L’infirmière Viviane Kouimi Wanji travaillait au guichet d’accès en santé mentale du CLSC du Lac-Saint-Louis au moment des gestes et des propos reprochés, qui remontent au printemps 2018, entre les mois de mars et mai.
Patiente du CLSC depuis plusieurs années, une personne transgenre dont le processus pour devenir un homme est avancé rencontre l’infirmière parce qu’elle éprouve des problèmes d’anxiété, rapporte-t-on dans la décision du conseil de discipline de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) rendue le mois dernier.
«Client sous le choc»
Lors de sa rencontre avec l’intimée, celle-ci aborde rapidement la question de l’homosexualité et de la religion, affirmant alors que si elle n’est pas encore devenue un homme, «c’est un signe de Dieu», et qu’elle sera en mesure de «l’aider à rester une femme».
«Le client A est vraiment sous le choc puisque ce n’est pas du tout le but de la rencontre, il cherche tout simplement à obtenir de l’aide pour son anxiété et non pas pour le processus de changement de sexe. L’intimée poursuit la rencontre et insiste pour indiquer au client A que c’est son devoir de lui parler de Dieu, puisqu’elle est porteuse de la parole de Dieu», relate le conseil de discipline de l’OIIQ.
L’infirmière lui dira ensuite que «c’est Dieu qui allait décider de sa conduite et s’il devait aller en enfer ou pas».
«God make you who you are, a woman, you have to be happy with it», lui lancera-t-elle aussi avant de lui raconter des situations où Dieu a «guéri» des homosexuels, d’insister sur les bienfaits de la prière et de lui proposer une rencontre avec un pasteur.
«Le client A se sent très inconfortable et est de plus en plus mal à l’aise. La conversation prend fin et l’intimée l’invite à nouveau à prier pour l’aider dans sa démarche. En quittant, l’intimée invite le client A à ne parler à personne des échanges qu’ils ont eus et lui remet une carte avec ses coordonnées ainsi que celle du pasteur», précise-t-on dans la décision.
Venu chercher de l’aide, le patient sort «troublé», «déconcerté», «choqué», «ébranlé» et «bouleversé» par la rencontre, écrit le conseil de discipline. «Il veut cesser tout suivi. Il a peur et ne souhaite plus rencontrer l’intimée, il craint même de la croiser dans un endroit public.»
Le patient entreprendra par la suite des démarches pour porter plainte contre l’infirmière.
Toujours au printemps 2018, une autre patiente ayant vécu un deuil et des dépressions rencontre Viviane Kouimi Wanji. Rapidement, la question de la religion est abordée par l’infirmière, qui invite la patiente à prier alors que celle-ci «lui avait expressément mentionné qu’elle était athée».
«L’intimée continue quand même dans le même sens et lui parle alors des anges qui viennent nous visiter», puis l’invite à écouter des chants gospel afin de mieux contrôler son anxiété, rapporte le conseil de discipline. Là aussi, la patiente, mal à l’aise avec l’approche de l’infirmière, portera la situation à l’attention du CLSC.
Viviane Kouimi Wanji récidive avec une troisième patiente venue consulter pour bénéficier d’une thérapie. Au cours de la rencontre, la patiente parle de son orientation sexuelle, «et c’est à ce moment que l’intimée lui parle de Dieu et du fait qu’elle pourrait se retrouver en enfer».
L’infirmière lui dit également que «Dieu veut qu’elle aime un homme et qu’elle ait des enfants». La teneur de cette rencontre sera également signalée au CLSC par la patiente.
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