'en profite pour poser une question. Quand on craint Dieu est qu'on fait l'erreur par ignorance de regarder ce genre de dessin animé avec ses enfants, on ne va pas en enfer pour ça?

    Répondre
    • redaction  modérateur  
      17 Janvier 2014 22:14

      Bonjour Kevin,

      Bien sur que non puisque Dieu ne tient pas compte du temps d'ignorance (Actes 17:30).

      Répondre
  • Guylène   
    17 Janvier 2014 17:45

    Quand j'étais petite, j'avais toute la collection de ces contes et le pire c'est que j'y croyais dur comme fer. Quand mes enfants étaient petits, je leur en avait acheté quelques-uns, quelle belle erreur !! Quelques temps plus tard, j'ai appris ce qui se cachait derrière l'industrie de Walt Disney et là je me suis rendu compte que ces contes étaient loin d'être si innocent qu'ils y paraissent. Merci pour ce bel article et que Dieu vous bénisse richement !

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  • sister en Christ   
    18 Janvier 2014 07:47

    Ca fait froid dans le dos quand même!!! Merci de nous ouvrir les yeux sur les pièges de l'ennemi.

    Répondre
  • Sarah   
    18 Janvier 2014 09:08

    Un article très intéressant. Nous faisons trop souvent des choses sans en connaitre l'origine et le sens qu'elles peuvent revêtir. Sans être totalement parano, à nous d'être vigilant.

    Répondre
  • Truth   
    21 Janvier 2014 17:18

    Que Dieu soit glorifie et beni pour cet article qu'Il t'a donne Jennifer! Depuis qu'on ne fete plus Noel chez moi, on a aussi decortique les contes de fee, les dessins animes et ainsi on a decouvert cette verite que tu exposes. Et en plus d'etre dangereux, ces dessins animes sont remplis de messages subliminaux pervers que meme les paiens decortiquent.
    http://www.youtube.com/watch?v=p2fdMjN8XEU
    Ce message libere des chaine du diable mais que beaucoup ne veulent pas accepter car ils comptent les couts: arreter de regarder les dessins animes?? Que faire avec les enfants et les livres/DVDs qu'on a achete?? Pour moi ce fut une vrai bataille. Heureusement que le Seigneur ne prend pas compte des temps d'ignorance!!

    Répondre
  • Grégory   
    22 Janvier 2014 11:20

    amen pour cet enseignement.
    la petite sirène = sirène des eaux. n'osons même pas imaginer la signification de blanche-neige, etc...
    que le Seigneur nous aide

    Répondre