Les Dokimos



À Jérusalem, le chaos et la rage sur l’esplanade des mosquées

Des affrontements ont éclaté lorsque la police a investi le lieu saint. Des salves de roquettes tirées depuis la bande de Gaza ont visé Israël en fin de journée.

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Le ballet des voiturettes de secours est incessant. Elles extraient les blessés de l’esplanade des Mosquées pour les transporter sur un court trajet à travers une ruelle de la Vieille Ville de Jérusalem jusqu’aux ambulances stationnées devant la porte des Lions. Des brancardiers participent à l’opération au pas de course tant le nombre de victimes est important. Allongé sur sa civière, un Palestinien lève le doigt en signe de foi. La plupart grimacent ou sont en état de choc. Des incidents éclatent lorsque des blessés cachent leur visage afin d’empêcher les policiers de les photographier pour les identifier. Une partie d’entre eux sont touchés à la face ou aux yeux. Les gardes-frontières tirent des grenades lacrymogènes dans les pieds du personnel médical palestinien et des journalistes présents devant l’entrée principale du troisième lieu saint de l’islam, que les juifs appellent mont du Temple.

Les forces de l’ordre israéliennes procèdent dans la violence à l’évacuation des fidèles. Certains, plus âgés, portent des tuniques. Beaucoup sont des chebab (jeunes). Des groupes d’expulsés sont pris en chasse. Les rares rebelles sont vite matés. Ils sont collés contre un mur les mains en l’air. Des femmes effrayées se recroquevillent dans un coin, le temps de laisser passer l’orage. Des renforts policiers alimentent en lots de grenades assourdissantes les premières lignes. Du haut de son minaret, un muezzin hurle des imprécations. Il dénonce «l’agression contre al-Aqsa». Des «Allah Akbar» fusent. La cause sacrée d’al-Qods, Jérusalem en arabe, est de retour et avec elle la résistance palestinienne. C’est la deuxième fois en moins de 72 heures que les forces de sécurité prennent d’assaut la place. Vendredi, ils étaient intervenus sans ménagement pour déloger des fidèles qui manifestaient à coups de jets de projectiles leur soutien aux résidents palestiniens du quartier de Cheikh Jarrah menacés d’une expulsion de leur domicile au profit de colons.

Une bataille rangée

Durant la nuit, les défenseurs de l’Esplanade s’étaient préparés à la bataille. Ils entendaient s’opposer à l’arrivée annoncée sur le lieu de culte des pèlerins juifs qui célèbrent, comme chaque année, la prise de Jérusalem-Est durant la guerre des Six-Jours par une marche dans la Vieille Ville. Le gouvernement du premier ministre, Benyamin Netanyahou, avait donné son accord pour que des manifestants israéliens puissent venir prier sur le site qu’ils appellent le mont du Temple, un espace qu’ils revendiquent. Contre l’avis du Shin Beth, le service de sécurité intérieur, et de l’armée qui craignait une crise sécuritaire en Cisjordanie et une escalade armée avec le Hamas et Djihad islamique à Gaza.

Les Palestiniens et les Arabes israéliens venus des villes à forte communauté arabe du pays avaient amassé des tas de grosses pierres et barricadé avec des tables et des bancs les portes de la mosquée al-Aqsa. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, s’était joint au mouvement. Il avait appelé ses sympathisants vivant en Israël à occuper les lieux saints jusqu’à la fin du Ramadan. Le drapeau des islamo-nationalistes flottait sur une hauteur.

Depuis le début du Ramadan, la ville occupée depuis 1967 est en effervescence. Des affrontements sporadiques éclatent après la rupture du jeûne. La fermeture au public de la place de la porte de Damas, lieu de rencontre et de flânerie les nuits du mois sacré, a servi de détonateur. De guerre lasse, la police est revenue sur sa décision. Les chebab, ces jeunes manifestants ont célébré leur victoire mais les heurts ont repris. La police intervenait dès qu’ils brandissaient des drapeaux palestiniens et à Cheikh Jarrah, la protestation contre le projet d’éviction d’habitants suspendu à une décision de la Cour suprême a pris de l’ampleur.

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