Alain : Porté par la grâce de Jésus

Mon premier berceau ? Une boite à chaussures. Je suis né en mai 1953, prématuré de six mois et demi avec un poids de 850 grammes. En plein mois de mai, il a fallu que l’on monte le chauffage dans la maison à 38 degrés et qu’on me retourne toutes les 15 minutes dans ma boite à chaussures remplie d'ouate afin que mon petit corps ne se déforme pas. Tout le monde s'attendait à ma mort, mais comme Dieu avait déjà sa main sur moi, il ne l'a pas permis.

Ma mère était alcoolique, cela l’a rendue malade et c’est ce qui a causé sa mort à l’âge de vingt-sept ans. Je n’avais alors que quatre ans. Quant à mon père, il était dépressif. N’ayant pas le courage de se suicider, il s’était engagé à l’armée avec l’espoir d’être tué au combat. Il est finalement rentré à la maison, blessé mais bien vivant. Etant devenu lui-même alcoolique, il me battait beaucoup. Quand il le faisait, il m’interdisait de pleurer, ce qui m’a causé des blocages et énormément de souffrance.

J'ai été élevé par des membres de ma famille qui était catholique, en particulier par deux tantes qui étaient en contact avec une autre tante, voyante de son état. Le Seigneur veillait cependant sur moi, aussi il m’a fait échapper plusieurs fois à une mort certaine. J'ai grandi dans la souffrance, angoissé, malheureux, renfermé sur moi-même. Mes premières fugues de la maison ont commencé à l’âge de huit ans. Je suis alors tombé dans une vie de péché faite de délinquance, d’alcoolisme, d’homosexualité, et même un passage par la case prison. J’étais en avance de vingt ans sur les délinquants de l'époque.

Puis, alors que j’étais encore très jeune, s’en est suivi un mariage duquel sont nés deux enfants. Mais mon manque de maturité et mes problèmes d'alcoolisme ont fait que cette union s’est soldée par un divorce. Mon épouse s'est très vite remariée et a eu d'autres enfants.

Après de nombreux accidents, début 1979 le Seigneur m'a « arrêté » au volant de ma voiture, ivre mort, sans permis ni assurance. J’ai atterri contre un arbre mais je m'en suis sorti miraculeusement avec une paralysie totale et définitive de tout le membre supérieur droit.

Environ dix ans après mon divorce, je suis devenu chrétien. Comme beaucoup de délinquants je souffrais d'un cruel manque d'amour. Cet amour dont j’avais tant besoin, une seule personne a été en mesure de me l'apporter : Jésus. Je faisais partie des choses viles, faibles et méprisables, et Jésus m'a sorti de la boue. Il m'a lavé, purifié, soigné. Je sais qu'il m'aime beaucoup. Je voudrais dire à tous que quel que soit notre passé, il n'y a aucun péché que Jésus dans son amour ne puisse pas pardonner.

J’ai par la suite intégré une église méthodiste où j’ai rencontré une femme, Monique. Elle avait aussi vécu de son coté des choses difficiles. Comme moi, elle était également divorcée. Le pasteur m'a dit selon 1 Corinthiens 5 :17 que j’étais devenu une nouvelle créature en Christ, que les choses anciennes étaient passées et que Dieu ne tenant pas compte des temps d'ignorance, nous étions libres de nous remarier. Monique, qui était beaucoup plus mure que moi spirituellement, m’a beaucoup aidé. Elle a été un réel soutien et une aide précieuse. Nous étions à fond dans les activités de l'église car une soif du Seigneur remplissait notre cœur malgré notre manque de connaissance. Nous faisions du porte à porte et le samedi nous tenions un stand biblique devant le supermarché du coin. Nous étions si impliqués dans nos activités que nos enfants étaient jaloux de notre Jésus. Je dois avouer que nous avons essayé de les convertir à coups de versets bibliques ce qui les a éloignés de nous au lieu de nous rapprocher. Malgré cela, nous voulions la vérité, et quand nous disions au pasteur que telle ou telle chose dans l'église ne correspondait pas à ce qu’enseigne la Bible, nous étions mis à l'écart. Alors nous partions. Si au début une nouvelle église nous paraissait bien, au bout d'un moment nous remarquions qu'elle était à côté de la plaque. Malgré cela, le Seigneur nous a toujours consolés, soutenus, encouragés.

Un jour, Jésus nous a montré que les assemblées étaient œcuméniques et que les dirigeants évangéliques étaient en contact avec les autres religions sans en informer les chrétiens. Nous avons donc décidé de ne plus prier dans ces églises. Un chrétien nous a ensuite emmenés dans une église « libre » Africaine. Et là, malheureusement, nous avons confondu la louange avec l'onction du Saint-Esprit. C’était si magnifique ces Africains qui chantaient et dansaient devant Dieu. C'était si beau comparé à nos églises de « blancs » où nous avions l’impression d’être dans un cimetière. Nous sommes alors tombés à fond dans les fausses doctrines : la dîme, les offrandes… Le pasteur disait que Dieu allait nous donner dix fois plus que nos offrandes, alors je calculais combien Dieu devait me donner… Pour que je ne parte pas, le pasteur m'a nommé Modérateur puis Directeur de convention. Nous nous sommes même portés caution pour l'église, ce qui m’a très vite amené au tribunal pour m’obliger à payer les dettes.

En 2007 je crois, mon épouse a découvert Radio2vie. Je me souviens que nous nous sommes réjouis quand la Radio a atteint 300 auditeurs... Et là, le Seigneur nous a ouvert les yeux. A chaque fois que le prédicateur dénonçait une fausse doctrine, nous ne pouvions que dire « Amen » car nous étions tombés dans tous les pièges qui étaient dénoncés. Plus nous écoutions Radio2vie, plus nous étions délivrés. Peu à peu nous sommes entrés dans une œuvre de sanctification. Chaque jour Yehoshua accomplissait son œuvre d'émondage et de purification. Même si j'ai commis beaucoup de fautes, le Seigneur est toujours resté fidèle. L'éternité ne suffira pas pour lui manifester ma reconnaissance.

En 2011 j'ai été opéré d'une tumeur bénigne dans l'oreille. Porté par les prières des frères et sœurs et par la grâce du Seigneur, je suis entré à l'hôpital en chantant et j’en suis ressorti de la même manière et sans douleurs.

En 2012 mon épouse a eu de graves problèmes de santé. Elle a été opérée pour un cancer du foie et des voies biliaires avec ablation de 40 % du foie. Il faut dire que ce cancer rare touche six cent personnes en France chaque année, et seulement 40 personnes restent en vie plus de quelques mois. Après quatre ans sans problèmes, la rechute a été sévère. Elle a été hospitalisée début février et elle est décédée fin juillet. Là encore ce n'est que la grâce de Dieu qui m'a tenu debout car j'étais avec elle chaque jour d’environ 13h30 à 20h00. J'ai énormément souffert de la voir souffrir jour après jour. Par exemple, comme cette maladie empêche les intestins de fonctionner, on rend les urines et les excréments par la bouche. J'ai vu tellement de souffrance dans ces hôpitaux… Je pense que le Seigneur a voulu m'enseigner la compassion et la patience. C'est vraiment horrible de voir ces âmes sans espérance qui n’ont rien à quoi se raccrocher et qui se voient mourir à petit feu. Oui, vraiment, je pleure pour ces âmes perdues.

Mon épouse a été un témoignage pour tous. Tant qu'elle en a eu la force, elle a témoigné de Jésus à tout le personnel des hôpitaux et aux malades. Presque tous les jours elle me disait : « Ramène-moi des évangiles car j'ai tout distribué. » Tous ou presque tous (chirurgiens, médecins, infirmières etc.) ont été évangélisés par elle. Un jour elle a dit à l'infirmière venue lui poser les perfusions : « Savez-vous pourquoi je suis ici à l'hôpital ? Et bien c'est pour vous parler de Jésus, pour que vous soyez sauvée, car Jésus vous aime et ne veut pas que vous alliez en enfer ». Mon épouse était vraiment une femme de foi, elle croyait ce que d'autres n'arrivaient pas à croire. Au travers d'elle le Seigneur a béni de nombreuses personnes.

Je dois dire que le Seigneur m'a averti et préparé à son départ de plusieurs manières. Environ six mois avant son hospitalisation, en particulier le dimanche 6 mars à 2 heures du matin, le Seigneur m'a clairement dit qu'il allait la reprendre. De plus, les médecins nous ont dit dès le début, mais de manière « douce », que mon épouse allait partir. Ils disaient par exemple : « vous ne guérirez pas de votre maladie ». Mais malgré tous ces avertissements nous avons cru jusqu'au bout que Dieu était puissant pour la guérir tout en priant que sa volonté parfaite s'accomplisse.

Je me suis humilié pour mes périodes de désespoir et même de révolte envers le Seigneur pendant cette épreuve très douloureuse. Au début je demandais au Seigneur comment j’allais faire pour vivre sans elle. A la fin je priais le Seigneur qu'elle puisse partir rapidement, sans souffrir, ce qu'il m'a accordé. Elle s'est endormie sans s'en rendre compte, elle est partie pendant son sommeil. A présent je sais que mon épouse est dans un lieu de repos, dans la présence du Seigneur et que la couronne de vie lui est réservée. Quant à moi, je continue ma route avec le Seigneur. Je sais que cette épreuve a été une formation et a marqué le début d’un nouveau départ avec le Seigneur. Je sais qu’il m’indiquera la marche à suivre.

Que Dieu vous bénisse.